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4 mai 2024

Interview : Michel Mayor, retour sur une carrière scientifique passionnée

 

Prix Nobel de physique en 2019, l’astrophysicien suisse était à Nice hier, pour y tenir une conférence sur l’astronomie. L’occasion de revenir sur son parcours remarquable, animé par une passion éclatante.

Né en Suisse, dans le Canton de Vaud, il étudie en premier la physique à l’université de Lausanne puis se penche vers l’astrophysique à Genève quelques années plus tard. Il effectue sa thèse de doctorat sur la structure spirale des galaxies. Ce travail est un des éléments déclencheurs de sa passion pour l’astronomie et le Cosmos, qui le mèneront notamment à étudier le mouvement des étoiles. Professeur d’université, directeur de l’Observatoire de Genève, l’octogénaire a eu un parcours mouvementé. Depuis les années 2010, Mayor est à la retraite mais continue certains travaux. Comme pour sa participation dans la découverte de la première planète extrasolaire, qui lui vaudra un prix Nobel de physique, en 2019.  

D’où vous est venue cette passion pour l’astronomie ?  

Au risque de vous décevoir, enfant j’étais bien plus passionné par la science que par l’astronomie. Lorsque j’ai fait de la physique théorique, et fini diplômé, j’ai eu la chance d’avoir une place dans ce domaine. J’ai curieusement essayé, ça m’a plus, alors je suis resté. C’est aussi simple que ça.  

Vous avez obtenu un prix Nobel de physique en 2019, qu’est-ce que cela représente pour vous ?  

Évidemment, c’est impossible de dire que j’y suis indifférent, au regard de ce que ce prix représente. Parmi tous les prix scientifiques, je ne pense pas qu’il soit égalé, le Nobel est quand même d’un cran supérieur. C’est bien sûr une grande fierté, d’être reconnu pour notre travail, surtout après 24 ans. Il faut savoir qu’ils ne le remettent souvent qu’une trentaine d’année après, pour être sûr que les recherchent aient un réel impact. Pour nous c’est le cas, puisque aujourd’hui, des milliers de personnes travaillent sur les planètes extrasolaires. 

Au vu de l’importance que la ville de Nice accorde à l’enseignement et au partage du savoir en astronomie, pensez-vous que cela devrait être le cas partout ailleurs ?  

C’est très important d’y penser, parce que l’enseignement d’astronomie n’existait pas avant, en tout cas à mon époque. De nos jours, on est abreuvé de superbes émissions qui stimulent notre intérêt pour l’astronomie, bien que ce ne soit pas équivalent à un cours. L’avantage d’une classe est d’apporter un cadre à l’enseignement. En effet, je pense qu’il serait bien de trouver un créneau pour en apprendre davantage aux jeunes, d’autant plus que c’est un domaine très intéressant, et beaucoup partagent mon avis.  

En vue de vos nombreuses conférences, vous devez avoir des détracteurs susceptibles de contredire vos idées, qu’est-ce que vous pensez d’eux ?  

Je dois être chanceux, privilégié même parce que j’en ai très peu. C’est très rare, ça a dû m’arriver peut-être une fois ou deux que l’on me demande “à quoi ça sert” par exemple. C’est vraiment minimaliste.  

En quoi notre société a-t-elle besoin de la science de nos jours ?   

Je pense que la société serait d’une tristesse effrayante si l’on perdait l’intérêt que l’on a pour la science, et même lorsqu’on fait des recherches sur des choses qui ne sont pas vitales. Ce serait mauvais de ne considérer que ce qui est utile, car c’est toujours très cultivant de savoir de quoi sont composées les étoiles, sachant qu’elles sont tous les jours au-dessus de nos têtes, par exemple.  

Vous qui avez étudié les deux, la science et l’astronomie sont-elles alors complémentaires ?  

C’est une question à réponse évidente puisque la société dépend de manière lourde et évidente de la science fondamentale. Elle a amené aux plus grandes avancées et nouvelles technologies d’aujourd’hui. Lorsque Carl Runge a étudié l’impact des électrons sur une couche de phosphore, il n’a pas pensé qu’on en ferait des radiographies d’os cassés, au même titre que la relativité générale d’Einstein qui a mené aux GPS d’aujourd’hui. C’est partout et tout le temps. 

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