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28 avril 2024

Le Printemps des Arts de Monaco fête ses 25 ans !

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Si «l’hirondelle ne fait pas le printemps » ce sont les Arts et majoritairement la musique qui le font à Monaco – même au-delà- depuis 25 ans, c’est le « Printemps des Arts ! » La mutation annuelle a connu un nouveau chemin il y a cinq ans avec l’arrivée de Marc Monnet, compositeur à part dans la musique contemporaine et qui ne veut pas être cantonné dans un secteur. Il veut continuer à surprendre dans ses œuvres et cette démarche s’est traduite dans son rôle de directeur artistique de ce Festival.

Marc Monnet et Francesco Filidei à la Fondation Hartung d'Antibes (Photo Philippe Dejardin)
Marc Monnet et Francesco Filidei à la Fondation Hartung d’Antibes (Photo Philippe Dejardin)

Continuer à « fouetter gentiment mais efficacement ce Printemps des Arts », proposer une musique vivante qui peut aller sans complexe du XIe au XXIe siècle et même dépasser les frontières de l’Europe, Marc Monnet et son équipe veulent poursuivre sur ce nouveau chemin musical. Un chemin qui a pu surprendre et qui va encore nous conduire sur quelques sentiers encore plus innovants.

Nous l’avions rencontré lors du dernier « Jeudi à la Fondation Hartung » à Antibes, la première nouveauté de ce 25e festival, dans un cadre très reposant et détendu, avant la découverte d’un jeune compositeur italien Francesco Filidei venu évoquer sa création mondiale « N.N » qui sera jouée en clôture le 18 avril au Musée océanographique de Monaco.

Nice-Premium : Lors de la présentation de ce 25e Printemps des Arts, vous aviez dit que ce « festival avait besoin d’être bousculé ? »

Marc Monnet : C’était dans le sens de bousculer les habitudes. Nous avons les mauvais réflexes des habitudes. Si on ne les remet pas en cause, finalement ce sont elles qui nous envahissent. Le Festival a créé beaucoup de choses pendant ces vingt ans avant que je n’arrive, c’est évident. J’ai apporté autre chose qui m’était d’ailleurs demandée, trouver une énergie nouvelle par rapport à une institution qui commençait à prendre un « certain âge ». Toute institution a besoin de sang neuf, c’est ce que j’ai essayé de faire et je ne sais pas si j’y ai réussi.

N.P : Le premier indice n’est-il pas la fréquentation ?

M.M : Je constate que l’on a beaucoup de public. Pour moi c’est la seule récompense importante parce que je ne pense pas que nous ayons fait des programmations démagogiques. Ce qui m’importe ce n’est pas d’avoir 200.000 personnes, c’est de toucher un nombre important oui, qui progresse, mais de manière profonde et de façon durable.

N.P : Vous avez envie d’étonner, de faire découvrir d’autres pistes que l’on n’aurait pas forcément eu l’idée d’emprunter ?

M.M : Ce qui fait bouger les choses, ce n’est pas moi mais la musique. C’est étonnant ce qui a pu se faire dans la musique à travers les siècles. On a eu tout le temps des gens qui ont déplacé des montagnes. J’ai envie de faire sentir au public (il insiste une nouvelle fois sur le verbe) qu’un concert peut l’activer intérieurement pour lui donner envie de découvrir d’autres musiques. C’est cela mon objectif.

N.P : Dans votre démarche « Hors les murs », vous avez choisi de faire venir trois fois de suite le Quatuor Parisii, une raison particulière ?

Le ballon qui permet de s'éléver dans la musique (Photo Philippe Dejardin)
Le ballon qui permet de s’éléver dans la musique (Photo Philippe Dejardin)

M.M : C’est un très bon quatuor qui existe depuis plusieurs années avec une grosse discographie. Chaque année, j’aime bien faire répéter les choses. Chaque année on a des musiciens qui prennent de l’importance – à un moment donné- dans le festival. Je pense que c’est bien pour le public qui peut se rendre compte de ce qu’ils sont capables de faire, de ce qu’il peut entendre avec eux. Ce sera également le cas avec le Quatuor Zehetmair cette année. Le Quatuor Parisii joue ses airs entièrement par cœur, c’est très rare et je n’en connais pas d’autre, c’est un répertoire étonnant.

N.P : Trois concerts de ce même quatuor mais dans trois lieux différents. C’est la première coopération intercommunale concernant le Printemps des Arts ?

M.M : Absolument et j’espère qu’elle va s’amplifier. Comme dans une maison, c’est mieux de bien s’entendre avec ses voisins. Nous avons des voisins importants et Monaco ne peut vivre qu’avec ses voisins. Grâce à cela, nous avons aussi une augmentation de moyens et c’est important de s’associer pour la bonne cause.

