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4 mai 2024

Bernard Werber, notre ami le terrien.

A la Fnac de Nice pour la promotion de son film (et du livre) « Nos amis les terriens », Bernard werber s’est confié aux journalistes présents, dont Nice Premium.

NOS_AMIS_LES_TERRIENS.jpgNice-Premium: Pourquoi ne pas avoir fait plusieurs courts-métrages comme un recueil de nouvelles. Vous l’avez déjà fait ?
(voir »Les humains* ») Pourquoi se lancer dans un long métrage comme celui-là ?

Bernard Werber: Parce qu’il n’y a aucunes économies sur le court métrage et que je l’ai fait en une semaine. Quelque soit le résultat dans un festival (vu qu’il n’y a que les festivals), un film ne peut pas vivre (ou alors avec la vente en DVD, mais ce n’est même pas proposé, même dans les FNAC). La seule manière de faire un film qui ai une économie, une vie et donc qui puisse avoir les moyens (puisqu’on a eu des scènes à effets spéciaux qui ont coûté très cher, plus de 200 figurants sur le plateau, quatre caméras), on pouvait pas l’avoir avec un court métrage. Ou alors je tourne toutes les semaines un court métrage, j’en fais la collection dans mon réfrigérateur et puis je le passe aux amis le dimanche. Mais je crois que le but de l’art, c’est d’être universel, d’être vu dans le monde entier, d’être diffusé, d’être découvert et puis moi ce qui m’intéresse, c’est que le film soit vu et il pourra être vu qu’en étant diffusé dans les salles.

N-P: Le format est asser court. Les longs métrages font beaucoup plus maintenant avec le numérique. 1h25 ressemble plus à un documentaire. On fait le parallèle. Est-ce un film de Science-fiction ? Est-ce un documentaire ethnologique ?
B.W.: Je vais répondre aux deux questions. Pourquoi 1h25, parce que c’est le format le plus confortable pour une salle de cinéma. Moi j’ai une version de deux heures du film dans lequel je peux vous dire, on ne s’ennui pas du tout. C’est juste que pour la vie du film à un moment, on s’est aperçu que le format d’1h28 (1h30 avec le générique), c’est le format le plus facile à diffuser dans les salles. C’est uniquement pour des raisons de format par rapport aux salles de projections.
Ensuite la deuxième question, est-ce que c’est un documentaire ou un long métrage, c’est évidemment une fiction. Le documentaire c’est un ton, c’est un style, parce qu’une partie du film, on l’a filmé avec une longue focale de loin, comme si on filmait des gorilles dans la jungle, comme si on filmait des lions et on s’est amusé avec cette imagerie là.

N-P: Vous avez dit que tous les thèmes étaient abordés…que vous avez vu tout ce qu’il y a de bon et de mauvais chez l’homme, mais est-ce que vous avez fixé des limites aux thèmes abordés. Les thèmes comme les guerres, les maladies, vous n’en avez pas parlé ?
B.W.: Je suis parti du principe (vu, comme vous le savez, que j’ai écrit un livre sur les fourmis), de filmer les fourmis. Au moment où j’arrive, je trouve une fourmilière dans la forêt. Je filme. Pourquoi je tomberai pile sur une guerre, pourquoi je tomberai pile sur la Depardieu des fourmis. Il y a très peu de chances que je tombe sur une guerre. Les extra-terrestres ils débarquent, il y a très peu de chances qu’ils débarquent sur une guerre ! Nous on ne parle que de ça aux actualités […] Mais eux ils nous voient tel qu’on est. Par exemple s’ils débarquent à Paris à l’heure qu’il est, ils ne tomberont pas sur une guerre […] Il y a peu de chances de tomber sur une bataille ! Sur l’étendue de toute la surface terrestre, tomber pile sur le champ de bataille, sur l’attentat à Bagdad au moment où il arrive, faut vraiment avoir un coup de peau pas possible. Voilà pourquoi je n’en parle pas. Le code c’est : « je démarre, je découvre des terriens, qu’est-ce que je vois ». C’est pas : « je démarre, je découvre des terriens et je vais vous parler des mêmes choses qui se passent à vos actualités du 20h ».

N-P: Pas de limites fixées donc ?

B.W.: En tout cas pas la volonté de raconter la même chose que les actualités de 20h avec « je vais vous parler des élections, je vais vous parler de la guerre, je vais vous parler d’économie », parce que ça les extra-terrestres ils n’en ont rien à faire.

