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18 mai 2024

18 jours après la finale de la Coupe du monde de football 2010 les esprits apaisés analysent les faits

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jpg_jpg_foot-2010-2.jpgOn ne reviendra pas sur la campagne d’Afrique du Sud de l’équipe de France qui, dans sa dramatique évolution, aura marqué la memoire des sportifs et amateurs du ballon rond.
Un important collège de medecins soignants s’est immédiatement porté au secours du grand malade.
En tête, le Président de la République qui a convoqué les Etats Généraux du football français ! Pourquoi ? Jouer le ròle du ‘Prince’ de Machiavel et formuler une stratégie pour le futur ? Faire une démonstration de « chobizenesse » gouvernemental comme dans le film de Jean Yann ? La question (oh combien complèxe) demande une approche plus sobre et sérieuse à l’instar de certains membres du gouvernement.

La Ministre de tutelle Roselyne Bachelot qui, forte du succès de sa technique de gestion dans l’affaire de la pandémie, s’est attribuée un ròle de tante-infirmiére en alternant son diagnostic sur les joueurs… ‘ils m’ont applaudi et ils ont pleurés’ (et 48 heures plus tard) ‘c’était des voyous commandés par des caids’.

Rama Yade Secrétaire d’État chargée des sports de son côté, toujours en quête de reportages télés et photos, a reduit le sens d’appartenance des joueurs au maillot de l’équipe de France au fait de bien chanter (haut et fort!) la Marseillaise : on aura une chorale sur le terrain ?

Les instances sportives se cherchent

Sans oublier le Président de la Fédération Française de Football (FFF) qui, après 50 ans d’activité en tant que dirigeant et 5 ans de fonction présidentielle, decouvre que celui ce n’est pas ou plus son monde ?

Enfin, les différents ‘barons’ fédéraux qui, en prenant le temps nécessaire pour une nouvelle élection des istances fédérales, pourront oeuvrer pour mettre en place les ententes nécessaires pour que ‘tout change et pour que rien ne change’ (cf le Prince de Salina dans le « Guépard »). La modification plus évidente sera celle d’émettre une limite au nombre des mandats électoraux de manière à favoriser le renouvellement des personnes dans les mêmes fonctions.

N’oublions pas le président de la Ligue de Football Professionnel (LFP) qui, élu au Conseil de la FFF depuis 1992 (…juste 18 ans !) se decouvre soudain une âme reformiste et declare ‘urbi et orbi’ avec cadence quotidienne que tout doit être remis en cause.

Voilà pourquoi l’avenir du football français et notamment des Bleus risque de se reduire à l’habituelle ‘invocatio nominis’ qui cette fois-ci s’appelle « Saint-Laurent », patronyme divin du nouveau seléctionneur national.
En effet, ce seront les prochains résultats de l’équipe de France qui feront ou non que l’incendie de cette Coupe du Monde (résultats et comportements annexes) puisse s’éteindre et être classé dans les archives à la voix ‘souvenirs négatifs’.

Mais si on veut vraiment comprendre les raisons de ce qui s’est passé et analyser correctement les deux mondes du football, celui français et son homologue espagnol, on comprendrait aisement que les résultats obtenus par les uns et les autres à la Coupe du Monde 2010 viennent de loin…

L’équipe espagnole et la force de son entraîneur Vicente Del Bosque

En effet il faut se dire que l’équipe d’Espagne a basé sa force sur un entraineur-sélectionneur, le plaisible et expérimenté Vicente Del Bosque qui a su faire l’amalgame entre les joueurs des deux clubs historiquement rivaux (FC Barcelone et Real Madrid). Il intégra dans le block azul-grana (y compris l’avant-centre Villa neo-barcelonais et le milieu Fabregas qui le deviendra probablement), celui qui en ce moment produit le meilleur jeu. Des éléments du plus haut niveau technique et tactique sont également entrés en jeu dont quelques pointures madrilènes (le portier et capitaine Casillas en premier lieu) et d’autres tels que les arrières madriniste Sergio Ramos et de la Coruna, Capdevilla, plus quelques remplaçants.
Seul l’adalantero Torres (l’un des deux expatriés dans la Premier League) manqua le rendez-vous de ce tournoi, lui qui fut pourtant décisif dans la victoire du Championnat d’Europe en 2008.

Une politique de formation qui se donne les moyens en Espagne

Pourquoi la sélection espagnole peut compter sur des joueurs de grande qualité tels Xavi, Iniesta, voire Pujol alors que d’autres comme Piqué, Busquets, Pedro s’annoncent comme la prochaine relève ?
Il y a-t-il un secret pour expliquer cela ?
La réponse est simple : la politique de détection-formation de la ‘cantera de la Casa Màsa’, le centre de formation du FCB, ou des centaines des jeunes issus principalment des clubs régionaux vont à l’école et sont formés pour devenir des futurs ‘pros’.
Mais au délà du programme (tous les clubs vous parlent de la formation!), le FCB a mis aussi les moyens financiers qui ont engendré la dynamique d’organisation nécessaire: 15 millions d’euros par ans.
Qui peut en dire autant en France ?

