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15 mai 2024

Europe: Une autre politique d’immigration est possible ? (1)

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Les élections européennes (26 mai) seront l’occasion pour débattre autour de nombreux thèmes essentiels et faire de choix.

Mais pour décider , il faut ou faudrait avoir connaissance des contenus des problèmes évoquer ou , au moins, savoir de quoi on parle.

Ce qui, malheureusement, n’est pas toujours le cas!

D’après les recherches des instituts d’opinion, le thème de l’immigration est considéré comme centrale par les citoyens européens.

C’est la raison pour laquelle , on y reviens avec une série d’articles qui pourront implémenter la réflexion et le débat.


S’il est un domaine où les Etats membres de l’Union européenne auraient intérêt à coordonner et harmoniser leur politique, c’est bien celui de l’immigration, tant il est sûr qu’en dépit de toutes les actions répressives ou même préventives pour les empêcher, des flux se poursuivront, en provenance d’Afrique surtout, et qu’il vaudrait mieux les réguler collectivement que de les subir en désordre. Or c’est plutôt le chacun pour soi qui domine au sein de l’Union européenne.

Témoin, l’impossible réforme du règlement de Dublin qui prévoit que le pays qui doit examiner la demande de statut de réfugié présentée par un migrant est le premier Etat membre dans lequel il est entré dans l’Union.

Cette règle fait reposer sur des pays riverains de la Méditerranée une responsabilité disproportionnée. Au fil des années, la Grèce, l’Italie et l’Espagne en ont le plus directement subi l’impact, tandis que les autres membres de l’Union leur refusent presque toute solidarité en se félicitant silencieusement que la géographie les ait placés loin des rivages méridionaux.

C’est seulement pour tenter de verrouiller les frontières de l’Union que les 28 retrouvent parfois une volonté commune qui se traduit par le fait de confier à un tiers (le gouvernement turc, les pouvoirs de fait libyens…) le soin d’empêcher les migrants d’arriver jusqu’au sol européen. Mais en réalité, cette volonté de se barricader, ce refus d’ouvrir des voies sûres d’immigration, et notamment d’immigration de travail, ne dissuade pas des hommes et des femmes poussés par la guerre ou par la misère de tenter quand même la dangereuse traversée. Avec à la clé des milliers de morts chaque année en Méditerranée.

L’Union Européenne pourrait-elle adopter d’autres politiques ? Pourrait-elle réguler les flux migratoires sans trahir ses valeurs, ni mettre en péril la cohésion de ses sociétés ?

Elargir les possibilités de migrations saisonnières

par Maurizio Ambrosini, professeur de sociologie à l’université de Milan, conseiller scientifique à l’instituto per gli studi di politica internazionale (Ispi)

Autrefois assez marginales, les questions de l’immigration et de l’asile occupent aujourd’hui une place centrale dans le débat politique européen. Cela se manifeste dans une partie importante de l’opinion par une demande de contrôles accrus aux frontières de l’Union. Des partis à l’audience de plus en plus forte et certains gouvernements se sont emparés de ce drapeau, marquant les divisions entre « nous » (les Européens) et « eux » (les migrants venus de pays en voie de développement).

Les institutions de l’Union européenne (UE) et les gouvernements nationaux gèrent ce dossier avec des difficultés croissantes. D’un côté, ils ont besoin des voix des électeurs et voudraient pour les capter tenir les migrants, y compris les demandeurs d’asile, loin de leurs frontières. De l’autre, ils doivent respecter les règles fixées par les Constitutions, les conventions internationales, les accords européens… Règles qui les obligent à défendre les droits humains et à accueillir sur leur sol les personnes en danger.

La manière dont les Etats européens gèrent cette tension donne le sentiment d’un manque de stratégie. Mais en réalité, des options politiques sont bien visibles. A l’égard de ce que l’on qualifie de « migrations économiques », le choix est celui de la sélection des candidats selon trois critères, les trois « P » : le passeport, le portefeuille, la profession. Pour ce qui concerne les passeports, les Etats de l’UE acceptent l’entrée sur leur territoire de visiteurs venus de pays européens non membres de l’UE (Ukraine, Balkans), dont certains profitent de ces courts séjours pour s’insérer dans le marché du travail informel, et ils l’autorisent sans problème, sous divers statuts, pour des ressortissants de pays développés du reste du monde (Etats-Unis, Canada…).

A l’inverse, ils deviennent de plus en plus stricts pour les ressortissants d’Afrique ou du Moyen-Orient, au lieu d’élargir les possibilités de migrations saisonnières, par exemple. Côté portefeuilles, les Etats européens accueillent volontiers de présumés investisseurs et dans certains pays (Malte, Chypre), la citoyenneté leur est même accordée si le montant de leur placement est assez élevé. Enfin, concernant la profession, l’UE autorise l’entrée de travailleurs hautement qualifiés dans divers secteurs au travers du dispositif de la Blue Card (carte bleue européenne), ainsi que des professionnels de la santé.

Des aides conditionnées

A l’inverse, concernant les demandeurs d’asile, la politique actuelle de l’UE consiste avant tout à externaliser ses frontières. Incapables de s’entendre sur la réforme des règlements de Dublin qui prévoient que c’est le premier pays de l’Union dans lequel le migrant est entré qui statue sur sa demande d’asile, les gouvernements et les institutions européennes se sont facilement accordés sur la conclusion d’accords avec des pays tiers (Tunisie, Turquie, Niger, Libye), afin qu’ils stoppent les demandeurs avant que ceux-ci entrent dans le territoire de l’Union. Et peu importe comment ces personnes sont traitées sur l’autre rive de la Méditerranée, dans quelles conditions elles sont hébergées…

Nombre d’arrivées de migrants dans l’Union européenne par les voies maritimes méditerranéennes et nombre de morts

Autant l’Union est fort stricte sur le respect par les Etats membres des règles communautaires concernant les quotas de production de lait ou d’huile d’olive, autant elle est peu regardante sur la manière dont ils protègent, ou pas, les droits de l’homme. Elle ne conditionne pas les aides qu’elle verse aux Etats membres au respect de leurs obligations dans ce domaine.

Le groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie), qui depuis 2015 s’est opposé à la répartition des demandeurs d’asile entre Etats membres, a donc gagné le match au sein de l’Union. Mais en réalité, la plupart des joueurs européens ont été heureux de le perdre, sans oser l’avouer. Or, ce qui risque vraiment de se perdre, ce n’est pas seulement la solidarité avec les réfugiés, mais le sens et l’esprit du projet européen.

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