N.P : Vous avez également mis l’accent sur Schubert avec 5 soirées.

M.M : Depuis cinq ans, j’essaie de faire des regards sur les compositeurs et j’aime beaucoup les monographies. C’est mieux pour rentrer dans la musique des compositeurs par rapport à des concerts « patchwork » où c’est très rarement cohérent. Nous n’allons pas entendre tout Schubert mais jeter un regard approfondi, quatre symphonies ce n’est pas rien. Depuis cinq ans je fais venir également des compositeurs vivants. Cette année c’est Kurtag et Kreizberg a accepté de jouer ce compositeur. J’ai envie de faire connaître ces compositeurs qui ne sont pas connus dans les régions. Boulez – lorsque je l’ai fait venir- m’avait dit que cela faisait 30 ans qu’il n’était pas venu sur la Côte d’Azur et c’était pour un concert à Nice mais il ne se rappelait plus avec qui. Je trouve personnellement cette situation anormale.

N.P : Les raisons de cette absence, selon vous ?

M.M : Ah ! je ne sais pas. Moi là où je peux agir c’est de les faire venir et c’est ce que je fais. Kreizberg va présenter –entre deux symphonies de Schubert- un concerto alto de Kurtag et c’est intéressant pour la programmation.

Marc Coppey, l'un des violoncellistes de renom (Photo Philippe Dejardin)
Marc Coppey, l’un des violoncellistes de renom (Photo Philippe Dejardin)

N.P : Vous proposez aussi une Nuit du Violoncelle dans plusieurs lieux.

M.M : Il y a trois ans, nous avions fait une Nuit du Piano, avec une trentaine de pianos historiques et les pianistes avaient joué sur des instruments d’époque. Intéressant mais on ne peut pas le faire avec tous les instruments, notamment à cause du répertoire. On a une jeune génération très forte et de qualité chez les violoncellistes.

N.P : À propos de Nuit, vous avez parlé de « Nuits insolites » en évoquant les « Utopies » ?

M.M : Il manquait quelque chose dans le festival, de l’imprévu. On est assez contraint par la programmation, celle des artistes, des salles. On travaille deux ans à l’avance, trois pour les orchestres et je trouve cela assez lourd et pesant. Un peu « d’air », cela fait du bien et c’est ce qui se passe lorsque l’on rencontre quelqu’un, que l’on a envie de faire quelque chose et cela nous arrive régulièrement. Ce fut le cas pour la Fondation Hartung, on a eu envie de monter un programme et ce fut celui des « Jeudi à la Fondation » avec le succès que l’on a constaté. Là c’est pareil, j’ai eu envie d’une structure légère, spontanée et en petit groupe. Rien n’est fermé sur le lieu ni le thème…

N.P : Vous allez en faire combien ?

M.M : Quatre et j’espère beaucoup plus dans les années à venir

N.P : Autres soirées à répétition, celles avec le Quatuor Zehetmair, quelque chose à faire connaître ?

M.M : Ce n’est pas un jeune quatuor. Il est internationalement connu mais très mal en France et à Monaco où je sais qu’il n’est pas encore venu. Il s’agit d’un très grand quatuor et je me suis dit qu’il fallait le faire venir. Quand cela n’est pas connu, il faut « enfoncer le clou », d’où les trois concerts et ce sera une très grande découverte pour le public.

N.P : Dans votre programme, il y a aussi un « Autoportrait insolite » et c’est Marc Monnet le sujet. Marc Monnet qui se met en scène dans un festival dirigé par Marc Monnet, n’est-ce pas risqué ?

M.M : C’est très risqué mais j’aime bien ce qui est –parfois- « immoral ». Il ne faut pas être dans la norme, je ne m’autoprogramme pas, je n’en ai pas besoin et ce n’est pas une nécessité. Mais là il se trouvait que – dans une co-production avec les Ballets de Monte Carlo (où je fais la musique pour répondre à une commande de Jean-Christophe Maillot) nous avions une contrainte toute bête. Comme le ballet va être créé en juillet, il fallait enregistrer la musique avant, donc la jouer. On a trouvé l’idée toute simple de la jouer quatre mois avant dans le Printemps des Arts, pour l’enregistrer la semaine suivante et comme cela il l’aura pour travailler.

N.P : Une sorte de répétition générale ?

M.M : Oui et c’est parti comme cela. Je me suis dit pourquoi ne pas prolonger par un « Autoportrait » car on en fait depuis la nuit des temps. C’est vrai que cela est risqué, on va s’interroger mais c’est cela qui m’intéresse.

N.P : Vous aimez bien prendre des risques musicalement ?
M.M : Je pense que la vie est un risque.

N.P : Le clou, c’est bien sur le « voyage surprise » et cela dure depuis combien de temps ?

