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19 avril 2024

Les interviews de Nice-Premium: Anne-Julie Clary (Parti Socialiste)

On sait que l’engagement des femmes en politique est souvent accompagné de quelques réserves. De plus, quand on est jeune et jolie, ces réserves peuvent se multiplier… pour devenir des doutes.
Que fait-elle cette jeune et jolie femme dans la cour des grands ?
C’est la question qu’on se pose … parfois même du bout des lèvres.


clary.jpg Mais notre rencontre avec Anne-Julie Clary, la jeune et volontaire conseillère régionale socialiste, nous a permis de connaître un espoir de la politique azuréenne auquel on pourrait appliquer l’expression latine « nil difficile volenti », tellement cette jeune femme maitrise parfaitement son sujet et donne l’impression que la politique est, pour elle, avant tout une question de devoir personnel.

Nice Premium : Pouvez-vous nous décrire votre profil personnel

AJC : Je suis conseillère régionale, élue dans l’équipe de Michel Vauzelle depuis 2004, déléguée au sport et à la jeunesse depuis les élections de mars 2010. Sur un registre plus personnel, j’ai fait des études de droit avant de travailler dans le secteur de l’économie sociale. J’ai 31 ans, je suis née et vis à Nice, et ma famille est originaire du haut pays.

NP : Quelles ont été les raisons de votre engagement en politique ?

AJC : Je me suis d’abord engagée contre l’extrême droite, précisément au moment des accords entre la droite et le front national dans plusieurs régions en 1998. Je venais tout juste d’avoir le droit de vote et Jospin était Premier ministre. C’est dans la famille socialiste que j’ai trouvé le modèle républicain et le projet politique qui me convenaient, attachés à la justice sociale, l’égalité et la solidarité, et en phase avec la société telle que je la percevais.
L’engagement politique évolue quotidiennement et surtout collectivement, c’est ce qui le rend captivant.

NP : Quelles sont vos considérations sur la politique en général ?

AJC : La politique devrait être l’affaire de tous et pourtant, en ce moment elle semble ne servir que certains… Il est affligeant de voir que le Président de la République se comporte comme le chef de son parti et de son camp et méprise les forces sociales sur un débat aussi fondamental que celui des retraites. Il est insupportable de voir que les banques et les agences de notation dictent l’action des pouvoirs publics comme en ce moment en Irlande… Les citoyens sont exaspérés, et à juste titre, par la tournure des évènements.

Tout cela est vraiment très loin de ma conception de la politique et de la démocratie. La réaction doit être à la hauteur de l’importance du temps politique que nous traversons. Il faut redonner de la crédibilité, du sens et du contenu à l’action politique.

Je sens que c’est la prise de conscience – et l’exigence aussi – des socialistes dans les textes que nous adoptons en ce moment qui serviront pour le projet présidentiel, sur les formes de redistribution des richesses pour avoir de nouveaux outils face à la mondialisation, sur la rénovation et l’exemplarité de la vie politique avec notamment la fin du cumul de mandat, et sur l’égalité réelle avec l’idée qu’il ne peut y avoir de progrès technique et économique sans progrès social et environnemental.

Bref, nous avons besoin d’une politique plus juste, plus proche des citoyens, avec un projet de société tourné vers le progrès de tous et pour tous.

NP : Pouvez-vous nous dire et expliquer les axes régionaux d’activité pour les jeunes et sport

AJC : La région a choisi d’intervenir dans le sport alors que la loi ne nous oblige pas à le faire. Nous avons adopté une délibération en octobre qui réaffirme notre engagement auprès des ligues, comités régionaux, clubs et sportifs pour améliorer encore l’accès au sport dans notre région.

Nous savons que l’engagement de la région est indispensable pour préserver le développement d’un sport accessible à tous et sur tous les territoires alors que le gouvernement fait le choix depuis plusieurs années de réduire les moyens consacrés au sport, laissant le secteur privé envahir certaines disciplines. Nous prenons le raisonnement inverse, c’est justement en période de crise que nous devons être présent là où l’intérêt général en a le plus besoin. L’intervention de la région permet d’aider des milliers de jeunes à pratiquer du sport, de jeunes athlètes, plusieurs centaines de manifestations et d’équipements sportifs de proximité. Un millier d’emplois d’éducateurs sportifs ont été créés grâce au plan régional pour l’emploi.

Quant à la jeunesse, elle est la priorité du projet de Michel Vauzelle. Les jeunes sont les plus fragilisés par la crise. Plutôt que de les pointer comme une menace comme c’est malheureusement trop souvent le cas, nous avons envie de porter une autre ambition pour la jeunesse, être à l’écoute et au fait de ses projets, de ce qu’elle attend de la société.
Plusieurs mesures concrètes vont être déployées à nouveau prochainement pour accompagner l’émancipation et l’autonomie des jeunes, avec des dispositifs sur les compétences légales et les politiques volontaristes, transports, santé, alimentation, logement, culture, sport, mobilité, insertion professionnelle, technologies, service civique…

NP : Et vos considérations sur la situation de la Ville de Nice

AJC : Nice doit être observée par rapport à l’évolution des autres villes françaises, européennes ou méditerranéennes. On y constate que l’action publique a permis l’amélioration de la qualité de vie des habitants : crèches, services aux anciens, sport pour tous, jardins d’enfant, espaces culturels, lieux d’expression pour les jeunes… Nice en est encore très loin et les niçois en pâtissent quotidiennement. Etudier à Nice par exemple n’est pas franchement être étudiant à Montpellier ou à Barcelone…

C’est le témoignage aussi d’associations qui font écho de la détresse sociale et des difficultés de nombreuses personnes à joindre les deux bouts.

Nice a des atouts naturels considérables mais il n’y a pas que la « vitrine » qui compte comme veut le faire croire la municipalité. Nice est une ville qui vit de l’intérieur, et les niçois ont besoin qu’on s’attache à leur bien-être, leur bien vivre, leur potentiel et leur talent.

Anne-Julie Clary préfère de toute évidence « l’exploitation passionnelle » à « la passion triste », suivant la définition chère à Baruch Spinoza dont on connait le concept, central chez le philosophe, du « désir » comme élément moteur de l’action.

Mais dans sa réflexion courageuse et mesurée à la fois, on sent qu’elle est consciente des difficultés de la vie politique, et que souvent la réalité, en citant encore Spinoza, impose la « reconfiguration de nos désirs ». Bref, elle va continuer à entreprendre et oser, tout en sachant que  » la voie est escarpée » (Lao-Tze)

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