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6 mai 2024

L’Edito du Psy – Désunion de la Méditerranée.

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jpg_bobine2008-11.jpgIl faut espérer que Nicolas Sarkozy ait trouvé un peu de réconfort lors de son récent périple à Beyrouth. Les quelques heures passées au pays du Cèdre peuvent toutefois difficilement occulter les mauvaises nouvelles qui s’accumulent sur le pourtour méditerranéen et assombrissent les perspectives d’un lancement heureux, le 13 juillet prochain, de son projet phare d’Union de la Méditerranée. Ecarté prudemment du schéma initial pour éviter l’enlisement rencontré par le Processus de Barcelone de 1995, le volet politique d’une entente des pays arabes avec Israël réapparaît dans un contexte régional pour le moins tendu. Il pourrait non seulement altérer le succès de l’initiative élyséenne mais aussi ternir la prochaine présidence française de l’Union européenne.

De nombreuses réticences proviennent des pays arabes. Onze d’entre eux ont formellement demandé, lors du Forum des pays de la Méditerranée des 5 et 6 juin derniers à Alger et en présence du Ministre français des affaires étrangères, des « clarifications » sur la participation d’Israël à cette Union. L’homologue algérien de Bernard Kouchner, Mourad Medelci, a même réservé la réponse de son pays au projet d’adhésion rendant aléatoire la venue à Paris du président Bouteflika en juillet prochain. En Egypte, pays susceptible, comme représentant de la rive sud, de co-présider ce programme, des violences récurrentes liées aux perturbations alimentaires mondiales – l’arrêt des livraisons de la farine subventionnée ainsi que la corruption qui entoure cette activité – secouent diverses régions du Caire.

Dans une quinzaine de jours, le Président de la république se rendra en visite officielle en Israël sans savoir si l’Etat hébreu aura d’ici là levé les incertitudes sur l’avenir politique de son premier Ministre Ehud Olmert, englué dans de sombres affaires de pots-de-vin. Cette crise politique bloque les discussions avec les Palestiniens au point de conduire le président Mahmoud Abbas à rechercher en Arabie saoudite les moyens d’un dialogue renouvelé avec les responsables du Hamas. Pendant ce temps, Gaza bruisse de rumeurs alarmistes sur une offensive de grande envergure envisagée par Tsahal et destinée à mettre un terme aux roquettes lancées depuis la bande contrôlée par la formation islamiste. Surenchère liée ou non à la politique intérieure, toujours est-il que les récentes déclarations du vice-premier Ministre Shaoul Mofaz sur le caractère « inopérant des sanctions internationales » contre l’Iran et la perspective d’une « attaque » si ce pays « poursuit son programme d’armement nucléaire » n’augurent pas d’une accalmie dans la région. Même désavouées par la classe politique israélienne, ces déclarations interviennent, notons le au passage, après des entretiens de Ehud Olmert à la Maison Blanche.

Ce n’est pas non plus en regardant du côté de la Turquie que l’Elysée pourra trouver un lot de consolation : l’amendement – légitime – voté dans la réforme des institutions voulue par le Chef de l’Etat rend obligatoire la tenue d’un référendum pour l’entrée dans l’UE d’un pays dont la population représente plus de 5% de celle de l’Union. Cet amendement ad hoc a ulcéré les responsables de l’AKP au pouvoir à Ankara. Des dirigeants turcs pris eux-mêmes dans la tourmente judiciaire après l’annulation par la Cour Constitutionnelle turque d’un amendement mettant fin à l’interdiction du voile dans les universités et annonçant, à terme, l’interdiction probable du parti religieux gouvernemental.

Dans une autre catégorie – celle des fréquentations plus délicates -, on aurait pu espérer un geste réconfortant du leader libyen Mouammar Kadhafi. Mais en dépit de sa chaleureuse réception par la France il y a quelques mois, ce dernier refuse obstinément de s’asseoir à une table où siège un dirigeant israélien. Reste le président syrien Bachar El Assad qui, à défaut du Liban où sa venue pourrait à nouveau plonger le pays dans la guerre civile, serait susceptible de faire le déplacement en France. Reste à savoir si les déclarations fortes de Nicolas Sarkozy au Liban sur le « caractère non négociable » du jugement des assassins de Rafic Hariri seront suffisamment atténuées par les deux émissaires élyséens en partance pour Damas.

Après les restrictions imposées au projet élyséen par les pays européens, notamment l’Allemagne ou l’Espagne, ceux de la rive sud jouent les trouble-fêtes. Au point de donner à « ce grand rêve de civilisation…capable de soulever le monde », évoqué au Maroc par Nicolas Sarkozy en octobre 2007, des allures de cauchemar.

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