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3 mai 2024

Débat télévisé : Ebats et dégats entre Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal

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sarkozy_044.jpgune_debat.jpg On se souvient des débats de 1974, 1981 et 1988 où le futur président avait justifié sa future élection en se montrant plus incisif, plus à l’aise. On s’inquiétait alors avant le débat pour Ségolène Royal devant faire front face à l’impulsif Sarkozy. On se demandait si le débat serait aussi ennuyeux qu’en 1995 où l’élection semblait jouée entre Jacques Chirac et Lionel Jospin.

Mercredi soir, même si Nicolas Sarkozy a multiplié les « Vous avez raison » tout en lui adressant une sortie flatteuse, plus que deux personnes, se sont deux projets qui se sont opposés. Deux projets d’avenir reposant sur des doctrines différentes et osons le mot doctrine. Il s’est révélé à l’évocation du thème du travail, des 35 heures et des retraites. Avec cette césure, il est impossible pour l’un ou pour l’autre d’avoir convaincu une partie de l’électorat adverse. Sur ce point, Ségolène Royal a perdu. Elle était, des deux, celle qui avait le plus besoin de gagner des voix sur l’autre. En tailleur noir et blanc et son col se refusant d’être complètement maoïste, Ségolène Royal, les mains à plat sur la table, lisant ses fiches et prenant des notes n’a eu de cesse de regarder son adversaire. Elle épiait ses éventuelles fautes, ses possibles agacements. Nicolas Sarkozy, sobrement installé dans un costume bleu marine, a eu la particularité de ne s’adresser pas seulement à Ségolène Royal mais aussi à Patrick Poivre d’Arvor. Il gardait les mains jointes sur la table. Avec ces deux parfaits connaisseurs de l’image télévisuelle, nul doute que les deux attitudes étaient volontaires et calculées.

Sur les prises de paroles, là aussi, on a vu deux styles différents. Nicolas Sarkozy s’est montré plus calme et posé. Il a le plus souvent laissé dire Ségolène Royal pour la contrer en lui réclamant plus de précisions. Ségolène Royal a été offensive et mordante et a provoqué les justifications de Sarkozy sur son bilan. En s’autorisant à la caricature, on dira qu’on a vu débattre une assistante sociale face à un chef d’entreprise. Chaque camp est conforté après le débat. Les pros Sarkozy restent pro Sarkozy et les pros Royal demeurent pros Royal.

Le moment fort du débat, celui que l’on va retenir est lorsque Ségolène Royal a répliqué violemment index levé sur le projet de Nicolas Sarkozy concernant la scolarisation des enfants handicapés. La « Colère saine » a répondu au summum de l’immoralité politique. « Non je ne me calmerais pas… il y a des colères qui sont parfaitement saines. » Une saine colère stratégique. La stratégie du candidat de l’UMP s’est manifestée par un tambour de questions. segonice_044.jpgdebatune.jpg Il a ciblé une brèche, une fissure dans la campagne de Ségolène Royal : son compagnon et premier secrétaire du PS François Hollande. Défaut également identifié sous forme de boutade par Arnaud Montebourg, porte parole du PS. Extrait :

Nicolas Sarkozy : Sur l’idée de François Hollande de créer une CSG supplémentaire…

Ségolène Royal: Vous ferez un débat avec François Hollande quand vous le souhaiterez.

Nicolas Sarkozy: Cela ne vous engage pas?

Ségolène Royal: Non.

Nicolas Sarkozy: Très bien, il sera content de l’apprendre, j’aurai au moins facilité cela.

Un vrai débat ou faux débat de fond ? Les avis sont partagés. Les concurrents n’ont rien lâché. La demande de détails, être pointilleux sur les sujets relevaient plus d’un débat entre chef de gouvernement qu’entre futur président. Il est vrai qu’on ne peut pas demander à des candidats de tout savoir sur tout. Ségolène Royal s’est réfugié dans sa méthodologie de consultation et de discussion avec les partenaires sociaux. Nicolas Sarkozy, lui, a souhaité être précis, prenant ainsi un risque de ne pas pouvoir tenir ses engagements tout en promettant de faire tout ce qu’il annonçait et en s’obligeant de rendre des comptes devant les Français. Courageux. Il s’est exposé sur le nucléaire. Il s’est trompé sur l’EPR, projet qu’il avait pourtant défendu devant l’assemblée. Il a assuré qu’EPR appartenait à la 4ème génération de réacteurs nucléaires. Mauvaise réponse. C’était la troisième. A la question : «Savez-vous quelle est la part du nucléaire dans la consommation d’électricité en France ? » Il a assuré que c’était 50%. Elle a assuré que c’était 17%. sarko-royal-6-2.jpg Mauvaises réponses et manque de rigueur. Le Ministère des Finances donne la réponse en statistiques : 17% de la consommation globale d’énergie en France est d’origine nucléaire, 88% de la consommation brute d’électricité primaire est nucléaire et 78,1% de part de la production totale nette en France en 2006. Sur ces erreurs, les deux camps et leurs partisans se défendent pour rectifier le tir.

Nice-Premium se gardera de décerner une palme au meilleur débatteur. Deux attitudes se sont opposées à la fois sur le fond et sur la forme. Chacun des 20 millions de téléspectateurs décidera selon sa conviction personnelle, son envie et sa vision pour la France, qui des deux a le mieux répondu à ses attentes.

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