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8 mai 2024

L’edito du Psy : Que vive la démocratie en Amérique !

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bobine2008-3.jpgQuoi qu’on en dise, la campagne électorale américaine a quelque chose de rassérénant. Les plus grincheux pourront, certes, toujours déplorer la vacuité de ces immenses shows électoraux, ironiser sur le côté « paillettes et lâchers de ballons » des meetings populaires ou dénoncer les montants exorbitants des dépenses financières qui sous-tendent la désignation des candidats appartenant aux deux partis traditionnels.

Mais le déroulement de ces primaires donne une fantastique leçon à tous ceux des pays qui aiment à prendre les Etats-Unis pour cible. On pense évidemment à la Russie. Quel contraste saisissant en effet avec les élections présidentielles qui auront lieu le 2 mars prochain dans la Fédération. A tel point que les Russes se passionnent davantage pour la campagne outre-atlantique que pour la leur. Du côté russe, le tableau est rapidement dressé : les résultats de cette consultation électorale pourtant fondamentale sont connus depuis des mois. Tellement certain de son « succès », le dauphin désigné par Vladimir Poutine, Dimitry Medvedev refuse de prendre part au moindre débat télévisé. Ce serait pourtant une entreprise sans risque : tous les opposants déclarés, dont l’ancien premier Ministre Mikhaïl Kassianov, ont été exclus de la compétition et les télévisions sont suffisamment sous contrôle étatique pour éviter tout dérapage. Le Bureau des Institutions Démocratiques et des Droits de l’Homme, organisme européen chargé au sein de l’Organisation de la Coopération et de la Sécurité en Europe (OSCE) de surveiller les élections sur le « vieux continent » a même jeté l’éponge en raison des « restrictions imposées » par un Kremlin paranoïaque. Ce dernier a limité le nombre des observateurs à 75 pour un territoire qui s’étend tout de même sur 17 millions de km2 et n’a autorisé leur déploiement que trois jours avant le scrutin. L’OSCE avait déjà boycotté les élections législatives russes de décembre 2007 pour des raisons identiques. Et si l’on pouvait encore avoir des doutes sur la personne qui dirigera demain la Russie, Vladimir Poutine vient solennellement de présenter devant les responsables politiques nationaux et régionaux de la Fédération sa « stratégie politique à l’horizon 2020 ». Quel crédit accorder, dans ces conditions, aux opérations de vote ?

Les élections aux Etats-unis n’en revêtent à ce titre que plus de valeur. Peut-être l’Amérique n’est-elle jamais tant « américaine », peut-être n’offre-t-elle au monde le meilleur d’elle-même que lorsqu’elle doit choisir son dirigeant et, avec lui – ou avec elle -, une politique dont l’influence sur le reste du monde, que cela plaise ou non, n’est plus à démontrer. Conscient de cette responsabilité internationale, le peuple américain profite de cette occasion pour débattre publiquement de toutes sortes de questions, renouvelées et intensifiées à chaque étape électorale de cette course à la Maison Blanche : coût et efficacité de la guerre en Iraq, stratégie vis-à-vis de l’Iran, mise en place d’une couverture sociale, inquiétudes économiques. Un article du New York Times fait même état du grand retour dans la campagne des « Think tank », ces « réservoirs d’idées » où s’élaborent, dans un esprit d’échange et de pluralisme, les politiques futures des Etats-Unis notamment dans le domaine de la politique étrangère.

Dans cette atmosphère de liberté foisonnante, la compétition engagée, au sein du camp démocrate, entre une femme et un Africain-américain n’adresse pas à la planète le moindre des signaux sur cette capacité d’ouverture et de renouvellement du personnel politique. Face au vétéran du Vietnam ou à l’ancien pasteur baptiste, conservateurs républicains et gardiens des traditions, l’ex-première dame des Etats-Unis associe image de l’expérience et retenue dans l’expression alors que Barack Obama incarne, par ses discours aux tonalités plus enthousiastes, la perspective d’un changement profond de l’Amérique. Contrairement à la situation électorale en Russie, les Américains devront effectuer un choix et celui-ci sera, par surcroît, loin d’être anodin dans ses conséquences.

L’esprit démocratique dans ces élections américaines, c’est également l’imprévisibilité. Le « super mardi » devait clarifier le jeu démocrate : c’est du côté républicain que ce dernier s’est éclairci. Tenu pour décisif, le vote des 24 Etats américains impliqués dans la journée du 5 février était également censé mettre les autres hors jeu : en fait, la vingtaine d’Etats en attente de primaires départagera les candidats en lice pour le scrutin de novembre. Finalement, si aucun candidat n’a été en mesure de l’emporter dans ce « Super Tuesday », il y aura eu au moins un grand gagnant : la démocratie.

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