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3 mai 2024

Philippe Vardon répond à Sian d’Aqui

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jpg_sian-daqui-vardon.jpg Sian d’Aqui : Quelles actions comptez-vous mener en faveur du retour de la Cour d’Appel ?

Philippe Vardon : Tout d’abord, il est primordial de mettre un frein à la réforme instituée par le Garde des Sceaux. En effet, la réforme de la justice mise en place par Rachida Dati est profondément centralisatrice dans son esprit. Sous couvert d’économies du denier public on joue encore une fois la carte du centre contre la périphérie, des mégalopoles contre les villes à taille humaine. Il est évident que sans la remise en cause de la réforme Dati nous pouvons oublier toute lutte pour le retour de notre Cour d’Appel. J’apprécie d’ailleurs que vous parliez, avec justesse, de RETOUR et non d’installation. Une fois cette sinistre réforme enterrée, il me semble que l’action devrait être menée à plusieurs niveaux avec en première ligne les avocats. Un audit du coût des déplacements à Aix (à la fois pour les avocats et les justiciables) devrait être réalisé. Cela me semble un argument massue. Enfin, la première action à envisager est à mon sens la sanction politique pour les amis locaux de Mme Dati (et de l’UMP donc…) et tous ceux qui ne se mobilisent pas réellement pour la Cour d’Appel.

Sian d’Aqui : Quelle structure sera implantée à l’emplacement de l’actuelle gare du sud ?

Philippe Vardon : J’ai un temps pensé que l’installation d’un marché couvert accueillant les commerçants de l’actuel « marché de la Libé » situé sur Joseph Garnier pourrait être une bonne solution. Mais de nombreuses discussions avec les exposants du marché et les commerçants de la rue m’en ont dissuadé. Il faut pourtant un véritable projet d’envergure et de prestige pour cet espace. Cette zone – pourtant très peuplée et placée sur le parcours du tramway – est dépourvue de véritables équipements culturels performants. Nous proposons l’installation d’un complexe culturel, conservant bien entendu la structure actuelle. Ce complexe multiforme et modulable serait un peu l’équivalent dans ce quartier de l’Espace Magnan ou du Théâtre Lino Ventura. On pourrait y imaginer expositions, conférences, concerts et spectacles. Je pense que l’on pourrait installer sur le toit de cet édifice des terrasses avec cafés et restaurants, la location des emplacements permettant de financer une partie des activités. Il y a là-bas une magnifique vue sur la ville !

Sian d’Aqui : Quelle est votre position sur le futur grand stade et quel est le délai de réalisation envisagé ?

Philippe Vardon : Garderen lou Ray ! Pour nous c’est une évidence que le grand stade doit être construit sur l’emplacement de notre Ray bien aimé. C’est l’identité du club qui est en jeu. Le Gym doit rester au cœur de Nice, même si cela s’avère moins rentable pour les actionnaires et contrarie leurs ambitions régionales… En voulant à tout prix opter pour la Plaine, politiques comme gestionnaires du club méconnaissent d’ailleurs totalement la ferveur toute nissarde pour les Aiglons. L’OGCNice est un club profondément niçois, véritable élément de notre patrimoine. Imaginent-ils que d’un coup Cannois ou Toulonnais se mettent à rêver en rouge et noir ? Pensent-ils les voir entonner Nissa la bella avec tout le cœur que nos supporters y mettent à chaque match ? On voit bien le peu de prise sur le réel vécu identitaire du club de cette position. Choisir le Ray c’est aussi choisir un sport à visage humain face au foot-business qui confisque les clubs à leurs supporters. Les travaux devraient en revanche être engagés au plus vite, et à mon sens en travaillant virages par virages.

Sian d’Aqui : Ne trouvez vous pas légitime que Nice devienne capitale de région dans un nouveau découpage ?