M.M : On l’a fait depuis la deuxième année, cela fait quatre ans. J’avais sauté une année pour ne pas me répéter mais c’est le public qui m’a imposé de le reprendre, j’ai trouvé cela très sympathique.

Nelly Rainaut et Marc Monnet devant l'affiche (Photo Philippe Dejardin)
Nelly Rainaut et Marc Monnet devant l’affiche (Photo Philippe Dejardin)

Autre personnage mis en vedette pour cette 25e édition, Nelly Rainaut, totalement inconnue de grand public avant mais que de très nombreux musiciens de renom, de chefs d’orchestres , voire des grandes salles de musique à Paris ou à Genève, plus si affinité, connaissent très bien.

C’est elle qui est sur tous les visuels de ce 25e Printemps des Arts, dossiers de presse, abris bus, dans les gares et surtout sur les affiches 4×3 et ce n’est pas tout à fait un hasard… Mannequin vers les 20 ans, elle en gardé une présence physique, une assurance ainsi qu’une attitude. Sans oublier l’influence de sa mère sur son amour de la musique ni sur ses 10 ans de piano et 10 ans de danse classique.

Lors de l’édition 2008, le public était invité à venir se faire photographier écoutant de la musique et Nelly s’y est prêtée de bon cœur tout comme des centaines de personnes… La volonté des organisateurs était de mettre en lumière ce public fidèle dans une campagne de communication et le choix s’est porté sur Nelly.
Réaction de l’intéressée lors de la présentation.

N.P : Comment avez-vous réagi en vous voyant sur les affiches ?

Nelly Rainaut : Franchement très impressionnée et pourtant je ne suis pas une fille timide. Chaque fois que j’ai été interviewée à la fin d’un concert dans n’importe quel média, j’ai toujours été naturelle, détendue. Mais là je réalise vraiment. Lorsque j’ai signé mon « engagement » et que j’ai lu la dimension des affiches, ça m’a fait quelque chose. Ce n’est rien devant celle-là qui sera disposée sur la façade du Sporting d’Hiver de Monte Carlo. Je suis très impressionnée, émue et sensible à cet honneur.

N.P : Et votre entourage ?

N.R : Tous mes ami(e) s m’ont dit « C’est mérité, normal et sympa que tu aies été choisie. Tu es tellement passionnée, mélomane et fidèle à tes amis musiciens et à l’Orchestre de Monte Carlo ».
Les affiches ont été présentées quelques jours après mon anniversaire et ce fut le plus beau des cadeaux. J’ai plaisir à prendre des billets pour les uns et les autres les inviter à venir, encourager les gens à venir écouter les concerts.

N.P : Vous semblez tellement habitée par la musique.

N.R : La musique est un langage universel. Je me réveille en musique, je me couche en musique, c’est ma vie. Dans la journée, c’est concert, répétitions. Et puis je vais à Paris, Genève, partout où il y a de la bonne musique. J’ai plus de mal avec celle du XXe siècle, la contemporaine aussi mais par contre avec Brahms, Schubert et Chopin, le bonheur, ils sont dans mes préférés.

N.B Vous pourrez vous procurer le coffret-collector de 6 CD pour le prix de 60€, réserver à un tarif préférentiel (-10%) vos places sur le site du festival (www.printempsdesarts.com). Une association des Amis du Festival et un Club des Partenaires vont enfin voir le jour.

Le Printemps des Arts de Monaco du 31 mars au 18 avril

12 avenue d’Ostende / 98000 Monaco
Tél. +377 93 25 58 04

(numéro pour toute inscription, notamment pour le transport en bus gratuit sur les lieux de concert avec retour assuré)

Réservations au +377 98 06 28 28

Le Programme en bref mais dans l’ordre :

Concerts « Hors les murs » le 31 Mars, 1er et 2 avril à 20h 30 à Cap d’Ail, Beausoleil et Beaulieu (gratuits mais dans la mesure des places disponibles)

Schubertiade les 3,4 à 20h30, le 5 à 15h et 18h et le 10 avril à 20h30 à Monaco

Découvertes les 6,7 et 8 avril à 20h30 à Monaco
Utopies d’un Soir le 8 avril à la FNAC de Monaco à 17h30

Autoportrait le 9 avril à 20h30 (salle Empire) à Monaco

Utopies d’un soir le 11 avril à 17h30 à la FNAC de Monaco

Nuit du Violoncelle le 11 avril à partir de 20h au Musée Océanographique

Voyage « Surprise » le 12 avril

Quatuor Zehetmair le 13,15 et 16 avril à 20h30 au Sporting d’Hiver

Soirées « 25 ans du Printemps des Arts » le 17 à 20 h 30
(Parking des Pêcheurs sous réserve de confirmation) et le 18 à partir de 20 h (Musée Océanographique)

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