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19 mai 2024

Opéra de Nice : t’excite pas, c’est un Tango ! (facile à dire…)

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jpg_tango_1red.jpgAvec le retour d’un petit âge de glace sur le littoral niçois, cette soirée fut véritablement la bienvenue. L’Opéra de Nice accueillait en effet le week-end dernier « La Milonga de Buenos-Aires », deux couples de danseurs de Tango dans la plus pure tradition argentine. Héritier du Tango des rues et des cafés inspiré et développé par le célèbre compositeur Astor Piazzola, le chorégraphe Orlando « Coco » Dias, en France depuis 1977, apprend très tôt le Tango dans son quartier de Buenos-Aires avec des « Milongueros ». A huit ans, il gagne un concours avec sa sœur dans les clubs de son quartier. Dès seize ans, il commence à danser comme amateur. Avec Delphine Robin, sa partenaire depuis dix ans, elle-même primée par un premier prix de conservatoire de la danse à l’âge de treize ans, entouré d’un autre couple formé de Selva Violetta Mastroti et Marcelo Sebastian Ramer, Orlando « Coco » Dias a su instantanément conquérir le public dès sa première apparition sur scène.

Les danseurs bénéficiaient, il est vrai, d’un soutien musical d’une exceptionnelle qualité, le « Quinteto El Después », cinq instrumentistes totalement investis dans un échange passionné avec les danseurs : le Bandonéon Victor Villena, le Violoniste Cyril Garac, le Guitariste Alejandro Schwartz, le Contrebasse Bernard Lanaspèze et le Pianiste Ivo De Greef.

Le Tango possède, faut-il le rappeler, son rituel immuable : dans une lumière blafarde qui rappelle celle des arrières salles enfumées des bas-fonds de la capitale argentine, surgit, sanglé dans un costume croisé, le macho gominé et sûr de lui. Il adresse de loin un bref signe de la tête, susceptible d’aucune négociation, à une femme aguicheuse, moulée de sa robe longue fendue et scintillante, dans l’expectative sur sa chaise. Cette dernière se lève pour rejoindre nonchalamment – le désir s’entretient – son mâle partenaire.

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Dans un mouvement paradoxalement mêlé de rythme soutenu et de langueur sensuelle, les jambes et les corps s’entortillent, se désenchevêtrent, chaque partenaire semble reprendre à son tour l’initiative dans un incessant et tumultueux dialogue physique d’où la sexualité affleure sans jamais chercher à s’imposer. Le couple tourne, avance, recule, virevolte dans une harmonie millimétrée tandis que les regards se croisent puis se détournent fièrement. Les lèvres finalement se rapprochent, les caresses se font plus précises. Pas encore ! Les danseurs repartent plus fougueusement dans une série d’étreintes et de figures esthétiques dictées impérieusement par un Bandonéon que certains avaient cru, à tort, entendre expirer ! Une ovation « incandescente » salua la prestation et obligea les artistes à un « bis ».

jpg_tango_5red.jpgDans une deuxième partie, les ballets de l’Opéra de Nice dirigés par la Chorégraphe Eleonora Gori ont mis en scène un Tango du XXIème siècle, un « Alter Tango » plus intellectualisé mais qui ne perdait rien de son message affectif. Avec beaucoup d’application, les danseurs et danseuses du Corps de Ballet de Nice ont mis scéniquement en lumière le concept d’échange au sein du groupe, un homme et une femme se retrouvant à un moment comme isolés au sein de leurs partenaires respectifs, rappelant également par les claquements des mains sur leurs corps ou sur le sol, l’inaltérable dimension de violence dans la rencontre.

Le Maesto Sergio Monterisi conduisait l’Orchestre de Nice, dans des arrangements musicaux ponctués par le Bandonéon William Sabatier qui a eu la délicatesse, lors des applaudissements enthousiastes du public, de lui présenter avec humilité l’instrument sur lequel il avait joué. On ne saurait mieux rendre hommage à cette émouvante musique argentine.

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