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1 mai 2024

Jean-Marie Cavada (Mouvement Européen): Il faut plus d’Europe pour sortir de la crise

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Jean-Marie Cavada, député européen et Président du Mouvement Européen-France , était à Nice pendant le summit des présidents et chefs d’Etat. Ce fut l’occasion pour l’écouter parler d’Europe…de ce qu’elle est et surtout de ce qu’elle devrait être.

eurosports-2.jpg Pour Jean-Marie CAVADA, la crise que nous subissons en Europe depuis 2008, et qui a commencé aux Etats-Unis, trouve son origine dans deux facteurs: « Nous vivons un changement d’époque qui se traduit par la mondialisation, et nos structures n’ont pas su évoluer pour faire face à cet accroissement de compétition mondiale ».

La crise est surdimensionnée en termes de communication, mais elle reste sous-traitée. Autrement dit nos Etats n’ont pas fait les efforts d’adaptation nécessaires, en particulier en termes d’investissements dans la recherche.

Le niveau des dettes publiques des Etats en Europe est à la source de déséquilibres importants. Comme l’ont démontré les crises en Irlande, en Grèce, en Espagne, en Italie, à Chypre. La dette française en particulier s’élève à 1840 milliard d’euros.

Ce n’est pas l’euro qui est responsable de cette situation. La monnaie commune a au contraire constitué depuis 10 ans un facteur d’une stabilité des prix jamais encore égalée par les monnaies nationales. La priorité de la BCE a été en effet de veiller à ce que soit préservé un faible taux d’inflation. L’euro n’est donc pas à l’origine d’une augmentation des prix comme le soutiennent à tord certains partis politiques.

Jean-Marie CAVADA s‘inscrit en faux contre les discours des partis prônant un repli nationaliste. Quitter la zone euro est ce qu’il ne faut pas faire, car cela se traduirait par une forte dévaluation des monnaies nationales rétablies, ainsi que par un recul économique des Etats, très dépendants à l’heure actuelle des échanges extérieurs (le commerce extérieur atteint 60% entre Etats membres européens).

Pourquoi ce fort niveau d’endettement a-t-il de tels résultats en Europe, alors que les Etats européens ne sont pas les pays les plus endettés (au contraire des Etats-Unis et du Japon) ? Pour Jean-Marie CAVADA l’explication réside essentiellement dans l’absence de cohérence politique de L’Europe. L’Union européenne se rapproche plus d’une société des Nations que d’une entité étatique ou supra-étatique organisée.

Au contraire des Etats-Unis où le budget fédéral atteint 1/5e du PIB américain, le budget européen représente à peine moins de 2% de la richesse produite. Il en résulte une capacité d’intervention européenne très faible. Alors que les Etats-Unis n’hésitent pas à soutenir leurs entreprises à la moindre difficulté (Exemple de Boeing).

Cette situation résulte essentiellement d’une absence d’autorité politique. Il est urgent d’établir une véritable gouvernance économique et financière, voire d’aller plus loin. L’Europe fédérale est trop souvent présentée comme une confiscation de la souveraineté des Etats. En fait, les Etats membres se sont déjà dessaisis d’une part importante de ce qui est considéré comme des attributs de souveraineté, à savoir le pouvoir de battre monnaie. Quant à la défense européenne, elle n’est pas loin de devenir réalité, compte tenu de la diminution des ressources que chaque Etat peut y consacrer.

Pour Jean-Marie CAVADA, il paraît primordial de réaliser une gouvernance économique en mettant en place une véritable convergence des économies européennes, un système de surveillance bancaire, ainsi qu’un plan de relance économique en se fondant sur les gisements d’activité et d’emploi qui se trouvent par exemple dans les nanotechnologies, les biotechnologies, les satellites, l’industrie cognitive et les modes de transfert technologiques.

Il est également urgent que l’Europe se dote d’une autorité politique réelle et adopte le modèle fédéral. Selon Jean-Marie CAVADA le fédéralisme ne doit pas faire peur, car cela consiste à confier au niveau européen les compétences de niveau mondial, qui ne peuvent plus être exercées par les Etats aujourd’hui. Il propose des transferts de compétences dans les domaines de la défense, de l’énergie, de l’économie et des finances, ainsi que dans le domaine de l’immigration en se fondant pour ce dernier secteur sur l’exemple canadien (une loi d’immigration, adoptée par l’Etat fédéral en même temps que l’adoption de la loi de finances, fixe chaque année des quotas d’immigration en fonctions des demandes des Etats fédérés qui se basent sur leurs besoins en matière de développement économique).

Jean-Marie CAVADA, pour soutenir, s’il en était besoin, sa démonstration sur la nécessité d’une Europe forte, évoqué la question de la paix.
Nous, Européens, sommes des gens que l’on peut envier, mais nous sommes aussi des gens dont nous devons nous méfier (nous avons fait faire de tels progrès à la barbarie au cours du XXe siècle…). L’Europe humaniste ne peut souffrir aucune résistance, aucune exception : elle doit se battre de toutes ses forces contre la démagogie, le populisme. Par quelque bout qu’on le prenne, l’Europe est notre premier sujet d’avenir : nous ne devons pas être lâches, manquer de détermination.

Et, pour clore son propos, il a tenu à rappeler la correspondance entretenue pendant la première guerre mondiale entre deux
écrivains, deux visionnaires, l’un Français, l’autre Autrichien, qui partageaient la conviction qu’un jour, les Européens seraient si fatigués de leurs propres haines qu’ils s’assiéraient autour d’une table pour se mettre d’accord. Le jeune Stefan Zweig sera ainsi sauvé de la dépression par Romain Rolland à propos duquel il aura plus tard cette phrase magnifique : « La conscience parlante de l’Europe est aussi notre conscience ».

L’Europe est l’affaire de tous et demande aux citoyens de se « mêler de ce qui les regarde » et d’exiger de leur élus plus d’Europe. Nous sommes à un tournant de notre histoire, et si nous ne militons pas davantage pour l’Europe, nous devront en assumer la responsabilité face à l’histoire et aux générations futures.

par Brigitte Ferrari, présidente du Mouvement Européen des Alpes-Maritimes

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