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4 mai 2024

La présidence de l’Union Européenne vue par Rudy Salles, Patrick Allemand et Fabien Bénard

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Nice-Premium : Aujourd’hui, 1er Juillet. Ce jour est important pour la France qui prend pour six mois la présidence de l’Europe. Est-ce un jour important pour vous?

jpg_jpg_drapeau_europe.jpgRudy Salles : C’est un jour très important. La France qui a toujours été le moteur de l’Europe doit, en cette circonstance aider l’Europe à surmonter les difficultés du moment. L’engagement Européen du Président de la République est garant du rôle que doit jouer désormais notre pays dans la construction Européenne.

NP : Qu’avez vous pensé du discours de Nicolas Sarkozy lundi soir sur France3?

RS : C’est un discours volontariste. Il a une vision juste de la situation Européenne et est déterminé à ne pas se résoudre à la fatalité défaitiste comme certains le font systématiquement.

NP : « Rupture » et « Choc Salutaire » est-ce pour vous la stratégie à employer pour convertir les Eurosceptiques en Europhiles?

RS : Bien sûr. Comment peut-on se résoudre à entériner le NON Irlandais alors que l’Irlande doit tout à l’Europe. Ce pays était, avant son entrée dans l’Europe, la lanterne rouge, l’un des pays les plus pauvres. C’est aujourd’hui l’un des plus dynamiques et des plus riches. Il faut donc un électrochoc pour faire prendre conscience à ceux qui doutent que notre avenir est au sein de l’Europe et d’une Europe forte et organisée. Il faut ouvrir les yeux: face à la montée de pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Brésil ou la Russie, il y a urgence de voir les Européens s’organiser le plus vite possible.

NP : Comment expliquez-vous le non-irlandais au Traité de Lisbonne et le refus de la Pologne de ratifier le Traité?

RS : Dans tous les référendums, désormais, on répond à la question qu’on ne vous pose pas. Quand les Français ont voté non à la Constitution Européenne, ils ont en réalité voté contre la présidence de Jacques Chirac, contre les négociations avec la Turquie, etc. Aujourd’hui les Irlandais, j’en suis convaincu, ont voté contre l’augmentation du prix du pétrole, contre la baisse du pouvoir d’achat, etc et c’est l’Europe, « bouc émissaire », qui en a fait les frais. Et puis les Gouvernements ont trop tendance à prendre à leur compte ce qui marche et à rejeter de façon totalement injuste ce qui ne marche pas sur l’Europe. Ça n’est pas comme cela qu’on rendra l’Europe populaire.

NP : Pour finir, évoquons Nice et la Méditerranée. Quelle doit être la place de Nice en Europe?

jpg_rudy-salles.jpgRS : Nice est une grande ville Européenne et Méditerranéenne. Notre ville a vocation a accueillir des rencontres internationales, ce qui va être le cas cette année avec la présidence Française. Mais au delà nous souhaitons que Nice puisse accueillir le siège d’organisations internationales et notamment Méditerranéennes. Nous voulons oeuvrer dans ce sens.

NP : Comment concilier Union Méditerranéenne et Union Européenne?

RS : Il n’y a pas de concurrence entre les deux mais de la complémentarité. L’union Méditerranéenne est l’union de pays qui bordent la Méditerranée et qui doivent mieux se connaitre, travailler ensemble pour résoudre les problèmes qu’ils ont en commun, je pense notamment aux problèmes d’environnement. Les enjeux sont majeurs pour l’avenir non seulement de cette région mais pour l’équilibre du monde. La Méditerranée ne doit plus être une ligne de fracture mais un trait d’union entre les peuples.

NP : Que dire aux Niçois qui trouvent Nice très loin de Bruxelles?

RS : Bruxelles est à 1h20 d’avion. Soyons sérieux!


NP : Aujourd’hui, 1er Juillet. Ce jour est important pour la France qui prend pour six mois la présidence de l’Europe. Est-ce un jour important pour vous?

jpg_allemand_meeting_076.jpgune-2.jpgPatrick Allemand : Oui, c’est un jour important pour moi car la construction européenne a été un des moteurs de mon engagement politique. Mais c’est surtout un jour important pour la France. Avec l’Europe des 27 (voire plus dans quelques années), les présidences françaises vont être de plus en plus rares. Mais la France est un grand pays, nous avons encore une autorité morale parce que nous sommes l’un des pays fondateur. Il faut profiter de ces 6 mois pour imprimer notre marque dans une Europe qui, il faut bien l’avouer, est actuellement en crise.

NP : Qu’avez vous pensé du discours de Nicolas Sarkozy lundi soir sur France 3?

Patrick Allemand : J’ai trouvé qu’il a essayé de faire preuve de pédagogie mais Nicolas Sarkozy est visiblement peu inspiré par l’Europe. Sa démonstration était très laborieuse et il est apparu soulagé quand le moment est venu d’aborder les problèmes franco-français.

