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29 avril 2024

Eclatée, recomposée, monoparentale ou homoparentale : sacrée famille !

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La modernité va-t-elle avoir raison de la famille traditionnelle ? Les apparences peuvent être singulièrement trompeuses en la matière : si plus d’un mariage sur deux se termine effectivement par un divorce, le modèle de la famille hétérosexuelle conserve paradoxalement une influence dominante. Familles recomposées après une séparation ou un divorce, familles monoparentales à la suite d’un désir d’enfant non assumé par l’un des partenaires, nouvelles parentalités esquissées autour de couples d’homosexuels ou de lesbiennes, toujours est-il qu’une empreinte inconsciente semble s’imposer dans le choix de ceux et de celles qui vivent ces relations au jour le jour, même sous des formes rénovées : un couple de parents qui élèvent des enfants. Certes, les motivations peuvent diverger d’une famille à une autre. Certaines souhaitent « réparer » les « dégâts causés » par une expérience antérieure et tenter de se dégager d’une angoisse culpabilisante vis-à-vis des enfants issus d’une première union. D’autres visent à répliquer une histoire, heureuse ou pas, au souvenir de laquelle s’attache un affect spécifique. Certains s’y soumettent aussi par crainte de marginalité sociale.

En dépit du caractère novateur de ces situations dont il est difficile, par manque de recul, d’apprécier toutes les conséquences pour les enfants, une série de trois évolutions encourageantes mérite d’être signalée. Les récentes études sur ces « nouvelles parentalités » laissent tout d’abord à penser que les « enfants élevés dans un tel contexte ne diffèrent pas notablement des autres du point de vue de leur développement psychique et de leur identité sexuelle ». En clair, les troubles psychologiques n’y surgissent pas en nombre et en fréquence supérieurs par rapport aux familles traditionnelles. Le temps permettra de confirmer ou d’infirmer ces résultats initiaux. Ensuite, et c’est un autre paradoxe, le désir d’enfant chez ces nouveaux couples semble davantage mûri afin d’éviter de reproduire les « erreurs passées ». Phénomène accentué chez les « homoparents », en nombre croissant, et dont la réflexion sur ce souhait de donner la vie est nettement plus approfondie que chez les parents hétérosexuels. A ce titre, il n’est pas inutile de rappeler les catastrophes mentales -régulièrement racontées sur le divan- que représente pour tout être humain le fait d’avoir été conçu sans désir. Enfin, le plus frappant réside sans doute dans l’extraordinaire capacité des enfants à faire preuve d’une surprenante inventivité pour créer, à leur manière, des liens affectifs, des « repères transfamiliaux » avec les « nouveaux venus » dans leur environnement : usage de diminutifs affectueux fondés sur des lieux ou des événements auxquels ils associent ces « nouveaux parents », apparition de nouveaux « oncles » et « tantes » au grand dam des tenants officiels du titre, autant d’éléments destinés à personnaliser leur relation avec cet entourage inconnu et à suppléer à ce qui lui fait défaut : une histoire commune et d’origine. Ces « relations d’objet », pour citer un vocable freudien, apportent la preuve de la bonne dynamique inconsciente régissant les interactions entre les individus. D’où l’importance, soulignée par tous les spécialistes, de permettre à ces enfants de puiser des identifications en ouvrant largement leurs relations au-delà du seul cercle familial.

jpg_jpg_famille_toiok.jpgComment éduquer des enfants qui ne sont pas les siens ? Et comment comprendre ces raisons qui poussent à vouloir coûte que coûte reconstruire une famille après avoir précédemment vécu un échec. Plutôt que de formuler des réponses par écrit, deux auteurs ont décidé de faire partager leurs réflexions et leur expérience sous la forme d’une bande dessinée. Un ouvrage inventif et original. Jacques Braunstein et Domitille Collardey, « Famille, recompose-toi ! », Hachette Littérature, 2008, 95 p. 16 euros.

jpg_jpg_tempeteok.jpgAucune question n’est laissée de côté dans cet ouvrage : statut du beau-parent, légalisation du mariage homosexuel, gestation pour autrui, statut de l’embryon. Autant de thèmes d’actualité et sensibles que ce psychiatre et psychanalyste n’hésite pas à aborder en étayant ses réflexions sur son opinion et son expérience personnelles. Une approche de la « filiation » qui ne manque pas de faire débat mais qui éclaire amplement les interrogations de notre société. Dr Christian Flavigny, « Avis de tempête sur la famille », Albin Michel, 2009, 210 p, 15,90 euros.

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