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22 avril 2024

L’Edito du Psy – Parti socialiste : l’estocade de Manuel Valls !

jpg_bobine2008-54.jpgNet, précis et sans appel, le discours de Manuel Valls est celui d’une mise à mort : il assène le coup de grâce à une gauche française vieillissante, « prisonnière », selon lui, d’une idéologie marxiste, une gauche paranoïaque « enfermée dans une vision dépassée du monde » et « incapable » de s’adapter aux « réalités de l’époque ». En lançant, le 29 juin dernier, son club « A gauche, besoin d’optimisme ! », le Député-Maire d’Evry a porté l’estocade rue de Solférino. Bien au-delà d’une simple « rénovation » ou d’une « refondation » dont il raille les appels de circonstance et sans lendemain de sa direction, celui dont l’origine culturelle catalane l’éloigne sensiblement des « espagnolades poussiéreuses » de la Corrida, s’est pourtant conduit en authentique matador.

Contrairement au « projet socialiste » de Martine Aubry qui condamne le « réflexe du poste disponible », réaffirme l’impérieuse nécessité du « collectif » et rappelle la primauté du « programme » sur le leader, Manuel Valls défend résolument la vision d’une « autonomie » et d’une « responsabilité individuelle ». Il veut débarrasser cette dernière des pesanteurs tutélaires, probablement jugées trop maternalisantes et pas suffisamment émancipatrices. Il revendique au passage sa filiation avec « deux des plus grands Premiers ministres » -Michel Rocard et Lionel Jospin-, vante la fameuse « méthode » du premier et se réjouit de pouvoir « utiliser l’expérience » de la mondialisation si bien assumée par Dominique Strauss-Kahn. Au « post-matérialisme » proposé par la première Secrétaire du PS, valeur qu’il pourrait aisément inclure dans sa critique des « dogmes devenus sans objet », le Député de l’Essonne lui préfère, sans craindre les cris horrifiés d’une « gauche jaurésienne » et les tentations apparemment partagées avec le Président de la République d’un brouillage des lignes « gauche-droite », celles du « travail, de la nation et de la sécurité ». Leur opposition sur l’interprétation du « phénomène » Barack Obama est significative : pour Martine Aubry, c’est sa question posée « dans quel monde voulons-nous vivre? » qui a fait la force du président. Erreur, lui répond Manuel Valls, c’est le fait d’avoir su « incarner » cette interrogation qui a emporté la conviction des Américains. On ne saurait être plus divergent.

Nul doute qu’avec cette détermination, Manuel Valls entre dans la cour des Tony Blair, José Luis Zapatero et autres Frank-Walter Steinmeier de la social-démocratie européenne. Plusieurs questions subsistent néanmoins à propos du long et tumultueux périple initiatique qu’il s’apprête à entreprendre. Celle, en premier lieu, de la distance qui sépare son point de départ de ses objectifs : à l’image du « nouveau prolétariat », certaines formules du leader socialiste montrent qu’il n’a peut-être pas encore complètement accompli ce passage pour lui-même. Preuve qu’il n’ignore pas les risques, si l’on ose dire, de se perdre en chemin, Manuel Valls affiche ensuite ses hésitations à quitter « la maison commune » : empruntées tantôt à Churchill, tantôt à Jean-Paul II, les diverses références qui truffent ici ou là les conclusions de son discours témoignent de cette recherche identitaire, celle d’une « gauche qui ne veut plus être socialiste ». Enfin, toute révolution dévore ses enfants : celle lancée par Manuel Valls ne risque-t-elle pas d’y sacrifier son auteur, et ce, en raison d’un « timing », l’échéance de 2012, susceptible de parasiter l’authenticité de sa démarche ? Manuel Valls a certes bien raison de miser sur son « désir » de gauche. Il sait toutefois que c’est dans l’entrave que ce dernier puise les conditions de la jouissance.

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