Les commentateurs nationaux semblent découvrir le populisme ordinaire du député maire de Nice, dont l’exploitation de la peur et la désignation de l’ennemi de l’intérieur font partie de l’arsenal rhétorique habituel. Tout comme le Front National de Jean-Marie le Pen, Christian Estrosi pointe de réels problèmes, avec des termes outranciers et des solutions erronées aux conséquences dangereuses.
Le terroriste ne peut vaincre militairement son adversaire dans une « guerre » classique. Il le frappe de terreur par des actes d’une violence exceptionnelle et gratuite, comme les attentats du 11 septembre 2001 ou la décapitation d’Hervé Gourdel. Un responsable politique, s’il doit dire la vérité, ne doit, en aucun cas, alimenter inutilement les peurs et faire ainsi le jeu des terroristes.
Parler de troisième guerre mondiale est non seulement faux mais également dangereux : on ne combat pas le terrorisme en ajoutant de la peur à la terreur qu’il inspire.
L’expression de 5ème colonne désigne les ennemis qu’il faut débusquer à l’intérieur du pays. L’ennemi de l’intérieur, ce fut le juif pour la France de Vichy. On entre dans une logique de suspicion qui mène à interroger un enfant de 8 ans au poste de police ou à distinguer les bons des mauvais français, Christian Estrosi allant jusqu’à déclarer : « La carte d’identité ne fait pas un Français ».
Parler de cinquièmes colonnes est une faute qui peut avoir de lourdes conséquences : on ne combat pas le terrorisme en brisant l’unité nationale.
En parlant de « cinquièmes colonnes islamistes en France », Christian Estrosi désigne déjà l’ennemi à combattre à l’intérieur de nos frontières, celui qui menace « notre civilisation judéo-chrétienne », désignant ainsi chacun des deux camps par une appartenance religieuse.
En réalité, l’opposition ne se situe pas entre l’Islam et la civilisation judéo-chrétienne, laissant ainsi penser à un choc des civilisations, mais entre une nouvelle forme d’asservissement instrumentalisant une religion d’un côté et la défense de la liberté de l’autre.
Les Alpes-Maritimes sont l’un des départements enregistrant le plus de départ pour le Djihad. Christian Estrosi dénonce sans faire aucune proposition concrète, dans une démarche populiste à des fins électoralistes évidentes.
Ce n’est pas par la stigmatisation, l’alimentation des peurs et l’incitation à la délation l’on affrontera efficacement un danger d’une telle gravité.
par David Nakache
