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4 mai 2024

Cédric, lou nissart de Pékin Express

pekin-express-cedric.jpg Cédric est un râleur, il le reconnaît. Mais il se définit également comme quelqu’un de diplomate et de respectueux.
A 21 ans, il s’est lancé dans l’aventure la plus extraordinaire de sa vie avec son père. Une expérience formidable qui lui a fait prendre conscience d’une chose :  » On ne se rend pas compte de la chance que l’on a de vivre en France. On est pourris-gâtés. Parfois, j’ai envie de dire :  » Ouvrez les yeux, regardez les conditions de vie dans les pays pauvres.  » Certains se disent que la réalité du Brésil, c’est le Club Med et Copacabana, alors que ce sont les favelas et l’absence de télévision. Oui, on a vraiment de la chance d’être français. « 
Le jeune homme, né à Nice en 1987, a passé sa scolarité dans divers établissements de la ville, l’école du Ray, celle de Gorbella avant de rejoindre le collège Fabre et le lycée du Parc Impérial. Il enchaîne ensuite ses études avec une année de BTS Négociation Relation Clients au Parc, mais décide de stopper l’école il y a trois ans, car il s’est aperçu, qu’elle  » ne voulait plus «  de lui.
S’en suit une année de petits boulots à Mac Do ou en tant que livreur de pizzas. Une année sans savoir trop quoi faire puis le déclic lui vient. Passionné de trains, il tente sa chance à la SNCF pour faire guichetier. Il envoie sa candidature dans toutes les régions mais les choses ne se passent pas comme il l’avait souhaité.  » Je souhaitais être guichetier, de préférence sur la Côte mais les dossiers sont gérés à Marseille pour la région PACA, et ils ne prennent pas de Niçois. Or, comme j’avais demandé partout en France, Nantes m’a recontacté pour me proposer un poste de contrôleur que j’ai accepté.  » C’était il y a deux ans. A présent, il vit en Loire-Atlantique avec sa petite amie, Emeline, originaire de Paris. Il l’a rencontrée il y a trois ans et vit avec elle depuis un an et demi.
La vie près de La Beaujoire ne l’enchante pas particulièrement même s’il trouve la ville  » très sympa « .  » A Nice, je suis chez moi. Ici, ce n’est pas le cas, je me sens comme un étranger. Heureusement, les gens sont accueillants, les Nantais comme mes collègues de travail. Ils ne m’ont jamais demandé de me taire ou fait comprendre que j’étais minot. « 

Il n’hésite pas à défendre sa paroisse :  » Je ne comprends pas que les critiques autant la SNCF alors qu’ils ne savent pas comment ça se passe. On dort deux fois par semaine à l’extérieur, certains travaillent six jours sur sept. Des contrôleurs bossent le dimanche, parfois loin de leur famille et de leurs enfants. Il y a beaucoup d’idées reçues qui sont fausses sur notre métier. C’est pour ça que j’étais en train d’écrire un livre avant l’aventure pour raconter la vie qu’on mène mais j’ai décidé de ne pas le publier car certains pourraient penser que je profite de ma petite notoriété pour en vendre plus. Il faut savoir qu’on a des dizaines d’autres fonctions que le contrôle pur. On doit s’occuper des correspondances, des trains à l’arrêt. Ce n’est vraiment pas facile. «  Cédric pourrait parler de nombreuses heures sur cette amour des rails, il le sait.

pekin-1-2.jpg Ce séjour en Amérique du Sud a été une révélation. Son père, Gérard avait d’ailleurs prévu depuis longtemps un tel moment :  » J’avais toujours dis que quand il aurait vingt ans, on ferait un grand truc ensemble. On pensait à une randonnée au Népal ou au Tibet. Il est tombé Pékin Express, c’est marrant le hasard. Cela dit, on est encore plus motivé pour faire un tour en Asie, une fois qu’on aura remercié les gens qui nous ont hébergé durant notre trajet. «  Cédric est devenu amoureux des voyages. Ses envies se sont décuplées. Aujourd’hui, il souhaite lui aussi repartir avec un sac sur le dos. Comme le père, le fils rêve de se rendre  » en Asie, au Japon en particulier pour faire des entraînements de karaté avec les maîtres japonais. « 

