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3 mai 2024

Fabrice Lachenmaier : « Les partis politiques considèrent le Parlement européen comme une maison pour pré-retraités »

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jpg_jpg_Sans_titre-4_copie.jpgEuroweb: Qu’est-ce que l’école de la citoyenneté active? Pensez-vous pouvoir la propager ailleurs que dans le haut pays grassois?

FB: Notre projet est un concept pédagogique innovant, fruit d’une collaboration de plusieurs organismes européens travaillant ensemble depuis plus de dix ans et qui ont décidé de mutualiser des pratiques et des outils crées dans le cadre de divers projets expérimentaux, soutenus par la Commission européenne. L’objet de l’école est d’une part de sensibiliser les jeunes à la citoyenneté européenne comme élément essentiel de leur développement personnel et d’autre part de les rendre actifs dans la construction de l’Europe par un renforcement de leur participation aux décisions qui les concernent. La base géographique de cette école est le village du Mas qui offre toutes les facilités d’accueil des promotions successives mais nous avons aussi essaimé en Espagne et en Bulgarie. Notre vocation est de diffuser notre concept et son contenu didactique en Europe voire dans des pays plus lointains puisque nous venons de conclure un projet avec quatre pays d’Amérique latine sur le thème de la citoyenneté universelle avec la rédaction d’une déclaration commune qui s’inspire des valeurs de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. Nous sommes dans une dynamique d’ouverture et de valorisation d’un message puissant qui rassemble les énergies de la jeunesse.

Euroweb: Osons l’Europe. Pourquoi l’emploi du terme Oser?

FB: Il y a une époque pas si lointaine où le fait de parler d’Europe était considéré par nos élus comme un tabou et par nos médias comme un sujet non vendeur. Les choses évoluent progressivement, mais il faut que les militants de la cause européenne poursuivent leurs explications auprès du grand public afin de démontrer les enjeux de cette construction politique. Il faut oser affirmer et défendre ses convictions. Il faut aussi, pour que l’adhésion du public soit totale, proposer un nouveau « rêve » européen à l’instar de celui qui avait guidé les pères fondateurs au lendemain de la seconde guerre mondiale. Il est incontestable que nous devons réapprendre à « rêver d’Europe » car, comme l’affirme la romancière Madeleine Chapsal : « il va falloir rêver car, pour que les choses deviennent possibles, il faut d’abord les rêver ».

Euroweb: Comment donner aux futures élections un « supplément d’âme »?

FB: J’ai pris l’initiative d’écrire à l’ensemble de mes collègues maires du département en leur disant que le 7 juin prochain, nous organiserons le scrutin des Européennes dans nos communes à l’occasion du renouvellement de nos représentants au Parlement européen et qu’il s’agit d’un moment solennel d’expression de notre citoyenneté européenne par le fonctionnement actif de la démocratie. A travers ce courrier, je souhaite faire part de mon inquiétude de voir, une fois de plus, un fort taux d’abstention (rappel 2004 : 54%) qui serait le signe renouvelé d’une incompréhension par nos administrés des enjeux de leur vote et renforcerait auprès de nos partenaires européens le sentiment d’un affaiblissement du message politique français…
Les élus locaux ont une responsabilité toute particulière à engager les administrés à participer à ce scrutin. L’Europe se construit depuis 1979 sur la base des votes des eurodéputés élus au suffrage universel direct. Notre voix est donc reprise et amplifiée jusque dans l’hémicycle européen. Cette consultation est devenue au fil du temps une élection majeure. Il faut donc que nous organisions des manifestations à vocation pédagogique pour sensibiliser le grand public aux enjeux de la construction de l’Europe et à ce scrutin.

Il faut que l’électeur des Alpes-Maritimes soit convaincu que son département sera représenté. Il nous faut donc intervenir auprès des états-majors politiques de toutes tendances pour que, contrairement à la mandature qui s’achève, nous ayons l’assurance qu’un eurodéputé sera issu des Alpes-Maritimes et qu’il se consacrera pleinement à son mandat qui nécessite une disponibilité totale. Il me semble que ces deux conditions sont des pré requis légitimes à la participation des électeurs. J’ajoute à cela qu’il faut permettre, à des jeunes de terrain, impliqués à leur niveau dans la construction de l’Europe et prêts à s’engager, d’être en position éligible sur ces listes. Le trio de tête annoncé par l’UMP dans le Sud-Est a une moyenne d’âge de 64 ans… Tant que les partis politiques considèreront le Parlement européen comme une maison pour « pré-retraités » ou pour des apparatchicks que l’on remercie pour bons et loyaux services, l’Europe sera en panne. Etre député européen, c’est avant tout être militant de l’Europe, représentatif de la société d’aujourd’hui et porter les valeurs de celle de demain, c’est se consacrer à une seule et belle mission.

