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11 mai 2024

INTERVIEWS : Professionnels et élus prônent une éducation bienveillante

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Nice Premium a échangé avec une conseillère municipale subdéléguée au Conseil des droits et devoirs des familles, et avocate spécialiste en droit de la famille, un psychologue de l’hôpital Lenval et une professeur finaliste du top 50 du «Global Teacher Prize». Ils ont parlé des droits de l’enfant.

Marie-Pierre Lazard, conseillère municipale subdéléguée au Conseil des droits et devoirs des familles, et avocate spécialiste en droit de la famille, était à la tête de l’événement sur les droits de l’enfant, organisé par la ville de Nice.

Elle considère que la journée des droits de l’enfant est très importante, même s’ils sont tout de même davantage pris en compte aujourd’hui.

«Les besoins sont différents selon les pays du monde. Dans les pays où ces droits sont bafoués, ils ne savent pas comment manger, aller à l’école, être en sécurité. Dans les pays développés, ce sont les droits psychologiques qui sont bafoués la plupart du temps. Il subissent des conflits familiaux, atteintes à leur intimité (beaucoup d’incestes), du harcèlement scolaire. Les parents ne considèrent pas toujours la volonté de leur enfant, ils croient qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Il n’y a pas de contrôle dans le huit-clos familial. Avant qu’un élève arrive à l’école, où des traces de coup peuvent être remarquées, on ne sait pas ce qu’il se passe chez lui. Les parents peuvent être violents psychologiquement, même involontairement. Il faudrait mieux les informer. L’avis de l’enfant doit être pris en compte, à partir de l’âge de discernement (entre 6 et 8 ans).»

Pourquoi étendre la journée mondiale des droits de l’enfant à une semaine ?

«Il faut au moins une semaine pour faire autant de conférences. Il y a plein de sujets. Jusqu’à présent, c’était surtout des organisations ludiques pour les enfants. C’est la première année où on fait une journée entière instituée à leurs droits.»

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«Le principal intérêt de cette semaine est de faire connaître les droits de l’enfant, d’en parler, de sensibiliser. Certains professionnels de l’enfance prônent une éducation bienveillante, mais il y a de la résistance dans l’éducation nationale. Gaëlle Assoune a expliqué lors d’une conférence, qu’elle utilise des méthodes empathiques, mais l’éducation nationale n’est pas habituée. Celle-ci considère que cela demande du temps, de la formation, de l’énergie, et que tout le monde ne voit pas l’intérêt. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour que ça évolue, et arriver au niveau des pays nordiques (qui font de la méditation, philosophie, médiation entre élèves).»

Pour Marie-Pierre Lazard, il faut trouver un juste milieu dans l’éducation de ses enfants : «poser des limites, mais en étant bienveillant, en écoutant.» Elle conseille de les emmener voir un psychologue à n’importe quel moment de leur vie.

Nice a obtenu le renouvellement du label «ville amie des enfants» de l’unicef. La ville doit suivre sept recommandations, des critères précis. La conseillère municipale en est fière, et elle est reconnaissante envers Christian Estrosi. «Il est très tourné vers la politique familiale. C’est lui qui a créé ma délégation, le Conseil des droits et devoirs des familles. Cette loi de 2007 dépend du maire, mais tous les maires ne l’utilisent pas.»

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Jérôme Bianchi est psychologue spécialisé en neuropsychologie à l’hôpital Lenval.

La journée des droits de l’enfant est «essentielle» pour Jérôme Bianchi, qui travaille dans les troubles de l’apprentissage. «Les enfants qui souffrent de ces troubles fournissent davantage d’efforts que d’autres, contrairement aux préjugés. Leurs différences doivent être prises en compte.»

Le psychologue a trouvé que la journée organisée par la mairie était intéressante, notamment grâce à son apport juridique.

Concernant le moral actuel des enfants , il n’a pas pas évalué de tendance particulière.
Le confinement a connu deux vitesses. Il a été très compliqué à vivre, surtout pour les enfants qui ont des troubles du comportement. Les relations avec leurs parents ont pu être détériorées. Néanmoins, ils se sont souvent rendus compte des difficultés de leur enfant. Pour les jeunes plus fragiles psychologiquement, en pré-phobie scolaire, ou phobie sociale, c’était un soulagement. Certains ont bien évolué.