Le jeune niçois doit à Gérard son plaisir des arts martiaux et du football.  » Il m’a amené aux matchs quand j’étais petit mais c’est lui qui m’a démotivé car il me disait de faire ci ou ça dans la voiture. Mais je lui dois aussi de faire du karaté entre quatorze et dix-sept ans, avant de me consacrer à la boxe pendant une année. C’est également lui qui m’a entraîné la première fois à un match de l’OGC Nice. C’était un Nice-Lens en 1994 au Ray (1-1), un beau souvenir. «  Aujourd’hui, à chaque défaite de ses favoris, c’est un véritable crève-coeur pour Cédric, c’en est même maladif. Voilà pourquoi il a pris plusieurs objets représentant ses couleurs préférées. Aussi peut-on le voir avec écharpes, drapeaux et maillots représentant les Aiglons.

Un amour de sa ville qui le rapproche de sa famille. C’est ce qui lui donne la force de surmonter les moments difficiles à Nantes.  » J’adore ma soeur, quand elle est arrivée, j’étais vraiment heureux. Maintenant, elle a une période tecktonik, que je trouve répugnante. J’essaye de la raisonner même si chaque génération a son fardeau. Nous c’était le rap, eux la tecktonik. «  Avec ses parents, c’est la même chose.  » Quand je suis parti de Nice, ça nous a rapproché. Un site qui présentait Pékin Express avait mit que j’avais quitté la ville à cause d’une mauvaise relation avec mes parents. J’ai été déçu car je les appelle tous les jours. Sinon c’est un manque. Ils m’ont donné un pendentif avec un aigle, que je porte tous les jours. Je téléphone aussi souvent à mes grands-parents. C’est important. C’est vraiment quand on quitte quelque chose ou quelqu’un qu’on se rend compte à quel point on l’aime. « 

Cet amour est réciproque. Gérard est admiratif de son fils. Il n’arrive d’ailleurs pas à trouver de défaut et doit chercher quelques minutes avant d’y parvenir :  » Il est bordélique, mais on ne dit rien car il vient très rarement à la maison donc on veut passer de bons moments. Mais je déteste qu’il me tape sur la nuque quand je mange, il faut qu’il arrête. A Nice, il fait le tour de la famille, il est heureux, il ne râle jamais. «  Ne pas râler, voilà qui contraste avec ce que Cédric a fait au Brésil où il n’arrête pas de pester contre lui-même. Il nuance toutefois :  » Avant je partais au quart de tour, maintenant ce n’est plus le cas. De plus, je ne râle pas sur les autres mais sur moi-même, uniquement. Par contre, si j’ai un truc à dire, je le dis. Je suis direct et franc. « 

A seulement vingt et un ans, il a été bouleversé par Pékin Express. Même s’il n’accueillerait pas des sans domicile fixe chez lui,  » c’est trop dur « , il a vu son rapport à l’argent chamboulé. Il se souvient :  » Quand je suis revenu et que j’ai repris le travail, une personne n’avait pas composté son billet. Je lui ai demandé vingt-cinq euros, il m’en a donné trente. Ca m’a fait bizarre. Je me suis senti mal quand j’ai vu tout cet argent alors que j’avais vécu un certain temps avec un euro par jour. J’ai donc rendu ses trente euros au passager. J’en ai parlé avec mon chef, il a compris le problème mais il m’a dit que je devais me remettre rapidement dans le contexte, que ce que je faisais n’était pas méchant. « 

pekin-express-drapeau-2.jpg Il sera bientôt de retour au Ray pour le match contre Marseille. Plusieurs personnes vont le reconnaître, il s’en fiche.  » Tant mieux si des gens me reconnaissent, qu’ils n’hésitent pas à venir me parler, je suis et je fais comme avant. Je n’ai pas changé «  explique t-il. Cédric espère juste que l’on va lui dire qu’il a bien représenté Nice, et qu’avec son père, ils ont été de bons ambassadeurs de la ville en Amérique du Sud. Il ambitionne de revenir dans sa cité natale dès que son amie aura fini ses études d’infirmière. C’est tout ce qu’on souhaite au jeune couple, le bonheur.

En attendant, avec son père, ils seront dans la troisième étape de  » Pékin Express, la route des Incas  » ce soir sur M6 entre Diamantina et Rio Verde.

Photo : Christophe Geral

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