Philippe Vardon : Voilà une question ardue. Nice a bien évidemment tout d’une capitale régionale, mais de quelle région ? Prisonnier actuellement de la « PACA » nous ne pouvons discuter ce rôle à Marseille. Certains amis me murmurent une nouvelle région réunissant Alpes-Maritimes et Alpes de Haute-Provence. Malheureusement cet espace n’en serait pas plus cohérent culturellement, les habitants de Haute-Provence se sentant avant tout Provençaux. Le véritable espace qui doit être le nôtre est le Pais Nissart. Espace cohérent sur le plan historique, culturel, linguistique et géographique. Nous penchons ainsi à notre niveau – dans un premier temps – pour la création d’un département Pays Niçois dont la frontière serait le Var. Le département du Var retrouverait ainsi un sens à son nom ( !) et accueillerait Cannes et Grasse, villes provençales qui lui ont été ravies en 1860. Dans ce cadre il me semblerait tout à fait légitime que la région délaisse son nom artificiel pour se nommer dès lors Provence et Pays Niçois, rendant ainsi justice à ses deux composantes. Enfin, le seul espace régional vers lequel nous devons tourner notre regard avec la plus grande attention est à mon sens une euro-région en partenariat avec nos frères de Ligurie italienne.

Sian d’Aqui : Quelles actions envisagez vous en faveur de l’apprentissage de la langue niçoise dans les écoles, collèges, lycées et universités ?

Philippe Vardon : Per li elecioun munichipal, una souleta lista proupousa una mesura councreta per defendre e proumoure la lenga nouòstra e la nouòstra cultura: es la nouostra ! Una cultura que noun se trasmet es una cultura mouòrta.
Aloura que la demanda es de mai en mai empourtenta dins la populacioun e soubretout da lu jouve (per prova la fouòrta augmentacioun dòu noumbre d’estudiant passant la prova de nissart au bacalàure) li respouòsta apourtadi per li institucioun per preservà, valorisà e trasmettre la cultura nissarda noun soun soudisfasendi. Es empourtant que la munichipalità pilha la siéu plaça dins aquesta batalha de la memòria. Proupousèn dounca la creacioun d’un pouòsta d’insegnaire de cultura e de lenga nouòstra (la nouòstra identità noun pòu se coumpendià a la lenga nouòstra) dins cada escola primari de la vila. Dispensant un’oura de cours per classa cada semana e acò emb’una pedagougìa adatada a cada nivèu, menant lu enfan de la cansouneta e de la dansa a l’iniciacioun de la lenga e de l’istoria dòu Pais Nissart -aqueli insegnaire seran fourmat dins lou cadre d’un partenarìa ouriginal e ambicious embè l’Università. Ferèn de Nissa una vila moudela de l’insegnemen dei tradicioun e de la cultura loucal a la scala euroupenca !

Sian d’Aqui : Avez-vous l’intention de poursuivre et ou d’améliorer la célébration des fêtes traditionnelles niçoises ?

Philippe Vardon : Les deux mots y sont : poursuivre et améliorer ! Poursuivre, car le bilan de la municipalité sortante sur ce plan est globalement positif. Il faut reconnaître que le Maire a su s’entourer de personnes compétentes (je pense notamment à l’équipe réunie autour de Dédé Trucchi ou à Hervé Barelli). Améliorer bien entendu, car pour nous on n’en fait jamais assez pour la mémoire et les traditions ! Nous voulons notamment impliquer davantage la population (comités de quartier, écoles, etc.) dans l’organisation de ces fêtes. Car les fêtes traditionnelles niçoises sont avant tout des fêtes populaires !

Sian d’Aqui : Quel avenir pour le carnaval ?

Philippe Vardon : Le Carnaval doit redevenir une fête niçoise, et aussi une fête pour les Niçoises ! Aujourd’hui on a parfois l’impression que les seuls à encore profiter du Carnaval sont les racailles ou les touristes… Dans la continuité de ma réponse à votre question précédente je vous dirai que la population doit se réapproprier le Carnaval. L’effort fait dans ce sens à travers le carnaval indépendant de Saint-Roch est à saluer, mais l’on peut dans le même temps regretté que celui-ci ait été accaparé par l’extrême-gauche et son flot de revendications politiques exotiques. Une fois encore des comités carnavalesques doivent voir le jour dans tous les quartiers (avec un pilotage et une coordination en Mairie) et les écoles doivent vraiment pouvoir jouer un rôle dans celui-ci. Nous voulons un carnaval populaire, un carnaval niçois ! Je suis certain que c’est cette authenticité qui fera à nouveau le succès de cette fête.

Sian d’Aqui : Pensez vous que les lieux d’expression pour la culture niçoise soient suffisants ou satisfaisants ?

