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17 mai 2024

L’Edito du Psy – Diplomatie Sarkozienne : la conviction…du réalisme.

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bobine-45.jpgL’exercice n’est pas de pur style. En dépit de son cadre formel et de sa tonalité parfois compassée, la conférence qui réunit chaque année à Paris les Ambassadeurs de France donne au chef de l’Etat l’occasion d’indiquer ou d’éclairer les grands choix de politique étrangère de la nation. On attendait donc avec une curiosité mêlée d’impatience le discours de Nicolas Sarkozy.

Affichant à l’accoutumée une « volonté inébranlable », destinée à « obtenir pour l’extérieur » des résultats réclamés à l’intérieur du pays, consacrant respectivement, selon une tradition bien établie, l’Europe et l’Afrique en « priorité absolue » et « priorité essentielle », le Président de la République n’en a pas moins ponctué son intervention de multiples références au « réel » des situations dans le monde. Critiquant le « débat international abstrait ou lointain », Nicolas Sarkozy, dont on relèvera la formule répétée et plus consensuelle « je suis de ceux qui pensent », insiste désormais sur les « solidarités concrètes » à promouvoir dans une nouvelle Union méditerranéenne. Il souhaite également la nécessaire et progressive transformation du « G8 » en « G13 » afin de tenir compte des puissances émergentes comme la Chine, l’Inde et le Brésil. Il tente enfin de prévenir une confrontation, qu’il devine latente dans ses manifestations, entre l’Islam et l’Occident.

Mais c’est évidemment sur la Turquie, sur les relations avec l’Otan et sur le problème du Liban que se pose la question de savoir si ces inflexions reflètent sa stricte volonté ou résultent plutôt d’une évaluation imposée par les réalités du terrain.

Faire hypothétiquement reposer l’accord français à l’entrée d’Ankara dans l’Union, sur les travaux d’un « Comité des sages » et évoquer, dans une formule plutôt sibylline, les « deux visions possibles » des relations entre la Turquie et l’Europe visent surtout à prendre acte des résultats de l’élection présidentielle turque. Le réalisme semble également prévaloir sur la place « rénovée » de la France au sein de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord : depuis son départ des structures militaires intégrées en 1966, Paris avait discrètement multiplié les accords opérationnels avec ses partenaires. L’annonce présidentielle ne fait donc qu’entériner une situation de fait occultée par ce que le locataire de l’Elysée a raison de nommer un « a priori idéologique ». Reste la question, plus épineuse, du Liban. Inviter la Syrie à se joindre aux efforts pour sortir de la crise libanaise « par le haut » cadre mal avec la revendication présidentielle, plus affirmée sur la Russie ou sur l’Iran, d’une vigilance scrupuleuse sur les atteintes aux droits de l’homme. « Bafoués sous nos yeux », pour reprendre l’expression du chef de l’Etat. On sait que la communauté occidentale s’organise, apparemment avec quelques succès, pour barrer les flux financiers internationaux en direction de l’Iran. Mais chercher à découpler Damas de Téhéran, en isolant la seconde et en offrant à la première la manne européenne, a systématiquement échoué dans un passé récent. Cette stratégie revient en outre à offrir une prime au chantage suggéré par les agissements du grand voisin de Beyrouth et discernable dans le débat actuel sur l’élection présidentielle libanaise : l’influence syrienne ou le chaos. Si les convictions devaient par trop laisser leur place au réalisme, la « vision claire du monde » et « guidée par nos valeurs » proposée par le Président de la République pourrait s’en trouver légèrement troublée.

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