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3 mai 2024

Box office: « The Young Pope » pour le glamour du Ciel

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Quand la fiction, sur grand ou petit écran, s’empare de l’Église, de ses pompes et de ses ors, de Jude Law en jeune pape à James Dean en Christ laïque, le glamour n’est jamais loin. Mais il n’est jamais gratuit : le faste ecclésiastique, signe de pouvoir, et ses icônes camouflent souvent une virulente critique du système…

Entre deux portes, dans la douce lueur du matin romain, le Très Saint-Père tombe la soutane. Le pape dévoile un corps de quadra sportif, épaules musclées et fesses hautes. Actuellement diffusée sur Canal+, la série « The Young Pope » repose sur un argument apparemment saugrenu : le Vatican voit arriver à sa tête un souverain pontife taillé pour les couvertures de magazine, entre physique de play-boy et goût prononcé pour la toilette pontificale.

Cette figure fascinante, campée par Jude Law, va s’épaissir au fil des dix épisodes. Et si l’apparence « cool » de ce Pie XIII qui carbure au Cherry Coke ne lui servait qu’à imposer une doctrine fondamentaliste ? Le début de la série, ses longs travellings et ses gros plans sur des visages inquiétants, tissent une imagerie familière. Cinéaste italien vénéré des cinéphiles, Paolo Sorrentino, auteur de La Grande Bellezza, filme l’Église comme on filme la mafia. Tel le monde de la pègre, le Vatican hésite toujours au cinéma entre le secret et le grandiose.

Lieu de mystères, de craintes… et d’affirmation de puissance. C’est en ces termes qu’il faut lire la passion que ce pape de fiction a paradoxalement pour les attributs esthétiques de l’évêque de Rome : entre tiare joaillière débordant de pierreries – dont il réclame le retour dès le premier épisode -, chasubles et chaussons brodés, ce Pie XIII entend redevenir une image sainte permettant un lien direct avec le sacré. Une icône mettant à bas Vatican II.

Le glamour sacerdotal et la beauté du successeur de saint Pierre (« plus beau que Jésus-Christ lui-même », confesse Jude Law dans un sourire aussi ironique que programmatique) sont ainsi autant un instrument de pouvoir qu’une manière d’encyclique ramenant l’Église au temps de la reconquête des esprits, tendance esthétique de la Contre-Réforme. Quand l’or, le velours et le drapé furent une réponse au noir et à la bure de Calvin…

En refusant le jeu médiatique contemporain et en revendiquant la pompe et le faste, ce Pie XIII de télévision affirme son ambition spirituelle, et l’avènement d’une nouvelle ère pour « le règne, la puissance et la gloire » de l’Église catholique et apostolique. Au passage, Canal+ a pu parier sur le glamour et la séduction un rien sulfureuse de Jude Law pour une campagne massive de communication, d’une ampleur réservée jusqu’ici aux superproductions hollywoodiennes. Car l’image de play-boy pimentée d’apparat pontifical séduit les spectateurs…

Et ces jeux d’apparences et de pouvoir fascinent depuis longtemps les réalisateurs, pour qui le Saint-Siège peut devenir la capitale de toutes les extravagances et la religion catholique, le prétexte à tous les

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