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26 avril 2024

L’Edito du Psy – Matignon n’use que si l’on s’en sert !

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jpg_bobine2008-68.jpgOn le disait humainement affaibli, sinon politiquement mort. Tirant toutes les conséquences d’une pratique présidentielle marquée par l’exclusivisme, certains membres du Comité Balladur, en charge du projet de réforme constitutionnelle de juillet 2008, souhaitaient même abolir sa fonction et supprimer l’article 20 de la Constitution de la Vème République, signant de jure l’acte de naissance de la VIème : un régime présidentiel stricto sensu, dépourvu de premier Ministre. A l’Assemblée Nationale, la Commission des Lois proposait, dans la même veine, de le décharger des « responsabilités de la défense nationale » en supprimant la deuxième phrase du premier aliéna de l’article 21. Quitte à rappeler à la fin du même paragraphe, au cas improbable mais jamais impossible où le titulaire de la fonction manifestât quelques résistances, qu’il était chargé sans mot dire de « mettre en œuvre les décisions prises au titre de l’article 15 en matière de défense nationale ». Plus besoin, expliquait-on en substance, d’un fusible à Matignon: les multiples disjoncteurs de la redoutable énergie présidentielle suppléeraient en quelque sorte aux risques de courts-circuits !

C’est donc avec un intérêt mêlé de curiosité que les Français ont pu constater le retour de François Fillon sur l’avant-scène politique. En moins d’un mois, le premier Ministre a endossé, à deux reprises, un rôle qu’on ne le soupçonnait même plus de pouvoir exercer : le 16 novembre 2009, devant des Maires de France particulièrement remontés, il est venu sereinement expliquer à la place du président de la république deux changements controversés du quinquennat, la réforme territoriale et celle de la taxe professionnelle. Puis, le 4 décembre dernier, il a également remplacé Nicolas Sarkozy aux journées d’études organisées par l’Institut Montaigne sur le thème « Qu’est-ce qu’être français ? ».

Invoqué par l’Elysée, l’agenda diplomatique du chef de l’Etat ne parviendra sans doute pas à masquer cette double « dérobade » présidentielle. Au risque de susciter un profond malaise dans l’électorat, y compris celui de l’UMP, et ce, à quelques mois d’échéances régionales qui s’annoncent -doux euphémisme- difficiles pour la majorité.

Deux absences rendues plus sensibles encore par l’acuité des circonstances. En refusant d’honorer de sa présence -et d’affronter- le Congrès des Maires de France, Nicolas Sarkozy a feint d’oublier que les premiers magistrats des communes demeurent -malgré toutes les affaires dignes de Clochemerle- les interlocuteurs privilégiés de la population. Il ne suffit pas « d’aller chaque semaine en province » pour rester au contact des Français si, aux terrains cabossés sur lesquels ces derniers évoluent, seules de larges allées balisées et bordées de talus fleuris sont prisées par les déplacements présidentiels. Une proximité dont se réclamait pourtant un chef de l’Etat désormais tenté, semble-t-il, par une capitalisation des grands rendez-vous internationaux jugée politiquement plus rentable. Un retour aux « bonnes vieilles traditions » de 1958 ?

En plein débat sur l’identité nationale, un thème qui « passionne » les Français selon l’expression -innocente ?- de François Fillon, la « défaillance » élyséenne à l’Institut Montaigne constitue ensuite une seconde maladresse : l’embarras apparent de l’Elysée vient accréditer l’idée d’une stratégie électoraliste que l’engouement des internautes -certes le pire comme le meilleur- permettait toutefois de réfuter. Les exégètes se plairont sans doute à disserter sur l’allusion du premier Ministre quant au « danger de ne pas débattre ».

Le risque politique n’est pas nul. Contrairement aux coutumes de la Vème république, il appert, après deux années et demie de mandat, que l’Elysée use davantage que Matignon. Et dote l’hôte de la rue de Varennes d’une ample réserve de sympathie à même, un jour prochain, de se transformer auprès des électeurs en l’idée que celui-ci, moins flamboyant mais plus linéaire dans l’effort, n’a finalement pas démérité. « Il n’y a pas de débat plus vital que celui d’aujourd’hui », a ainsi lancé François Fillon lors de sa récente allocution. Il savourait manifestement la véritable portée symbolique de son propos.

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