Selon ce professionnel, «les choses avancent dans le bon sens» dans le cadre des droits de l’enfant. Cependant, l’évolution dépend de beaucoup de paramètres.

«Les parents qu’on rencontre viennent souvent dans notre service après de nombreuses batailles d’errance diagnostic. Ils arrivent épuisés, après des prises en charge qui n’ont pas abouti. Le repérage précoce est un facteur protecteur sur l’évolution de l’enfant.»

Pensez-vous qu’il y a eu une augmentation des prises de rendez-vous, pour une consultation psychologique ?
«Oui, et je pense que c’est plutôt bien. Ça veut dire qu’on est de plus en plus alertés, et intéressés. Le repérage est très important.»

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Un questionnaire de repérage gratuit pour les parents

Les parents démunis face aux difficultés de leur enfant, ou alertés par l’école, peuvent remplir ce questionnaire. Celui-ci est capable de comparer les résultats à ceux d’autres jeunes, pour déceler des difficultés d’attention, de langage. Il indique vers quel professionnel se tourner. «C’est une boussole.»

Les enfants sont-ils assez pris en charge actuellement ?

«Quelquefois, ils le sont même trop. Il y a un travail sur la priorisation des prises en charge à faire. Au-delà de ça, elles aident. C’est bénéfique de s’intéresser à quelqu’un, l’écouter et l’aider. »

Gaëlle Assoune est professeure au collège Jules Romains des Moulins, à Nice. Elle a été finaliste du top 50 du «Global Teacher Prize», le prix mondial des enseignants.

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Gaëlle Assoune essaie d’intégrer l’empathie dans ses cours. Elle a créé l’association BE-N-Joy (bienveillance, empathie, neurosciences, pour un accompagnement positif), qui aide des structures à adopter ce fonctionnement «positif». Le programme est notamment constitué de conférences, d’ateliers. La professeure favorise les émotions, et implique ses élèves. Elle a même intégré du journalisme. Les collégiens ont déjà fait des reportages.

«Cela demande beaucoup d’efforts. Le collège est classé REP+ (réseau d’éducation prioritaire). Le climat est violent. Il faut une cohésion d’équipe pour que ça marche.»

Gaëlle Assoune estime qu’il ne devrait pas y avoir qu’une journée des droits de l’enfant. «Cela devrait être un accompagnement suivi sur toute l’année. On devrait peut-être utiliser cette journée pour rendre compte de ce qui a été fait toute l’année sur les droits de l’enfant. Elle aurait plus d’impact.»

Les droits de l’enfant sont-ils assez connus ?

«Non, pas par les principaux intéressés. Les adultes en ont déjà entendu parler. La loi sur la lutte contre les violences éducatives ordinaires a été promulguée en juillet 2019. D’autres pays, comme la Suède, l’avaient voté il y a quarante-deux ans. On a enfin suivi, mais il ne se passe rien de la théorie à la pratique. Les parents continuent à taper leurs enfants. L’école les laisse pleurer, régler leurs problèmes entre eux, ce qui cause du harcèlement. Ces droits ne sont pas assez connus, ni développés.»

Cette journée dédiée aux droits de l’enfant au CUM était originale et instructive, pour la professeure. Les élèves ont participé. «Ce concept est assez innovant. Je pense que ça devrait être valorisé sur la durée. C’est toujours un bienfait de parler de choses positives, mais le cerveau risque d’oublier après.»

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Pour rappel, la ville de Nice a organisé la semaine des droits de l’enfant, en partenariat avec l’unicef, à l’occasion de la journée mondiale du 20 novembre. Une journée spéciale était dédiée à la promotion de ces droits la semaine dernière, le jour dédié à la lutte contre le harcèlement scolaire.
Le matin, les professionnels de l’enfance ont échangé autour de tables rondes, pour créer du lien et réfléchir à d’éventuelles améliorations. Le début d’après-midi était réservé aux enfants, pour leurs faire passer des messages. Ils ont pu poser leurs questions à Chloé Sallée, vice-présidente et juge des enfants au tribunal judiciaire de Nice, mais aussi à un avocat, un psychologue, et un professeur.

La journée s’est terminée par un speed dating à destination des parents, qui pouvaient discuter avec des professionnels de l’enfance gratuitement, et de manière confidentielle. Une exposition présentait les dangers des écrans pour les enfants.

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