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29 avril 2024

Le parrain sicilien Toto Riina terrorise Palerme (6)

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Son nom Toto Riina rentre dans l’histoire pour sa poigne et sa cruauté. Il est surnommé « La Bête ». De petit malfrat dans les années 1960, il a par la suite joué un rôle principal au sein de la guerre des mafias allant de 1981 à 1983. Plus d’un millier de morts ont été dénombrés en Sicile. Son enfance a été marquée par un événement dramatique. Durant l’année de ses 13 ans, une bombe américaine de la Seconde Guerre mondiale explose alors qu’il tente de la désamorcer. Son père et son frère de 7 ans sont décédés dans l’explosion. Son frère Gaetano et lui sont les seuls survivants.


À ses 18 ans il est nommé membre officiel de Cosa Nostra par Luciano Liggio. Sa brutalité le démarque de tous les autres mafieux, il n’hésitera pas à tuer l’un de ses amis lors d’un combat à mains nues. Cet incident l’envoie 12 ans en réclusion à seulement 19 ans. Riina voulait être omnipotent, contrôler les institutions, la culture, la société. Sa stratégie pour arriver à ses fins était de tuer
« On doit faire la guerre pour obtenir la paix. »

Pour lui, confronter le gouvernement en utilisant des bombes serait positif pour Cosa Nostra et toutes les autres mafias du pays. Son ancien chauffeur Gaspare Mutolo connaissait très bien sa folie meurtrière :

« C’était l’homme le plus aimable du monde, il était gentil avec moi et avec tout le monde. Il n’était pas vulgaire, mais quand il s’énervait il devenait tout rouge. C’est à ce moment-là que l’on savait qu’il devenait dangereux. »

Mutolo et Riina ont partagé la même cellule. C’est en protégeant le chef de la Mafia Sicilienne dans la cour de la prison d’Ucciardone (Palerme) que le repenti a eu tout le soutien dont il avait besoin. L’un des quatre enfants du couple Riina, Maria Concetta, rêvait de se lancer dans une carrière d’artiste peintre aux États-Unis. Malheureusement pour elle, être l’enfant d’un parrain de l’organisation est un véritable frein. L’argent n’intéressait pas le parrain de Cosa Nostra. La Mafia n’était pas cruelle, cependant il a changé ça. Avec lui aux commandes elle a mué. Il arrivait à persuader des personnes à tuer leurs propres frères, soeurs, et autres membres de la famille. En échange, une place au sein de l’organisation était promise. Toto Riina était particulièrement attaché à la fidélité, c’est pour cela qu’il réalisa ses tests plus cruels les uns que les autres.

Les scènes de crimes ressemblaient à des attaques terroristes. De plus gros calibres et des bombes sont utilisés. Il n’y avait pas de pitié dans la guerre ouverte avec le gouvernement. Tous les symboles anti-mafia étaient persécutés dans tous les faits et gestes. Le peu d’espoir qu’avaient les habitants de Palerme partait en fumée. Le Parrain avait l’habitude de dire : « fais-le quoi qu’il en coûte, qu’il s’agisse de femmes ou d’enfants. » Cosa Nostra a même capturé le fils de Santino Di Matteo, parce que celui-ci avait retourné sa veste en devenant un informateur. Le but était de faire taire Santino face aux fédéraux.

L’enfant de 11 ans a été étranglé puis brûlé à l’acide, pour « compenser » la trahison de son père envers Cosa Nostra. D’une part, la Mafia a envoyé un message fort à tous ceux de l’organisation, mais d’autre part, elle a souillé sa propre image. On ne peut pas revendiquer d’être des hommes d’honneur quand on s’attaque à des femmes et des enfants. En plus de cela, le fait de brûler le corps de l’enfant a empêché tous recueillements de la famille.

Avec son nouveau statut de terroriste, Toto Riina est devenu la cible numéro une de la police de Palerme et des autorités du pays. Ils traquaient un fantôme qui était extrêmement difficile à intercepter. Aucune image de lui depuis son incarcération ne fuitait dans la presse ou arrivait dans les mains des fédéraux. Lorsque son chauffeur, Gaspare Mutolo, le dépose quelque part, il fait en sorte de calculer toutes les possibilités : le danger environnant et les fuites en cas de besoin. En bon Parrain qu’il était, Riina n’a jamais montré le moindre signe d’intolérance au système pénitencier. Il restait le « patron » en toutes circonstances. Durant ses procès il niait tout en bloc. Même l’existence d’un groupe nommé Mafia ou Cosa Nostra. Pour la police Palermitaine c’était un vrai cauchemar. Ils étaient menacés par les criminels et remis en question par les habitants désabusés par l’ampleur de l’organisation criminelle. Un ancien policier de la ville, Francesco Accordino, relate les événements :

« Nous étions seuls et sans moyens, on vivait une vie blindée. Une vie à l’intérieur de cet immeuble (commissariat) que l’on surnommait ‘l’avant-poste des hommes perdus’. Car qui travaillait ici, devait perdre tout espoir de vivre une vie normale. »

Trois de ses collègues ont été assassinés. Suivis d’une chaîne ininterrompue de journalistes, préfets, élus, entrepreneurs. Toto Riina abat tous ceux qui menacent son empire, peu importe leur métier ou leur origine.

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