Philippe Vardon : Non, bien entendu. Un espace comme le théâtre Francis Gag notamment (de par son emplacement géographique, sa structure, et son nom !) devrait à mon sens être entièrement dédié à la production culturelle nissarde. Si nous voulons voir fleurir des talents, si nous voulons que notre culture (notamment la création en lenga nouostra) se transmette il est primordial que des infrastructures soient à la disposition des associations ou artistes. On ne peut envisager le combat culturel (car il s’agit d’un combat, celui de l’enracinement face au rouleau compresseur de la globalisation, celui de l’identité face à l’uniformisation) sans avoir des lieux d’expression. J’enrage souvent en voyant les subventions délirantes accordées à certaines associations alors que les associations se battant pour la transmission de notre culture peinent à être soutenues… J’aimerais voir éclore une véritable maison de la culture niçoise, qui serait tout sauf un musée. Un lieu de vie et de création au service de la mémoire.

Sian d’Aqui : Quels moyens prévoyez vous de mettre en œuvre pour favoriser la création et la diffusion de la culture niçoise ?

Philippe Vardon : Autant que d’infrastructures, c’est bien de médias (au sens de vecteurs de diffusions) que manque la culture nissarde. Pas de labels musicaux, pas de vrai programme télévisé, pas de site internet centralisant cette diffusion, pas de journaux… Il me semble que la création de tels outils participe pleinement de ce combat culturel dont je parlais plus haut, cette bataille de la mémoire qui doit être une des préoccupations phares de la prochaine municipalité. Car, en entrant dans ce nouveau siècle, nul doute que nous sommes placés face à un véritable choix de société. En gros pour nous le choix s’épelle ainsi : Côte d’Azur ou Pays Niçois ? Il faut que la municipalité prenne tout sa place et ses responsabilités aux côtés des associations et favorise au maximum les partenariats bilatéraux offrant une cogestion entre acteurs privés et acteurs publics, cela me semblant plus sain tant pour la continuité des projets que pour la transparence financière des initiatives. Je pense que ce type de démarche et d’initiatives devrait en premier lieu se concentrer sur la création d’un site internet performant et l’organisation d’un grand événement annuel, une grande « fête de l’identité niçoise ».

Sian d’Aqui : Peut on envisager dans les chartes relatives à l’urbanisme un volet relatif à l’identité niçoise ?

Philippe Vardon : Cela me semble essentiel. On a trop longtemps laissé se développer sur nos terres un urbanisme sans saveur, sans identité. Toute une partie de la ville a été construite de telle façon qu’on pourrait la déplacer dans n’importe quelle grande ville sans que cela choque une seconde ! Et moi, c’est bien cela qui me choque… Défendre,valoriser l’identité de notre pays c’est aussi s’attacher à la préservation et au respect de notre architecture ou de nos trésors naturels. Je pense par exemple au haut-pays qui a vu fleurir d’étranges « villa californiennes » ou des mas provençaux. Et puis demain, au gré des modes, des igloos ou des maisons japonaises ? Tant dans la politique d’urbanisme que dans la délivrance des permis de construire, une attention toute particulière doit être apportée à cette question.

Sian d’Aqui : Quelles sont vos propositions pour promouvoir et valoriser l’identité niçoise ?

Philippe Vardon : Votre questionnaire ma déjà donné l’occasion d’en détailler et expliciter plusieurs. Un des points essentiels me semble vraiment l’investissement populaire, afin que la culture niçoise ne devienne pas la propriété de quelques amateurs ou érudits et continue de disparaître du quotidien des Niçois. C’est pour cela que je défends aussi une généralisation des signalisations, plaques de rue bilingues. La lenga nouostra doit être présente chaque jour dans la vie des habitants de la ville. Rappelant aux Nissarts leur patrimoine et leur Histoire et signalant aux personnes de passage ou celles ayant souhaité s’établir chez nous qu’ils sont sur une terre « différente », fière de ses racines. Des racines qui – pour paraphraser J.R.R. Tolkien – quand elles sont profondes, ne gèlent jamais. Nous sommes de ceux qui pensent que l’on ne peut affronter la modernité qu’en ayant les pieds solidement ancrés dans sa terre, terre faite du sang et de la sueur de nos anciens. Oui face au cauchemar mondialisé, nous préférons nos saveurs, nos accents, nos couleurs. Nous revendiquons – comme chaque peuple en a le droit légitime – la possibilité de vivre en paix, sécurité et liberté sur notre terre, selon nos traditions, au côté de ceux qui nous ressemblent. C’est là tout le sens de l’action politique que nous menons et de la candidature que j’incarnerai lors des élections du 9 mars prochain.

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