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4 mai 2024

Marc Concas : « Il y a une démission des pouvoirs publics dans le Vieux Nice »

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Nice-Premium : il y a deux grands problèmes dans le Vieux Nice : la propreté et le bruit. Selon vous, auquel des deux faut-il donner la priorité ?

jpg_jpg_marc-concas-3.jpgMarc Concas : En fait, les deux problèmes sont liés. L’expression qui revient le plus souvent, c’est « l’anarchie la plus totale » dans ce quartier. Nous assistons à une dramatique déréglementation, qui est le résultat de la démission du pouvoir public. L’élection de Christian Estrosi à la mairie n’a apporté aucune amélioration. La mise en place d’un poste de police au Cours Saleya relève plus d’un effet de communication : il est ouvert 7 jours sur 7, mais il n’y a plus de police après 22 heures, au moment où on en aurait le plus besoin. Et nous n’avons aucune certitude sur les rondes de nuit. Certains établissements ferment à minuit, d’autres à deux heures du matin et les derniers à cinq heures. Des brigades devraient être présentes à ces moments-là, pour vérifier ces fermetures et inviter les consommateurs à quitter le Vieux Nice.

NP : Il n’y a jamais eu de police de proximité efficace dans le Vieux Nice ?

MC : Nous avons besoin d’un policier référent – un officier de police judiciaire attitré. Il y a quelques années, Gilbert Tenenbaum faisait cela très bien : il connaissait les endroits à problèmes, organisait une vraie police de proximité. Les policiers qui passent aujourd’hui dans le quartier ne connaissent plus le Vieux Nice.

NP : Comment agir pour la propreté, autre grand problème du quartier ?

MC : Il s’agit de repenser la manière de traiter les déchets du Vieux Nice. Pour le moment, la collecte des ordures est inadaptée, ainsi que les locaux pour les poubelles. Dans l’un de ceux-là, rue de l’abbaye, la CANCA a fait installer un système d’automatisation qui a coûté 70 000 euros. Il a été supprimé car c’était un échec ; depuis, on est revenus à la situation d’origine. J’ai proposé un projet de traitement des déchets par aspiration souterraine, comme on en trouve dans quelques grandes villes européennes. Je n’ai aucune nouvelle de la CANCA à ce sujet.

NP : Par endroit, l’état du bitume est déplorable. Comment résoudre ce problème ?

MC : Certains trottoirs sont très dégradés. La saleté attirant la saleté, il est temps de refaire le dallage : les passants éviteraient d’aggraver l’état des trottoirs. La place Rosetti a été intégralement rénovée, avec un nouveau dallage. On aurait pu le prolonger. Maintenant, la priorité va à la rénovation de la place Saint-François.

NP : comment faire cohabiter les clients des bars, qui se couchent tard, et les habitants du Vieux Nice, qui se lèvent tôt ?

MC : Il faut trouver un modus vivendi : on peut s’amuser sans pour autant déranger ceux qui se lèvent pour travailler le lendemain. De même, la police n’est pas là pour empêcher les gens de s’amuser et els gens de vivre. D’ailleurs, il n’y a aucune raison de concentrer toute la vie nocturne dans le Vieux Nice. D’autres secteurs pourraient accueillir les festivités, de la Promenade des Anglais à Gambetta, et tout au long du trajet du tramway.

NP : Peut-on dire que la situation a empiré avec la dernière loi anti-tabac ?

MC : Oui, en cherchant à régler un problème de santé publique, on a augmenté les nuisances dans des proportions énormes. Il aurait été plus adapté de suivre l’exemple espagnol : créer des espaces fermés permettant de fumer à l’intérieur.

NP : les patrons des établissements du Vieux Nice acceptent-ils volontiers d’agir pour réduire ces nuisances ?

MC : Les propriétaires d’établissements n’habitent généralement pas le Vieux-Nice ; ils sont donc moins gênés par les nuisances. Néanmoins, un certain nombre respecte les règles du jeu. En 2003, j’ai proposé une charte Lutte contre le bruit, qui a été depuis proposée à la signature à tous les nouveaux établissements qui s’implantent. La CANCA s’en est inspirée pour établir elle aussi une charte. Elle réglemente la tenue des établissements de nuit. Par exemple, elle impose aux patrons d’embaucher des personnes pour gérer les abords de leur établissement.

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