N-P: Est-ce que votre vision de l’humain a changé ?
B.W.: Ma vision sur l’humain va bouger le 18 avril, parce que je vais voir si l’humain est curieux de savoir qui il est. Surtout l’humain français. Est-ce qu’il considère qu’il veut toujours la même chose? Je me suis tellement investit sur le projet, j’ai mis tellement de cœur à ce truc… Ce projet est né d’une réelle amitié entre moi et Claude Lelouch. C’est un humain extraordinaire et cette rencontre a permis ce film. On est tous les deux, lui en tant que producteur, moi en tant que réalisateur, les parents de ce projet. Mon avis dépendra un peu de ce truc dans lequel je suis immergé depuis si longtemps. Mais vous êtes là et ça veut dire que vous l’avez vu, que vous êtes curieux. Vous avez une double curiosité. D’abord d’aller voir, ensuite de savoir ce que je voulais faire. Vous ça va ! Mais après maintenant, est-ce que vous êtes représentatif de l’ensemble du troupeau? Ou est-ce que vous êtes des pionniers, des aventuriers? Je ne m’en rends pas compte. Je me rends compte par contre, combien il y a de gens curieux sur la planète. J’espère qu’il y en a beaucoup, parce que si tout le monde se contente de sa vie, si tout le monde se contente de la grisaille qu’offre la télévision et le système cinématographique français…

Bernard Werber & Claude Lelouch
Bernard Werber & Claude Lelouch

N-P: Deux scènes sont marquantes et c’est fait exprès dans le film. La première est celle de l’abattage des poulets, mais on comprend pourquoi. La seconde est celle de l’accouchement. Pourquoi l’accouchement est choquant pour un humain qui regarde ce film ?
B.W.: Parce que notre cinéma est un cinéma planétaire morbide. Regardez la moyenne des morts dans un film. Un seul mort ne suffit plus, il en faut une cinquantaine et tout le temps dans des trucs de plus en plus atroces. J’ai vu le dernier Mel Gibson, si vous voulez savoir si le cinéma est morbide, il est vraiment ultra morbide. On s’est tellement habitué à la morbidité que maintenant quand on montre de la vie, c’est ça qui a l’air choquant. On vit un monde à l’envers. De même, on s’est tellement habitué à la médiocrité, que quand on fait quelque chose qui n’est pas médiocre, ça a l’air médiocre ! C’est pas que ça a l’air médiocre, ça a l’air mauvais, parce qu’ils ont trouvé une grille de lecture qui est : « il faut que tout soit dans cette médiocrité, sinon ça n’existe pas ». Il faut que tout soit morbide sinon, si on montre la vie, ça c’est dégueulasse. A la limite, on a presque la chance qu’on ne soit pas interdit aux moins de 16 ans. Parce qu’on montre une naissance, alors qu’on va montrer des scènes de tortures qui n’en finissent pas et là ça va être autorisé aux moins de 16 ans. C’est le monde à l’envers, maintenant je suis surpris d’être l’un des rare à le montrer et à le dire ! Ça me semble tellement évident, que ce qu’il y a de plus beau c’est la vie ! D’ailleurs on voit le visage de la mère à la naissance. Elle est heureuse et épanouie, comme le seront les trois demoiselles autours de moi quand elles le seront (rire) si c’est pas déjà fait.IMAG2540_copie.jpg

N-P: Comment ça s’est passé pour le tournage ?
B.W.: Ca s’est passé de la manière suivante : On savait qu’elle allait accoucher et on lui a dit, « Vous appelez rapidement (rire) dès que ça se passe », puis là à 3h du matin on a couru avec la caméra, puis on a filmé. Le principe c’est de ne pas avoir envie de dormir. C’est comme le petit levé de soleil au début, on a filmé pendant un mois tous les jours et chaques fois il y avait trop de brumes, c’était jamais joli.

N-P: Pourquoi avoir choisit Pierre Arditi pour la voix-off ?
B.W.: Parce que c’est un spécialiste de documentaires animaliers. Quelque part on donnait une sorte de caution à ce projet, avec ce choix. Et en même temps, Pierre Arditi a un petit humour « pince sans rire » qui pouvait définir la spiritualité des extra-terrestres.

*lien Youtube

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