Sur le fond, je me félicite de l’accent mis sur l’environnement ou de la dénonciation de la hausse des taux d’intérêt par la Banque centrale européenne. Mais j’attends de voir comment cela se traduira dans la réalité face à l’inflexibilité de certains pays et de Jean-Claude Trichet… Je suis par contre déçu par le manque de vision sur un certain nombre de sujets cruciaux tels que la relance de la croissance de la zone euro ou la question sociale.

Cela dit, j’espère très franchement que la présidence française sera un succès car c’est l’intérêt de la France. Et nous, socialistes, devons nous opposer à Nicolas Sarkozy, pas à la France.

NP : « Rupture » et « Choc Salutaire » est-ce pour vous la stratégie à employer pour convertir les Eurosceptiques en Europhiles?

Patrick Allemand : Oui, bien sûr. Tout le monde voit bien qu’il faut une réorientation radicale du rôle de l’Union européenne. Encore faut-il savoir ce que l’on met derrière les termes de rupture et de choc salutaire. Pour ma part, je pense que cela passe par des politiques très concrètes dont les résultats sont visibles et fédérateurs pour tous les citoyens de l’Union. Cela fait plusieurs années qu’on évoque une politique de grands travaux pour relancer la croissance, l’investissement et l’emploi. Ca n’a jamais abouti car les dirigeants nationaux vont dans les instances européennes à reculons et cherchent surtout à ne pas y perdre de voix en recherchant des statu quo indéfendables. Comment avoir une politique ambitieuse sans augmenter significativement le budget européen (- de 1% du PIB européen aujourd’hui) ? Avec une telle attitude, il est clair que les dirigeants européens ne peuvent pas transmettre un enthousiasme débordant aux citoyens de l’Union.

NP : Comment expliquez-vous le non-irlandais au Traité de Lisbonne et le refus de la Pologne de ratifier le Traité?

Patrick Allemand : En ce qui concerne, l’Irlande, ce vote apparaît paradoxal parce que ce pays est justement la plus belle « success story » de l’Europe tant elle a bénéficié des politiques et des fonds de l’Union. Et c’est peut-être justement parce que les Irlandais sont satisfaits de l’Union actuelle qu’ils ne voulaient rien changer, d’autant que certains sujets comme l’avortement sont venus parasiter le scrutin. Mais il est évident que le « Non » irlandais est également une illustration de ce que je viens de vous dire sur le manque d’ambition des dirigeants européens, dans leurs discours comme dans leurs actes.

Le refus de la Pologne de ratifier le traité est un peu différent car il n’est pas consécutif à un référendum mais il est lui aussi révélateur des égoïsmes nationaux et des calculs politiciens. Le traité de Lisbonne est moins favorable que celui de Nice pour la Pologne et par ailleurs le président Kaczynski, qui est très américanophile, pense que l’intérêt de son pays est dans l’OTAN plutôt que dans une défense européenne. Je pense aussi que le chef de l’Etat polonais, qui vient de perdre les élections législatives, tente de surfer sur la vague d’eurosceptisisme qui a atteint la Pologne. L’Europe a toujours bon dos quand on est en quête de popularité.

NP : Pour finir, évoquons Nice et la Méditerranée. Quelle doit être la place de Nice en Europe?

Patrick Allemand : Nice a le potentiel pour devenir une des villes qui compte en Europe à l’image de ce qu’a réussi Barcelone en deux décennies. Elle a d’abord un indéniable potentiel touristique, mais encore faut-il diversifier l’offre et ne pas se contenter d’être simplement le « bronze-fesse » de l’Europe car nous serons bientôt dépassés sur ce créneau. Cela passe par la valorisation de notre patrimoine culturel et par une relance du tourisme d’affaire.

Il faut surtout désenclaver Nice, et pas seulement vis-à-vis de Paris car je pense que si Nice a une vocation européenne c’est de par sa situation stratégique dans l’arc méditerranéen. Bien sûr, la LGV Nice-Paris en 3H30 est une excellente chose, mais je rêve d’une LGV Barcelone-Nice-Gènes, et plus tard Barcelone-Nice-Turin qui rendrait Nice incontournable et immensément attractive pour les investisseurs.

NP : Comment concilier Union Méditerranéenne et Union Européenne?

Patrick Allemand : En s’assurant du soutien de nos partenaires européens, en leur expliquant l’utilité pour toute l’Europe de la création d’une Union méditerranéenne avant de communiquer de façon intempestive. Bref, tout le contraire de ce qu’a fait Nicolas Sarkozy en s’aliénant le soutien de Mme Merkel et de nos principaux partenaires européens pour avoir monté et annoncé ce projet dans leur dos. C’est Nicolas Sarkozy, par ces maladresses successives qui a plombé ce projet qui est pourtant un beau projet. A notre niveau, en région PACA, Michel Vauzelle œuvre aux fondations de cette Union en multipliant les conventions de coopération décentralisées avec des régions méditerranéennes.

