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5 mai 2024

L’edito du Psy – L’Amérique, encore et toujours…

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jpg_bobine2008-26.jpgVous n’y échapperez pas ! L’observateur le plus détaché des vastes turpitudes du monde moderne non plus ! A mesure que s’approche l’heure des résultats – et ce phénomène s’amplifiera certainement après la proclamation de ces derniers – les élections présidentielles américaines dominent largement dans la presse tous les sujets d’actualité. Remisées ou ponctuant plus « modestement » de leur surgissement inattendu et dramatique le rythme de la longue course à la Maison Blanche, les guerres en Afrique, les catastrophes naturelles et les attaques meurtrières des terroristes ne parviennent finalement qu’à rehausser la tonalité d’une mélodie générale qui se joue essentiellement outre-atlantique. Les « élections » en Chine, pourtant futur compétiteur dans de nombreux domaines du continent nord-américain ou celles organisées en Russie, en Inde ou au Brésil ne déclenchent pas un tel engouement. Et pourtant, le futur locataire du Bureau ovale ne sera même pas élu au suffrage universel direct.

Toute se passe comme si, avant même de connaître son nom, sur les épaules du prochain président reposait, à tort ou à raison, un immense espoir. Comme si, après avoir retenu sa respiration de manière interminable – deux ans de campagne électorale -, le monde allait puiser dans cette échéance un nouveau souffle susceptible de relancer une machine cardiaque victime d’arythmie. Et pas seulement en raison de la crise financière. Car ce serait gravement se méprendre que de mettre uniquement cette attention systématique et généralisée sur le compte d’un sauvetage économique de la planète. S’il en est l’argument le plus apparent, l’enjeu américain va bien au-delà de la crise actuelle du système financier. Feuille de route israélo-palestinienne, négociations syro-israéliennes, nucléaire iranien, entrée de la Russie à l’OMC, nouvelle approche du dossier cubain, protocole de Kyoto…le monde attend le nouveau président des Etats-Unis.

Appel pressant pour les uns au retour des fondamentaux ou volonté clairement exprimée pour les autres d’une mutation en profondeur de la politique suivie à Washington, cette attente, ce « désir d’Amérique » ne serait-il pas finalement que notre propre projection d’impuissance devant les douloureux aléas de la vie internationale, le célèbre « renversement en son contraire » de la psychanalyse ? Une illusion fantasmatique de la puissance, une imago complaisamment paternaliste et solidement ancrée dans la psyché collective, aussi bien dans l’adhésion que dans… l’opposition aux Etats-Unis ?

Certes, cette superpuissance qui occupe le premier rang des richesses produites sur la planète depuis 1896 et dont l’outil militaro-diplomatique, pour le meilleur ou pour le pire, reste encore le seul capable d’appréhender la terre et l’espace, cette Amérique qui demeure encore le premier consommateur d’énergie et qui continue de rafler la majorité des prix Nobel, cela veut certainement dire quelque chose. S’agit-il de « l’exception religieuse américaine » évoquée par le sociologue Raymond Boudon à propos d’un pays qui, malgré l’avance considérable en matière de techniques et d’industrialisation, prend pourtant le chemin contraire au désenchantement du monde? Faut-il expliquer cette énergie par le fait que les meilleures écoles de commerce international, d’inspiration américaine, sélectionnent leurs étudiants largement en fonction des réponses à une question centrale de leur dossier de candidature où ils doivent décrire, analyser et assumer une expérience d’échec? Est-ce pour toutes ces raisons que le monde veut « croire », encore et toujours, dans la capacité de résilience et de survie des Etats-Unis ?

La fin – très hypothétique – de l’hyperpuissance américaine, redoutée par les uns, ardemment souhaitée par les autres, ne fait finalement que confirmer la place primordiale accordée aux successeurs des Pilgrim Fathers. Quelle que puisse être l’issue de l’élection américaine, tout cela ne signifie-t-il pas, d’ores et déjà, un leadership mondial par tacite reconduction ?

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