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14 mai 2024

Ô Jérusalem: retour aux sources de l’Etat hébreu

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18680377.jpg Dans la mystique juive, aucun événement n’intervient par hasard. Fil de la vie des hommes tiré par les trois Parques ou tracé humain du Grand Architecte de l’Univers, tout semble écrit par avance. Est-ce à dire que le film d’Elie Chouraqui « Ô Jérusalem » arrive au bon moment pour un Etat d’Israël en pleine interrogation sur lui-même ? Dans la tourmente d’un scandale qui touche son Président, dubitatif et donc inquiet sur l’excellence pourtant légendaire de son armée, le peuple hébreu trouvera probablement dans cette production matière à réconfort.

Présenté lundi soir à Nice en avant-première par l’Association France-Israël présidée par Rudy Salles, le CRIF de Martine Ouaknine et le B’nai B’rith, « Ô Jérusalem » retrace ces quelques semaines qui, entre 1947 et 1948, décidèrent de la création de l’Etat hébreu tout en amorçant le tragique conflit avec les Palestiniens.

Le scénario décrit cette lente mais inexorable déchirure humaine entre deux amis new-yorkais, un Juif et un Arabe palestinien, au sortir de la IIème guerre mondiale. Le vote historique de l’ONU en novembre 1947 sur la création d’Israël, les premiers affrontements sanglants qui suivirent, le tout sur fond d’ambiguïtés britanniques largement dénoncées par le réalisateur, semblent sceller leur destin d’ennemis. Une même terre : trop pour deux peuples qui en revendiquent, au nom de millénaires identitaires, la propriété exclusive. Un seul point commun désormais entre les deux : leur survie devient leur vie ordinaire. Les épisodes les plus marquants de 1948 ponctuent la dégradation de cette amitié : les rivalités entre l’Irgoun, le mouvement juif clandestin responsable du massacre de Palestiniens à Deir Yassin, et la Haganah, terreau de la future Tsahal, les opérations de prises de contrôle de la route menant à Jérusalem, l’obsession de David Ben Gourion de faire du ravitaillement de la ville éternelle, un symbole fort du nouvel Etat.

S’il se veut un récit historique, le film n’échappe toutefois pas aux exigences symboliques du réalisateur. Au risque de simplifications. On peut s’interroger, à ce titre, sur la réintroduction presque anachronique de la problématique pétrolière au cœur des moyens de pressions susceptibles, selon les dirigeants arabes de l’époque, d’amener les Américains à soutenir la cause palestinienne. Leader arabes déjà divisés au point de soutenir leurs « frères » en seules paroles. De même l’acharnement – toujours louable – à faire passer le message de la paix, conduit-il Chouraqui à montrer une fraternisation sans doute excessive entre combattants juifs et arabes au moment du premier cessez-le-feu de 1948. La symbolique du mariage juif en présence de l’ami palestinien retrouvé correspond certes à la volonté exprimée du réalisateur d’insister, dans ce long-métrage, sur les aspects positifs, de calmer les esprits et de tout faire pour éviter une importation en Europe du conflit entre Israéliens et Arabes. Elle frise cependant le déni d’une forme de réalité renvoyée quotidiennement par les images et à même de détourner le film d’un public auquel Chouraqui entendait justement le destiner.

La trame émotionnelle bouleverse et le récit parvient in fine à montrer que l’intelligence du cœur de l’homme sait parfois trouver les ressources nécessaires pour résister à la haine et au fanatisme. Comme l’a expliqué la présidente du CRIF Martine Ouaknine, les profits de cette projection serviront à financer la scolarité d’un jeune étudiant israélien à l’antenne « méditerranée » de Science-Po. Les tentatives de mélanger les écritures arabes et hébraïques dans le générique montrent l’enjeu mais aussi les limites de l’exercice. Elles ne fusionnent pas. Elles se superposent. A l’image de cet étudiant israélien qui s’apprête à se mêler à ses collègues arabes dans ce cycle universitaire, ce sera surtout dans la reconnaissance de l’existence de l’Autre que pourra advenir une authentique rencontre.

« Ô Jérusalem », film d’Elie Chouraqui, en salle à partir du mercredi 18 octobre.

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