Euroweb: Quelles sont pour vous les priorités que l’Europe devrait se donner?

FB: L’Europe doit se doter d’une constitution pour mieux fonctionner. Cet outil juridique doit être élaboré dans le cadre d’une démocratie participative totale. Il faut replacer le citoyen au cœur des institutions et des politiques. Il faut généraliser le principe de co-décision entre le Parlement et le Conseil. Il faut renforcer la participation des partenaires de la société civile. Il faut élire un président sur des bases stables, représentatif de nos pays membres, pour défendre nos intérêts dans le contexte mondial. Je pense également que nous devons défendre la reconnaissance institutionnelle de nos symboles européens qui marquent notre identité : le drapeau, l’hymne, la devise… Il faut enfin définir un projet politique qui réponde aux attentes des citoyens européens. Les résultats des élections du 7 juin nous donneront une indication forte sur la couleur politique de ce futur projet.

Euroweb: Votre association propose des formations pour mieux comprendre ou réaliser l’Europe. Comment et pour qui?

FB: Nous avons crée plusieurs modules de formation sur l’Europe et qui s’adressent à des publics très différents. Notre priorité est bien entendu les jeunes à qui l’on doit une information sur l’évolution géopolitique, culturelle et historique de l’Europe. Nous proposons des interventions ludiques sur les élargissements, les symboles, les institutions… Tout ce savoir-faire sera prochainement disponible sur cédérom. Nous accompagnons également les enseignants, formateurs, cadres associatifs ou responsables de collectivités locales dans leur démarche de montage d’un projet européen avec l’aide des fonds sectoriels communautaires. Il s’agit là d’une action concrète d’ingénierie que nous développons avec les promoteurs pour les accompagner dans leur démarche administrative.

Euroweb: Ine fait partie d’Euro Mundi HTA. Pourriez-vous nous présenter Euro Mundi?

FB: Notre association a vu le jour en 1996 et comptabilise 17 projets soutenus par les institutions européennes. Nous avons mis en place un réseau d’une cinquantaine de partenaires privés et publics qui souhaitent renforcer leur collaboration transnationale. En créant Euromundi, nous avons établi une plateforme commune internationale qui portera nos projets. Nous sommes en phase de réflexion pour constituer un comité scientifique et définir les prochaines orientations.

Euroweb: Où en est votre proposition d’Erasmus des élus locaux ?

FB: Tandis qu’Idées Nouvelles Europe rédigeait le programme Elus d’Europe fin 2007 pour faciliter la mobilité de 30 élus de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et les engager dans une vaste réflexion transnationale, Jean-Marie Beaupuy, député européen, préparait dans le cadre de la commission du développement régional, un rapport proposant la création d’un Erasmus des élus locaux pour contribuer à l’échange de bonnes pratiques en matière de gouvernance. Aujourd’hui, Elus d’Europe est entré dans une phase active avec le soutien du programme Leonardo géré par l’Agence Europe Education Formation France, le rapport Beaupuy est adopté par le Parlement et un projet pilote devrait être lancé fin 2009 par la Commission européenne avant le développement d’un programme spécifique qui sera probablement géré par la direction générale de la politique régionale.
Il est en effet urgent que les élus, principaux prescripteurs du concept de citoyenneté européenne auprès du grand public, soient informés et formés aux réalités techniques et administratives du fonctionnement des institutions européennes, aux enjeux politiques de la construction européenne autour des valeurs et objectifs qui constituent son action générale : Europe, créateur et redistributeur de richesses, outil d’émancipation des peuples, garant de nos libertés et de nos diversités… Les élus locaux doivent également réfléchir au devenir de leur statut dans un contexte en pleine mutation. Il serait souhaitable enfin que les élus locaux puissent bénéficier d’une formation continue transnationale qui proposerait en alternance théorie et pratique… cela permettrait aussi de valoriser les acquis de leur expérience. Notre projet constitue une formation professionnelle à part entière comprenant un voyage d’étude dans plusieurs pays et la production de documents de synthèse. Il préfigure au niveau local ce que sera le futur programme de la Commission et nous sommes fiers de contribuer à cette naissance.

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