En réalité c’est le systéme économique du football français qui est fragile par rapport au système espagnol.
Les clubs d’abord, où face à des « super-cuirassés » tel que le FC Barcelone et le Real Madrid on retrouve des clubs de taille moyenne comme l’Olympique Lyonnais ou Olympique Marseille, intégrés au gré des saisons par les Girondins de Bordeaux ou le PSG.
Ce qui permet ou oblige aux stars françaises de prendre la voie de l’exil pour monnayer leurs talents et espérer atteindre une notoriété internationale.
Combien de joueurs espagnols de l’équipe championne du monde jouaient à l’étranger et combiens de joueurs français ?
Une réponse est peut étre là, même si elle n’est pas la seule.

Mais le diagnostic est encore plus intéressant et malheureusement accablant si on regarde les ‘key-numbers’ du rapport Deloitte 2009 qui analsye et met en comparaison les 5 Ligues Professionnelles européennes les plus importantes (Allemagne, Angleterre, Italie, Espagne et France).

Une comparaison en quelques chiffres

Voici quelques comparaisons entre l’Espagne et la France :

Chiffre d’affaire (saison 2007-8) :
– Espagne 1,438 Millions d’euros
– France 989 000 €
Droits de télé :
Espagne : 40%
France 56%
Recette au stade (ticketing+autres) :
Espagne : 28%
France : 14%
Sponsoring&marketing
Espagne 32%
France 30%

Coût du travail par rapport au c.a.: Espagne 63% / Farance 71%

Si on vient aux clubs phares de chaque Ligue (classement des 20 premiers):

chiffre d’affaires (2008-2009):
Real Madrid (1er): 401 Millions d’euros; FCB (2): 365,9; OL (13) 139,6; OM (14) 133,2 dont droits de télé: RM 40%, FCB 43%, OL 49%, OM 49%. Recette au stade: RM 25%, FCB 26%, OL 16%, OM 19% et sponsoring&marketing: RM 35%, FCB 31%, OL 35%, OM 32%

Et si l’on ajoute à cela le benchmarking concernant les charges sociales et fiscales pour les joueurs étrangers (qui dans la plupart des cas sont tout de même des joueurs de passeport communataire) on peut constater la différence enorme en terme de coût par rapport au même salaire net (ex: 2 millions d’euros net) due à un système fiscal plus favorable (depuis le 1er janvier 2010 certains avantages fiscaux pour les joueurs étrangers ont été éliminés) :
Espagne 2 680 / France 5 430

Nombre moyen des spectateurs (2008-2009) dans le championnat :
Espagne 24 500 France 20 900

Par club:
RM 64.300 / FCB 66.800 / OM 52.300/ OL 37.400

Nombre de supporters (index de notoriété):
Espagne 93.400 (dont 17 800 en Espagne et 75 600 dans le reste du monde)
FR 22 600 (18 900 + 3 700).

Des chiffres sans appels

Comme on a pu constater tous les indicateurs sont défavorables au football français et aussi dans les tableaux spécifiques qui prenent en compte les clubs les plus importants.

Conclusion et morale : le football français est structurellement inférieur à celui espagnol (et de la même maniére à celui des autres grands pays européens) et le classement des compétitions internationales reflète cette situation.
Le contraire ne peut être qu’une surprise et tient à une situation exceptionnelle due à différents facteurs, tels une génération de joueurs où quelques champions font office de locomotive (Platini au Championnat d’Europe 1984, Zidane à la WC 1998 et au Championnat d’Europe 2000), une gestion de l’équipe particulièrement encadrée et des circonstances favorables.

Mais la verité reste celle-ci et sans des réformes structurélles les résultats ne pourront qu’en être la conséquence.
Alors il ne faut pas crier au scandale et chercher ailleurs ce qui est tout simplement la conclusion d’une situation réelle.
‘Nomina-t-il sunt consequentia rerum’ (les situations sont la conséquence des choses), disaient les latins.
La réalité est là : le monde du football français saura-t-il la reconnaitre et entreprendre les changements nécessaires pour la modifier ?
Y a-t-il dans ce monde autant de talents, capacités et volontés pour le faire avec succès ?
La question est là et la réponse ne peut venir que de l’intérieur.
Car si l’on préfère démissioner de ses responsabilités et les confier à un ou plusieurs ‘médecins’ dont on a cité les noms… autant invoquer le ‘spe salvi’ (l’espoir nous sauvra) qui est l’invocation de toute impuissance !

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