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5 mai 2024

L’Edito du Psy – Italie : Et pourtant…Elle tourne !

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jpg_bobine2008-6.jpgDeux ans à peine après l’arrivée au pouvoir d’une coalition de gauche emmenée par Romano Prodi, 47 millions d’Italiens se rendent à nouveau aux urnes pour élire simultanément 630 Députés et 315 Sénateurs. Exit « il Professore », le duel oppose dans un match bien éloigné d’une « commedia dell’arte », le « Buonisto » au « Cavaliere », l’ancien maire « socialiste » de Rome Walter Veltroni au milliardaire « libéral » Silvio Berlusconi. A priori, deux visions irréconciliables de la politique. Ou irréconciliables avec l’Italie elle-même tant, sur fond de désillusion populaire, les deux candidats ont peiné, pendant une campagne « triste » et « ennuyeuse » – « une des plus ternes qu’ait connue l’Italie » selon les quotidiens nationaux -, à expliquer les futures décisions à prendre pour venir à bout des maux politiques et économiques récurrents de la Péninsule.

Avec un système politique passablement usé, le pays est, en effet, devenu ingouvernable : adoptée en décembre 2005 par un ministre du « Cavaliere », la loi électorale assigne automatiquement une majorité de 340 sièges sur les 630 à la Chambre des députés au parti ou à la coalition qui obtient ne serait-ce qu’une voix de plus que l’autre. Un pays de « vieux responsables politiques », selon l’écrivain Umberto Eco qui dénonce également dans les colonnes du quotidien espagnol « El Pais » (cité par « Courrier International »), la classe politique « la plus vieille au monde ». Assertion corroborée par les chiffres du quotidien « La Repubblica » : seul un citoyen sur quatre a moins de 25 ans et le vote des jeunes ne compte plus guère au sein des partis. 10% des jeunes entre 15 et 19 ans n’étudient et ne travaillent pas. L’Italie est, selon un journal suisse, en queue de classement en matière d’investissements dans la connaissance, 24ème sur 30 pour le nombre de chercheurs.

Bien que membre du G7, les pays les plus puissants du monde, l’Italie ne brille pourtant pas par ses résultats économiques : le gouvernement sortant de Romano Prodi a revu drastiquement à la baisse sa prévision de croissance pour 2008, de 1,5% à 0,6%, chiffre encore minoré par le Fonds monétaire international à 0,3%. Avec celle de la Grèce, la dette publique italienne est l’une des plus élevée d’Europe : 103% du PIB. Et même si le taux de chômage a légèrement baissé en 2006, pas moins de 20% des familles vivent officiellement dans la pauvreté – le smig avoisine les 600 euros – , selon les statistiques officielles. Un peu plus de la moitié des Italiens, soit 51,4%, estiment que leur situation économique personnelle s’est aggravée contre 36,1 % en mars 2006, selon un sondage de l’institut Demos-coop publié fin mars.

Faut-il tout mettre sur le compte de la Mafia, toujours plus organisée et plus visible ? A Naples, où elle a infiltré l’industrie de traitement des déchets, elle est en quelque sorte perçue comme un « vecteur de croissance interne », apportant une aide financière aux familles napolitaines les plus démunies pour l’achat des cahiers, couvrant les frais de scolarité, voire ceux de nourriture. Au-delà des poncifs – le Mezzogiorno tiré par le Nord ou Milan, région la plus prospère d’Europe plombée par le sud – faut-il également accuser un régionalisme tenace qui maintient la méfiance entre les grandes villes, au point d’influer encore sur les nominations importantes dans les administrations et les sociétés commerciales ? Convient-il enfin d’incriminer une économie souterraine – 30% selon diverses estimations, faible nombre des cartes de crédit, paiement en numéraire – avalisée dans les années 80 par le système bancaire et sans laquelle aucun « arrangement » ne serait possible ?

Quelle que soit l’issue du scrutin – une grande coalition ou un avantage conséquent pour l’un des prétendants au Palazzo Chigi – seule une mobilisation générale des Italiens permettra au pays de dépasser ses contradictions. L’indécision annoncée d’un tiers des électeurs qui déclarent vouloir effectuer leur choix électoral entre « leur domicile et leur bureau de vote » augure mal du nécessaire sursaut de la Nation de Garibaldi.

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