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4 mai 2024

Elections en Allemagne : Angela Merkel l’emporte et devra donner une nouvelle impulsion à la construction de l’Europe politique

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Depuis qu’a éclaté la crise de l’euro, de nombreux gouvernements européens ont été renversés. Mais, en ce qui concerne la chancelière allemande, Angela Merkel, bien au contraire, sa victoire a l’air d’un triomphe.


merkel.jpg Pourquoi ce comportement contraire à celui des autres peuples européens ?

Les Allemands l’adorent parce qu’elle pratique un nouveau genre de politique du pouvoir en Europe : le merkiavelisme – une combinaison de Machiavel et de Merkel.

« Vaut-il mieux être aimé que craint ? », s’interrogeait Machiavel dans Le Prince. Sa réponse est qu' »il faudrait l’un et l’autre, mais comme il est difficile d’accorder les deux, il est bien plus sûr d’être craint qu’aimé. ».

Merkiavel applique ce principe de façon novatrice. A l’étranger on doit la craindre, en Allemagne elle veut se faire aimer – peut-être parce qu’elle a appris à certains pays étrangers à la redouter.

Néolibéralisme brutal hors des frontières, consensus mâtiné de social-démocratie en Allemagne même – voilà la formule gagnante qui a permis à Merkiavel de renforcer en permanence sa propre position ainsi que celle de l’Allemagne.

Dans tous les pays européens on trouve de puissants mouvements eurosceptiques ou anti-européens qui répercutent le mécontentement croissant des citoyens. A leurs yeux, les politiques d’austérité qui leur sont imposées par leurs gouvernements sont de monstrueuses injustices. Elles leur font perdre leur ultime lueur d’espoir et de confiance dans les systèmes politiques nationaux et européens.

Sur ce point aussi, l’Allemagne est différente : il y règne un rare consensus. Les deux partis d’opposition, les sociaux-démocrates et les Verts, ont sans doute contesté tel ou tel point des programmes d’austérité de Merkel, mais ils ont toujours voté avec elle au Parlement.

D’autre part, deux des partis qui composent le gouvernement de Merkel, la CSU bavaroise (droite) et le FDP libéral, sont remarquablement éloignés des positions de leur propre gouvernement et beaucoup moins enthousiastes sur l’engagement européen dans le sauvetage de la Grèce.

Il en résulte que le débat allemand sur la crise de l’euro n’a pas suscité d’opposition au Parlement et ce grâce à une position médiane de la BundesKanzerin.

Mais la crise de l’euro est en train d’atteindre un stade critique, et l’Allemagne devra prendre une décision historique. Elle doit choisir, soit de revitaliser dans l’imagination des peuples le rêve et la poésie d’une Europe politique, soit s’en tenir à une politique confuse et avoir recours à l’hésitation comme moyen de coercition.

L’Allemagne est devenue trop puissante pour pouvoir s’offrir le luxe de l’indécision et de l’inactivité. Mais l’Allemagne poursuit son chemin comme un somnambule. Ou, comme le dit Jürgen Habermas : « L’Allemagne ne danse pas , elle somnole ».

Angela Merkel reste à la chancellerie pour une troisième mandat et même s’il n’y a aucune discussion sur le moment de la décision, le contexte résultant des élections sera très probablement favorable au passage à l’étape suivante sur la voie d’une union politique européenne. Il est plus que probable en effet qu’on assistera à un virage silencieux vers une politique plus européenne.

Tout compte fait, les changements de position sont l’élément-clé de la politique de Merkiavel. Et sauver l’euro et l’Europe sera pour elle un bon point dans les livres d’histoire.

Dans les différents gouvernements et dans les couloirs de Bruxelles, tout le monde attend de voir dans quelle direction va s’engager Berlin.

Espérons que ce sera « ein anderes Europa » ( une autre Europe), cosmopolite, capable de défendre sa position dans un monde cerné par les périls, et non pas « eine Deutsche Bundesrepublik Europa -—une République fédérale allemande d’Europe ».

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