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4 mai 2024

L’Eurodéputé Liêm Hoang Ngoc rencontre les militants socialistes niçois

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jpg_liem.jpg Au menu, vue l’heure qui aurait plutôt recommandé de prendre un bon dîner, les militants étaient venus « boire » les paroles de l’économiste d’origine vietnamienne et actuellement député européen, Liêm Hoang Ngoc, qui est aussi Vice-Secrétaire National à l’Economie pour le Parti Socialiste.

Deux heures plus tard, et autant de relations et de discussions avec plus d’une centaine de membres des différentes sections de la Fédération du Parti Socialiste de Nice, nous en avons profité pour interviewer Liém Hoang Ngoc sur la situation économique et financière actuelle.

Nice Premium : Professeur Liêm Hoang Ngoc, quelle est votre opinion quant à la situation financière actuelle. On pensait avoir tourné la page après la crise de 2008/2009 et nous voici encore dans la tourmente.

LHN: Effectivement la situation est loin de s’être apaisée. La spéculation est revenue plus forte que jamais sur les marchés financiers et les autorités politiques n’ont pas su réagir avec la nécessaire rapidité que le contexte exigeait. C’est comme une maladie? Si le traitement appliqué n’est pas approprié, la maladie progresse et ensuite, tout devient beaucoup plus difficile.

Je pense que la BCE aurait dû réagir comme la Federal Reserve l’a fait aux USA à l’automne 2008, c’est-à-dire acheter les titres et les obligations de l’Etat grec à taux zéro de manière à le soutenir avant que la spéculation n’investisse son économie et ne l’oblige à accepter les conditions draconiennes de la BCE et du FMI qui empêcheront la reprise économique de ce pays pour plusieurs années.
Maintenant tout le monde voit l’economie grecque à l’agonie mais cela ne correspond pas à la réalité. Après la crise de 2008, tout le monde en est sorti affaibli et ceci s’est révélé d’autant plus vrai pour les moins forts, parmi lesquels la Grèce. C’est pour cela que la BCE aurait dû intervenir et ne pas laisser la Grèce toute seule face à la spéculation, plus déchaînée que jamais.

N-P: Il y a un évident déficit de solidarité dans l’action européenne. Les Etats forts auraient dû ou devraient aider davantage les pays faibles. Ce serait aussi dans leur intérêt.

LHN: Tout à fait. Le raisonnement est simple. Les économies européennes se tiennent puisque elles agissent sur les mêmes marchés et avec la même monnaie. Donc s’il y a une économie forte, c’est parce qu’il y en a une faible.

Affaiblir la faible ne la rend pas plus forte mais la prive, au contraire, de marchés qui font probablement sa force.
Il n’y aura pas d’Europe prospère sans que les Etats du Nord aident ceux du Sud à combler, au moins partiellement, leur retard.
L’intérêt doit être général et l’égalisation ou au moins l’élimination des différences les plus marquées doit être faite vers le haut.

N-P: Donc plus d’Europe « fédérale » et moins de Conseil d’Europe des Présidents et des Chefs de Gouvernement…

LHN: L’absence d’initiative politique de la Commission est frappante. Ce sont les Présidents des états les plus forts qui font les propositions et prennent les décisions.
Pendant la crise de la Grèce avons-nous entendu parler M. Barroso ?
On se demandait tous ce qu’aurait fait Madame Merkel laquelle, naturellement, prend ses décisions en fonction des problèmes et des intérêts de l’Allemagne et de ses électeurs.

N-P: Votre prévision pour le futur proche…

LHN: il est évident que les marchés sont en train de se tromper encore une fois. Alors qu’ il y a deux ans, on avait sous-estimé la situation de l’économie américaine qui par son endettement fut à l’origine de la crise financière mondiale, aujourd’hui ils font la même erreur mais dans le sens inverse : la Grèce n’est pas en si mauvaise posture qu’on le croit et encore moins l’Espagne et le Portugal qui semblent être les prochaines cibles des spéculateurs. Ce sont des pays en difficultés mais tout à fait capables de mettre de l’ordre dans leur comptes sans devoir se plier aux conditions que le FMI tout comme la BCE leur ont imposés ou leur imposeront.
Une exit-stratégie trop anticipée aura un effet négatif sur le moyen terme et empêchera une reprise plus solide.

N-P: Et la France? A-t-elle bien negocié le virage de la crise ?

LHN: Très franchement, certaines erreurs qui ont été commises me paraissent flagrantes mais notre pays est économiquement fort par rapports à d’autres et la spéculation préfère attaquer des pays plus faibles plutôt que de prendre le risque de se confronter à des adversaires plus coriaces.

Mais, je le répète, ce qui compte aujourd’hui, c’est l’état de santé genéral de notre économie parce que sans la création de richesses, on ne va pas nulle part.

Le problème numéro 1 de la France est plutôt celui d’une redistribution inégale de la richesse produite, dont une part trop importante va à la rémunération du capital quand une autre, de moins en moins importante ces derniers temps, va au travail.
Tout le monde sait que la création de richesses vient principalemnt de la consommation des classe inférieures et moyennes. Au contraire, en France, nous avons favorisé les classes plus aisées.
Ce n’est pas seulement un problème de justice sociale mais aussi de santé économique.

Voici pourquoi le Parti Socialiste doit faire des propositions incisives dans ce sens et les expliquer à l’opinion publique. Le libéralisme économique a fait faillite, il est temps de revenir à une économie plus solidaire dans l’intérêt de tous.

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