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4 mai 2024

Un voyage de la mémoire pour une prise de conscience

Pour le 70ème anniversaire de la libération des camps d’Auschwitz-Birkenau, le Conseil général des Alpes-Maritimes a organisé une visite des camps en Pologne pour 11 collèges de la région. Les premiers voyages de la Mémoire ont été initiés en 2003/2004. Mardi 10 février, environ 15 élèves par classe se sont rendus à Cracovie, en Pologne.


Pour participer à ce voyage, les collégiens ont été sélectionnés sur dossier. Ils ont du rédiger une lettre de motivation. Les plus convaincants ont été retenus. Ikbal Salah et Ibtissem Raoufi sont deux élèves de 3ème du collège Maurice Joubert à Nice. Elles sont heureuses de pouvoir participer. Elles ont expliqué clairement pourquoi elles voulaient être de ce voyage. «On fait partie d’un collège ZEP, on ne pensait pas avoir l’occasion d’être ici aujourd’hui. Le Conseil général nous en a donné l’opportunité. C’est toujours bien de voir de nos propres yeux pour mieux se rendre compte de ce que le professeur nous explique et nous raconte. Voir des photos dans le manuel d’histoire c’est différent que de se retrouver sur le lieu en question», expliquent les jeunes filles.

«C’est important de savoir ce qui s’est passé dans l’Histoire et de s’en rendre compte. C’est une opportunité que l’on n’aura peut-être qu’une seule fois dans notre vie», ajoute Ibtissem.

Une fois sur les lieux, calmes, attentifs et intéressés, les étudiants pénètrent dans le camp de Birkenau. Les élèves de 3ème du collège Alphonse Daudet à Nice étaient également présents. Consciente, Lisa Schmittfull de Soussa explique: «J’ai décidé de venir car je pense que c’est une des plus grosses erreurs de l’humanité qui s’est produite. C’est important que cela ne se reproduise pas et que même les générations actuelles comprennent les conséquences du racisme et de la discrimination».

Une prise de conscience

Désemparés, choqués, ils ne comprennent pas. Pourtant, ils cherchent à comprendre. Leur réflexion et leur démarche démontrent une maturité. Ils respectent ces lieux et se comportent en adultes.

La cruauté dont témoignent ces camps et ces bâtiments amplifient l’inhumanité dans laquelle des gens, innocents, des familles, des civils ont été injustement plongés. Des années plus tard, absolument chacune des briques de chaque structure témoignent inlassablement de cette horreur.

Revenons à ces adolescents de 15 ans. Ils l’ont étudiés, ils le savent. Maintenant, ils en sont conscients. L’heure est aux interrogations. Des questions dont les réponses sont difficiles voire impossibles à trouver. Les adolescents chuchotent, la voix nouée: «Mais pourquoi les avoir tués au lieu de discuter avec eux ? Je préfère mourir plutôt que de tuer quelqu’un. C’est horrible et dégoûtant. On se dit que c’est impossible que quelqu’un ait pu survivre là alors que des millions de personnes sont passées par cet endroit. C’est touchant et horrifiant». Des témoignages émouvants que ces collégiens n’ont pas pu s’abstenir de prononcer, en discutant entre eux. A présent, ils retournent à Nice, lucides, conscients de ce que le rejet de l’autre peut engendrer.

La Shoah, 70 ans que l’on se souvient, 70 ans que l’on en parle, 70 ans que l’on s’indigne. Cela rend l’écriture de cette expérience d’autant plus difficile. A notre arrivée, des kilomètres de clôtures de fils barbelés sont recouverts par un temps gris, blanc, triste. Le ciel n’est pas visible. Il se cache. Il a honte de témoigner. Tout comme nos yeux qui se posent sur les rails des trains. Ils ont servis à déporter des millions d’innocents, parce qu’ils étaient juifs, parce qu’ils étaient tziganes. C’est tête baissée que l’on pénètre dans un tel lieu. Le dos glacé par l’horreur, le cœur gelé par la honte. Ce sont les portes de la mort et du mal que l’on pousse. Nos pieds retracent le parcours rude de ces gens que l’on a torturé, humilié et tué. Le résultat d’une organisation aussi précise que cruelle. Cette visite est une épreuve, mais elle est essentielle.

A l’heure où l’être humain montre qu’il est capable de meurtre ou d’humiliation prétextant la différence de l’autre, à l’heure où les attentats qui ont touché la France le 7 janvier 2015, soulignent la folie, la cruauté dont un homme à lui seul est capable, le devoir de mémoire, la prise de conscience et la tolérance sont nos armes.

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