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4 mai 2024

L’Edito du Psy – D’un sommet à l’autre : succès à Washington, ambiguïté à Nice ?

jpg_P1016492.jpgOn saura gré à Nicolas Sarkozy d’avoir su « capitaliser » au maximum de ses possibilités, les six mois de sa présidence européenne. Entre une guerre inattendue dans le Caucase et une crise financière mondiale, le Président de la République ne s’est pas contenté, en stratège politique traditionnel, d’occuper l’espace public et de simplement endosser les ressources procurées par la détention de son mandat. Quitte à devoir remiser – nécessité fait loi – certains des thèmes pourtant présentés comme essentiels pour l’avenir de l’Europe – vote irlandais et institutions politiques européennes – il a insufflé un style, déployé une énergie et montré une détermination capables de « faire bouger les choses », traduisant parfois mieux en termes internationaux qu’en politique intérieure, sa volonté clairement exprimée de « rupture ».

Mais les sommets se suivent et ne se ressemblent pas. Si les résultats du G20 de Washington constituent indéniablement un succès à mettre au crédit du chef de l’Etat, le sommet de Nice, chargé quelques heures plus tôt de renouer un dialogue interrompu entre la Russie et l’Union Européenne, suscite davantage de perplexité : les lourdes ambiguïtés du second pourraient même négativement peser sur l’avenir du premier. Et ce, pour plusieurs raisons.

jpg_P1016344.jpgD’ici le 31 mars, date programmée d’une prochaine réunion qui devra faire le point sur les décisions prises samedi dernier au Musée national de l’architecture, Washington disposera d’un nouveau président dont les premières interventions semblent davantage dictées par le souci d’apporter un secours financier immédiat aux « middle class» américaines. Si la philosophie d’une réforme multilatérale et en profondeur des institutions financières internationales défendue par le président français est difficilement venue à bout de l’ultra libéralisme de George Bush – le communiqué final du G20 rejette toute idée d’un nouveau « Bretton Woods » et l’instauration d’un contrôle strict de la finance internationale – il est à craindre qu’elle peine encore plus à convaincre Barack Obama de modifier sa priorité absolue en faveur d’une « America first ».

Ces différences d’approche économique pourraient, par surcroît, se nourrir de rivalités diplomatiques. Combinées à une visibilité, aussi soudaine qu’ostensible, du couple Sarkozy-Medvedev au sommet de Nice, les attaques du président français contre le projet de bouclier anti-missiles ont de quoi plonger les dirigeants américains – et certains des partenaires européens – dans un abîme de perplexité. Destinées éventuellement à s’attirer les bonnes grâces du président élu, ces critiques constituent un pari d’autant plus risqué qu’en période de crise, l’Union sacrée prévaut largement aux Etats-Unis. Les deux locataires de la Maison Blanche se sont d’ailleurs entendus sur une nécessaire « transition douce » entre leurs deux administrations.

jpg_P1016500.jpgMis à part le dossier géorgien, rien en provenance de Moscou ne paraît par ailleurs justifier un tel enthousiasme du chef de l’Etat : une réforme de la Constitution en vue d’allonger la durée du prochain mandat présidentiel – un texte bâti sur mesure pour Vladimir Poutine, certes dans l’air du temps avec l’exemple algérien -, une opposition largement bâillonnée, des menaces d’installer des missiles dans l’enclave russe de Kaliningrad qui viennent heurter de plein fouet les efforts européens d’amadouer Moscou en assouplissant le régime des visas pour les citoyens russes désireux de passer de ce territoire à celui de la Fédération de Russie en traversant l’Union, enfin la reprise de l’idée d’un pacte russo-européen de sécurité à même de faire frémir la majorité des Etats-membres de l’UE au regard du « traitement » réservé à l’OSCE par le Kremlin lors des dernières élections législatives et présidentielles russes. Sans parler du soutien des dirigeants de la Fédération à l’Iran à un moment où les premiers briefings de la CIA au président élu semblent porter ce dernier à durcir le ton contre Téhéran et où le Ministre français des affaires étrangères mentionne lui-même dans une interview à CNN l’inquiétude globale des pays arabes face aux menaces suscitées par l’activisme de la République islamique.

L’hypothèse d’une « chiraquisation » de Nicolas Sarkozy est-elle à exclure? Restent l’impératif énergétique – le gaz russe – et un glissement français qui permettrait au chef de l’Etat de retrouver auprès des dirigeants du Kremlin un espace diplomatique que l’arrivée de Barack Obama sur la scène internationale serait susceptible de lui ravir. Un calcul pour le moins audacieux mais qui n’est sans doute pas hors de portée pour l’actuel locataire de l’Elysée.

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