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12 mai 2024

L’Edito du Psy – Sommet du G4 : trois ombres au tableau d’un indéniable succès

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jpg_bobine2008-22.jpgLe mini sommet des chefs d’Etat et de gouvernement qui s’est tenu samedi à l’Elysée n’est pas forcément celui qu’espérait Nicolas Sarkozy. Mais en dépit des nécessaires compromis si caractéristiques du mode de travail au sein de l’Union, le Président de la république peut se targuer d’un authentique succès.

Cette rencontre n’a certes pas permis l’élaboration d’un « plan Paulson » à l’européenne, aux effets d’assainissement et de relance plus visibles pour un marché en quête de repères, de même qu’elle a simplement invité les Etats-membres, laissés libres de « prendre leurs responsabilités au niveau national », à mieux coordonner leurs actions. Ce « G4 » est toutefois parvenu à prendre « l’engagement solennel » de soutenir les établissements financiers en difficulté. Il a également été l’occasion, en ces « circonstances exceptionnelles », d’en appeler à la souplesse de la Commission de Bruxelles pour les règles du pacte de stabilité, la France approchant dangereusement de la barre de 3% des déficits publics par rapport au PIB.

Si les dogmes de l’Union européenne ont été moins bousculés que prévus, ceux de la finance ont subi en revanche un véritable décapage. A défaut de prévoir des solutions immédiates à une crise, ce sont les fauteurs de troubles, à l’origine des faillites d’institutions financières, qui se sont trouvés, probablement sur la détermination conjointe de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel, dans la ligne de mire de ce sommet. Les « sanctions des responsables » qui accompagneront désormais le « soutien public à une banque en difficulté », la fin des « golden parachutes », l’une des prescriptions d’un code de bonne gouvernance économique susceptible d’être annoncé en début de semaine par la présidente du Medef ne constituent certainement pas les clefs d’un sauvetage financier de la planète. Ces mesures possèdent toutefois le mérite de prendre en compte les profondes frustrations et la colère sourde des populations qui, d’une manière ou d’une autre, seront sollicitées pour rembourser ces défaillances systématiquement mutualisées à l’inverse des profits, toujours privatisés. Mieux, elles pourraient définir la philosophie de la prochaine « conférence mondiale », appelée de ses vœux par l’actuel président en exercice de l’Union, et censée amener les Etats à désormais mieux contrôler, des transactions bancaires aux évaluations des risques, tous les domaines de la finance. Un retour sur une situation que d’aucuns avaient considéré, après la consécration de la mondialisation en 1989, comme immuable…et rassurante.

Trois ombres planent toutefois sur ce tableau idyllique. Il faut espérer, en premier lieu, que les marchés n’interprètent pas cette concentration de mesures coercitives sur les humains comme un aveu d’impuissance sur les structures. Les logiques financières internationales – aussi volatiles que celles des rémunérations depuis l’étranger – accepteront-elles de se soumettre à cette nouvelle forme d’éthique ? Il convient ensuite de miser – naïvement ?- sur la solidarité européenne en souhaitant que les 23 autres Etats-membres ratifient ces orientations au prochain Conseil européen du 15 octobre. Entre les frustrations de ceux des pays européens qui n’ont pas été invités à prendre part à la réunion de Paris, ceux qui, à l’image de l’Irlande, préfèrent jouer en solo, et ceux dont le taux de bonne croissance n’incite pas à suivre cette mise au régime sec de leurs entrepreneurs, un intense effort d’explicitation devra être fourni par la présidence française pour convaincre des partenaires éventuellement réticents. Enfin, de même que le président américain a reconnu que l’adoption du plan Paulson « mettrait du temps à soulager » l’économie, il est à craindre que les pays européens, même prompts à réagir sous l’impulsion française, ne puissent pas venir immédiatement au secours des entreprises et des particuliers pris dans la spirale de la crise : les banques qui peinent à trouver des financements à plus de 24 heures et des clients de la Caisse d’épargne qui interrogent anxieusement les employés du guichet révèlent les risques anxiogènes de décalage entre les annonces et les effets attendus. Pour reprendre un vocabulaire boursier, si les marchés jouent sur les « anticipations » et à « terme », les consommateurs, quant à eux, paient « au comptant et à la journée ».

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