NP : Que dire aux Niçois qui trouvent Nice très loin de Bruxelles?

Patrick Allemand : Je leur dirais qu’à l’échelle de l’Europe, nous sommes plus proches de Bruxelles que nous le sommes de Paris en France. En Europe, nous ne sommes plus ce bout de terre enclavée en bas à droite. Nous nous trouvons en plein coeur d’un axe méditerranéen au potentiel économique et culturel immense. Il y a tout à gagner de l’Europe pour Nice. Mais il faudra se montrer à la hauteur des enjeux.


NP : Aujourd’hui, 1er Juillet. Ce jour est important pour la
France qui prend pour six mois la présidence de l’Europe.
Est-ce un jour important pour vous?

jpg_jpg_benard.jpgFabien Bénard : C’est effectivement un jour important, non pas seulement
pour moi, mais pour
tous les Français, et j’ose dire pour tous les Niçois.

NP : Qu’avez vous pensé du discours de Nicolas Sarkozy lundi
soir sur France3 ?

Fabien Bénard : Comme à son habitude, le Président s’est montré
volontariste. Or ce qui
importe à mes yeux est la volonté de rassembler, qui passe
par la recherche du consensus. C’est, je le concède, assez
difficile étant donné
le passé jugé « arrogant » de la France en Europe, mais c’est
la seule voie
vers le dénouement
d’une crise institutionnelle.

NP : « Rupture » et « Choc Salutaire » est-ce pour vous la
stratégie à employer pour convertir les Eurosceptiques en
Europhiles?

Fabien Bénard :L’électrochoc s’est avéré un remède peu efficace. La
stratégie de Jean Monnet
de « petits pas » au moyen d’accords concrets entre
gouvernements, et non pas la méthode Delors à coups de
directives de la Commission me semble plus adaptée aux
circonstances actuelles.

NP : Comment expliquez-vous le non-irlandais au Traité de
Lisbonne et le refus de la Pologne de ratifier le Traité?

Fabien Bénard :Parce que tout simplement, le Traité de Lisbonne essaie
maladroitement de
« corriger » le Traité de Nice qui, de l’avis général, était
un mauvais Traité. Si
l’on voulait obtenir l’assentiment des Européens, à la fois
les peuples ET les
Gouvernements, il fallait reprendre à zéro TOUTE la copie.
Là encore, je concède que ce n’était pas facile, mais la
facilité n’est pas
toujours la bonne solution. Mon prof’ de maths insistait
pour que la solution
soit toujours élégante; ni le Traité de Nice, ni celui de
Lisbonne ne sont
élégants.

NP : Pour finir, évoquons Nice et la Méditerranée. Quelle doit
être la place de Nice en Europe?

Fabien Bénard :Vaste question. Nice est à peu près au sommet d’un arc
reliant Barcelone à Naples. Notre ville est donc un point de
convergence de la
Méditerranée occidentale. Elle n’est pas idéalement située
pour faire fonction de « porte d’entrée » des voies
commerciales Maghreb-Europe; Marseille est mieux qualifiée
pour ça. Par contre, elle peut fort bien jouer le rôle de
siège des discussions pour les pays riverains de
Méditerranée occidentale: les
petits pas concrets chers à Jean Monnet s’imposent là encore.

NP : Comment concilier Union Méditerranéenne et Union Européenne?

Fabien Bénard :Par une doctrine vieille comme le Monde: les cercles
sécants. L’Union
Européenne et l’Union Méditerranéenne ont des intérêts
communs ET des intérêts divergents. Mettre en avant les
intérêts communs sera plus
facile au sein d’une Union régionale dont les points communs
sont évidents. Cette « passerelle » permettra en outre de
diminuer l’effet centrifuge des
intérêts divergents: plus que jamais, nous avons besoin de
ce qui rassemble, à la veille d’un « choc des civilisations »
que personne, au fond, ne veut, mais qui
semble assez inévitable.

NP : Que dire aux Niçois qui trouvent Nice très loin de
Bruxelles?

Fabien Bénard :D’abord que Nice n’est pas seulement « loin de Bruxelles », ce
qui est une
connotation rejetant des fautes sur l’étranger, mais AUSSI
de Strasbourg, qui
lui indique clairement l’implication de NOTRE Gouvernement
dans les décisions
européennes.
Ensuite que l’Union, quoi qu’on en pense, met à la
disposition des
pays membres, des collectivités territoriales et même des
individus, des AIDES.
Or « Bruxelles » constate régulièrement un « déficit de
demandes » en provenance des « pays historiques », en notamment
de la France.
Nice PEUT demander des aides européennes, mais le
fait-elle vraiment et dans toute la gamme des aides possible?

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