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27 avril 2024

Europe: les raisons de la colère

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L’Histoire nous avait prévenus. Les crises économiques graves entrainent chômage et appauvrissement, qui créent des désordres sociaux, lesquels engendrent de violents déséquilibres ou fractures politiques. Les crises, financière puis économique, qui se sont abattues sur l’Europe, reproduisent ce schéma.

europe-21.jpg En mai 2012, les deux partis traditionnels de gauche et de droite, qui se partageaient le pouvoir depuis 1975 en Grèce, ont été contournés à l’extrême gauche et surtout à l’extrême droite par des partis qui promettent une stratégie de désordre politique, en affichant leur mépris de la démocratie.

Les 24 et 25 février 2013, l’Italie lui a donc emboité le pas. C’est une nouvelle exécrable pour la péninsule, et c’est une redoutable sonnette d’alarme pour l’Europe.

Après quelques mois de répit, l’UE voit donc entrer par la grande porte une crise politique dangereuse. Elle succède, dans la troisième économie de la zone euro, à un affaissement économique du continent, après de multiples attaques contre l’euro au motif de graves déficits publics. La secousse est extrêmement sérieuse, parce que son choc réclame une remise en cause.

La première leçon, c’est que si la rigueur semble indispensable au redressement des finances publiques des pays du Sud, son administration fait vomir ses citoyens, comme les enfants régurgitaient autrefois l’huile de foie de morue. La rigueur comme seul remède pourrait finir par gangrener le système européen. Non pas qu’il faille renoncer à cette rigueur, mais il faut l’accompagner d’un avenir.

La deuxième leçon, c’est qu’il n’y a pas d’envie perceptible par les populations s’il n’y a pas un effort exceptionnel d’investissement dans les métiers de demain, notamment à destination des jeunes, qui sont les premiers grands sacrifiés d’une construction qui leur était pourtant destinée.

De ce point de vue, ce qui nous est proposé comme perspectives budgétaires 2014-2020 est dramatiquement rachitique. Où sont les ressources propres qui devaient être suffisamment confortables pour engendrer une relance européenne salvatrice ? Où sont les affectations financières suffisamment crédibles à l’échelle mondiale pour que l’Europe devienne le continent de la recherche en biotechnologie, en nanotechnologie, en travaux cognitifs et en industrie numérique ?

Mais deux leçons plus magistrales encore résonnent méchamment à nos oreilles :

A quinze mois des élections européennes, il est indispensable que les Chefs d’Etat et de Gouvernement cessent de jouer au chat et à la souris ; qu’ils ouvrent le dossier fiscal des entreprises et le dossier social des travailleurs européens. Les unes comme les autres perçoivent la construction du continent davantage comme une conjuration capitalistique que comme une promesse du bien-être populaire tant évoqué. Il faut donc absolument engager une politique européenne qui s’occupe du célèbre « facteur-travail », le capital financier étant, lui, accompagné depuis des décennies. On ne peut pas faire l’Europe en dépit de ceux qui produisent sa richesse, et encore moins contre eux.

Par ailleurs, il n’est plus supportable de gouverner l’Europe à l’aune des intérêts nationaux, ni de parler de l’Europe à voix basse comme une sorte d’adultère qui insulterait la souveraineté nationale des pays membres.

Ne sous-estimons pas les déflagrations politiques grecques et italiennes, sans compter celles qui rampent au Portugal et en Espagne, notamment. Tous les gouvernants et tous les responsables savent, de façon sure que les pays membres de l’UE sont exposés à devenir des cantons dans la mondialisation s’ils ne s’unissent pas au sein d’une construction européenne simplifiée mais gouvernée.

Aux Beppe Grillo, qui, sans avoir son humour grinçant, florissent un peu partout, il faut répondre par un projet démocratique simple, mais qui dit les choses, qui ne reste pas au milieu du gué.

Ce continent s’écroulera, ses forces s’éparpilleront et nous serons vassalisés si nous n’organisons pas de toute urgence un gouvernement politique au moins dédié à quelques questions régaliennes qui conditionnent notre futur proche. Faute de quoi, j’en ai bien peur, cet avenir tombera entre les mains de dangereux démagogues qui déjà s’offrent un peu partout en Europe, vitrines et pignon sur rue. La phrase est connue : « [Les peuples] qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à la revivre. »

Jean-Marie CAVADA, Député européen, Président du Mouvement Européen-France

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