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4 mai 2024

L’Edito du Psy – Petits arrangements sexuels!

jpg_bobine2008-90.jpgRejetée depuis la nuit des temps dans l’ombre de l’hypocrisie -cachez ce sein que je ne saurais voir!- la sexualité n’en reste pas moins un excellent baromètre de la civilisation: peu importe, finalement, que la société lui impose la dissimulation ou lui offre un espace de liberté pour s’afficher, la recherche du plaisir ne cesse d’innover. Et comme les corps, malgré la souplesse des articulations et l’élasticité des chairs, connaissent les pénibles limites de leur anatomie, c’est du côté de la psyché que l’inventivité se développe. En témoigne la scénarisation parfois hautement sophistiquée de nouvelles « activités » sexuelles où les circonstances de la réalité économique ou sociale, loin d’être exclues, deviennent une condition impérative de leur succès.

Signe des temps, le phénomène de la « prostitution étudiante » appartient à cette catégorie. Chaque année, de plus en plus de jeunes universitaires, hommes comme femmes, s’adonnent à cette pratique pour financer ponctuellement leurs études. Finis les petits boulots de serveurs dans un restaurant minable. Plus question de s’éreinter le soir pour risquer de s’endormir le lendemain au cours ronronné de l’amphithéâtre. Anobli par l’usage du terme anglo-saxon, « l’escort » profite des possibilités de rencontres discrètes offertes par la Toile, tombeau des Danaïdes de la solitude, pour proposer accompagnement et plaisir.

S’agit-il de prostitution? Interrogés lors d’un reportage sur Direct 8, certains des intéressés s’en défendent: d’une fréquence irrégulière, la démarche est purement fonction des nécessités budgétaires, les partenaires sont choisis, le cadre social est généralement festif et gratifiant. La prestation sexuelle s’accompagne d’un sentiment de liberté d’organisation dans l’emploi du temps, doublé d’une valorisation de soi par la mise en jeu spécialement tarifée du corps. Objet qui recueille, pour mieux les « évacuer », les exigences moralisantes du surmoi tyrannique, l’argent liquide -au sens propre comme figuré- et solde le compte émotionnel.

Pour les hommes, la manoeuvre physique s’étaye sur le sentiment habituellement masculin d’un acte sexuel perçu comme une performance sportive, un exploit exceptionnel, aussi unique que le déroulement de la jouissance mâle. La femme déploie en revanche toute son énergie séductrice, capable de faire venir à elle, d’attirer un objet de pouvoir qui, paraît-il, lui fait défaut: elle vainc peu à peu les résistances de son vis-à-vis. Montée en puissance inexorable et progressive du désir, aussi renouvelée que les vagues successives de l’orgasme qui caractérisent son être intime.

Tout cela mérite bien quelques menus arrangements. D’où l’apparition de nouveaux métiers: démonstratrice à domicile de « sex toys » et « fournisseur d’alibis ». Uniquement sur rendez-vous, la première s’invite dans les salons de dames curieuses qui méditent désormais sur les autres finalités et avantages supportés par le plastic inusable des tupperwares. Certes, l’ustensile ne quitte toujours pas la cuisine -celle intérieure du sexe faible- mais le plat servi sera sans doute plus épicé. Spécialiste de la théâtralisation, la seconde fournit à l’un des partenaires -le plus souvent l’homme- le stratagème lui permettant de « se dérober » aux obligations usuelles du couple. Bonne maman veille toujours au grain. Dans le fétichisme entremetteur de l’objet, rien ne manque à l’authentification de la mise en scène: fausse invitation au match de foot ou à l’avant-première, note factice de frais professionnels abandonnée négligemment dans la poche de veston. Là encore, la « technicienne », qui n’est pas de surface, réfute verbalement toute idée de perversion: elle « aide à l’organisation d’une rencontre », elle ne se fait en aucun cas complice d’un adultère. Elle agence « simplement » la rupture dans l’emploi du temps. Elle crée cet interstice d’inattendu dans un monde moderne qui frappe d’interdit la moindre variable aléatoire.

Contactés pour les besoins de l’émission, les détectives spécialisés dans les infidélités conjugales l’admettent volontiers: les femmes demeurent de redoutables instigatrices, des comploteuses hors pair. Elles brouillent les pistes, sèment des leurres, redoublent de fantaisie créative pour empêcher la procédure de constat. Eternel combat entre le glaive et le bouclier.

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