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2 mai 2024

Elections municipales : la « folle journée » de « « i télé » à Nice.

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Crédit photo Huffschmitt
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C’était annoncé sur son site web : dans le cadre du Tour de France des municipales, la chaîne d’information en continu sur câble, satellite et TNT, « i Télé » proposait ce soir dans les locaux de la Chambre de Commerce et d’Industrie, un débat animé en direct par Thomas Hugues et Michel Bernouin (du quotidien gratuit « Métro ») autour des principaux candidats aux municipales de Nice : était ainsi prévu un premier round entre Christian Estrosi et Patrick Allemand, puis un entretien avec le Maire sortant Jacques Peyrat. Mais c’était sans compter sur les retournements inattendus de situation. En fin d’après midi : coup de théâtre. On apprend que le Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, « en dépit des multiples formules qui lui ont été proposées », selon un responsable de la chaîne, n’agrée plus la programmation mais souhaite passer seul sur le plateau.

C’est donc en compagnie du « représentant socialiste » que le « candidat suspendu par l’UMP » a débattu en direct. Tandis qu’à quelques minutes de l’antenne, Monique Peyrat prodigue les ultimes conseils à son époux, la maquilleuse s’affaire sur le visage de P. Allemand. La première question, qui porte sur l’absence de C. Estrosi, va donner en quelque sorte le « la » des vingt minutes de discussion. Au point d’escamoter d’autres sujets importants, voire – les absents ayant toujours tort – de cristalliser les critiques sur le Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer et de faire curieusement oublier le fossé idéologique qui sépare les deux autres candidats.

P. Allemand « regrette la dérobade » du Ministre, se disant « affligé que les Niçois soient privés de ce débat ». J. Peyrat enchaîne sur le même mode, une octave légèrement au-dessus, pour fustiger cette « absence inadmissible ». Interrogé par le journaliste sur son inimitié avec C. Estrosi, J. Peyrat se plait à raconter comment, en mai 2007, le Président du Conseil Général lui « avait alors donné l’assurance » qu’il « n’était pas intéressé par la Mairie de Nice ». A plusieurs reprises, le candidat socialiste, tout comme le Maire sortant vont involontairement faire « cause commune » contre le Président du Conseil Général. P. Allemand tentera bien de rappeler que C. Estrosi ne « s’est mis à critiquer le Maire de Nice » que « depuis qu’il est candidat déclaré à ce poste » et que le « bilan du Maire sortant est contrasté », qualificatif qui ne témoigne guère d’une virulence du propos, ses paroles manquent singulièrement de conviction. Même s’il égratigne J. Peyrat sur les dossiers litigieux connus, le grand stade, la nouvelle mairie, le tracé du tramway et « non son principe » précise le candidat socialiste, même s’il critique encore le « déficit de concertation », les « méthodes de gestion autocratiques » et les « problèmes de logement », l’usage d’un ton urbain et policé ne donne pas le sentiment que J. Peyrat est l’ennemi à abattre. De son côté, J. Peyrat réduit l’intervention du candidat socialiste à la proportion d’une logique d’opposition municipale, étalant en revanche avec fierté son propre bilan : un palais des sports, une salle de spectacle, une nouvelle université et un tramway. C’est peut-être sur la question du logement que le débat frôle – seulement – la rugosité : P. Allemand déplore le manque de « 18 000 » logements sur la Canca, chiffre rejeté par J. Peyrat qui avance, pour sa part, les « 11 000 » logements construits depuis son arrivée à la Mairie en 1995, soit 12% de logements sociaux à Nice, marge qui évite à la ville d’avoir à payer des amendes. S’il est élu, s’engage P. Allemand, « 6000 nouveaux logements seront construits sous sa mandature ». Différence minime mais sensible entre les deux hommes sur cette question, la place accordée respectivement aux logements sociaux et aux logements pour actifs. Le candidat socialiste mentionne que pour certains foyers la « dépense du loyer avoisine 60% du revenu », d’où la nécessité de « desserrer » les contraintes du marché locatif. Sans nier cette difficulté, le Maire sortant préfère insister sur le logement des actifs, « tout aussi nécessaire ».

Finalement, dans un délai aussi court, c’est moins sur les questions de fond que sur celles de la forme que sont apparues des différences. Des tonalités vocales sensiblement éloignées l’une de l’autre : celle de P. Allemand, plus émotionnelle tranchait avec l’expression toujours mesurée, pleine de retenue de celle du Maire sortant au risque de le faire apparaître plus distant. Des différences de personnalités qui masquaient très probablement aussi des différences d’enjeux électoraux.

Crédit photo Huffschmitt
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Après une courte pause d’une dizaine de minutes, ce fut au tour de C. Estrosi de s’installer sur le plateau. Contrairement aux deux interlocuteurs précédents, le Président du Conseil général montre davantage de tension derrière une apparente décontraction : s’il salue jovialement l’animateur d’un « bonjour Thomas, ça va ? », affichant son habitude parisienne des plateaux de télévision, il ne peut s’empêcher de meubler les quelques minutes avant le direct de propos qui se veulent aussi anodins que rassurants. Mais l’odeur de la poudre réveille et excite le soldat endormi. Une fois l’émission commencée, l’animateur aura les plus grandes difficultés à orienter l’entretien selon sa convenance : à peine évoque-t-il le refus de son invité de se prêter au débat à plusieurs que le Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer concentre le tir verbal sur les préoccupations des Niçois, écartant d’un revers de la main, la question de Thomas Hugues sur « sa peur de Jacques Peyrat, motif éventuel de son désistement ». « Peur ? Absent ? » ironise C. Estrosi ? « Mon nom a été cité 29 fois dans la discusion précédente ! ». « J’ai plutôt le sentiment, poursuit le Ministre, d’avoir au contraire été très présent ! ». Suivent, en bon adepte de la méthode sarkozienne, une cascade de chiffres et une rafale de projets à donner le tournis et articulées autour de trois idées principales : en se portant candidat, C. Estrosi estime sauver la mairie de Nice d’un passage dans l’opposition, il pense resserrer les rangs de sa propre formation, évitant la multiplication des candidatures y compris au sein de la droite, et il affirme vouloir « assainir » un état financier catastrophique dans lequel se trouve la ville de Nice. Le présentateur tente bien une ou deux percées sur la question du logement, reprenant le chiffre dérisoire avancé par P. Allemand de « 17 logements » construits par le Conseil Général. Peine perdue. C. Estrosi se félicite d’être à la tête du deuxième département après celui des Hauts de Seine qui investit le plus dans le logement, ajoutant au passage son bonheur d’avoir « facilité l’accession à la propriété de 5000 jeunes de moins de 25 ans » et d’avoir « gelé toute hausse de la fiscalité » dans les Alpes-Maritimes. Quant à P. Allemand, le candidat officiel de l’UMP a beau jeu de rappeler que le premier vice-Président de la Région a voté 97% des délibérations budgétaires. Pas le temps de reprendre son souffle que C. Estrosi pense déjà à l’avenir. Sur sa lancée, il envisage de faire de Nice « une ville verte de la Méditerranée », annonçant au passage un accord signé récemment en ce sens avec la Fondation Nicolas Hulot et la bénédiction de Matignon. Avec la rumeur d’une remontée dans les sondages de J. Peyrat, certains observateurs locaux prédisaient un ajustement, voire une pause dans la campagne électorale de Christian Estrosi. Ce serait plutôt une franche accélération.

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