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4 mai 2024

A Nice, la présidentielle fait réagir les élus…

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Nice Premium : Quelle a été votre réaction à l’annonce de ce second tour opposant Ségolène Royal à Nicolas Sarkozy ?

jomat-elodie-logo.jpg Elodie Jomat (PRG) : Je me réjouis du résultat du premier tour de l’élection présidentielle. Les Français vont enfin avoir le débat indispensable entre la droite et la gauche qui leur été volé le 21 avril 2002.

Ils ont ainsi le choix entre deux projets de société résolument différents.

vidal-logo-5.jpg Jean-Louis Vidal Revel (UDF) : Celle d’un rendez-vous manqué par la France.

Et pourtant le choc du premier tour de l’élection précédente présent dans toutes les mémoires a favorisé une participation massive, encouragement pour la démocratie.

Le sens du vote démontre que l’électorat a privilégié les oppositions marquées entre deux offres politiques dont les programmes apparemment différents n’ont jamais résolus nos problèmes mais nous ont au contraire lourdement pénalisés ainsi que nos descendants.

allemand-nice-6.jpg Patrick Allemand (PS) : Soulagement, Satisfaction, et Détermination

Soulagement, parce que depuis des semaines, les instituts de sondages nous expliquaient que nous étions au coude à coude avec François BAYROU. Et psychologiquement, le 21 avril 2002 était présent dans toutes les têtes. Ségolène ROYAL est qualifiée, et très nettement.

Satisfaction, devant le score de Ségolène ROYAL. Elle réalise un score supérieur à celui du François MITTERAND en 1981, avec un taux de participation record. Sa légitimité à gauche est incontestable.

Détermination, parce qu’une élection présidentielle, il faut la gagner. Et tout reste à faire. L’arithmétique est plutôt défavorable, mais c’est l’une de mes phrases préférées. « L’arithmétique et la politique ne font pas toujours bon ménage. En politique, 1+1 font rarement 2. »
La dynamique reste à construire.

della-sudda-2.jpg Bruno Della Sudda : Sans grande surprise cette fois-ci, ce sera un second tour classique d’opposition gauche-droite. Mais, contrairement aux apparences, ce n’est pas le signe d’un retour au bipartisme car d’une part plus de 40% de l’électorat, malgré la pression du « vote utile », a fait d’autres choix que Sarkozy ou Royal, et d’autre part une partie très importante des voix portées sur Royal ne vaut adhésion ni à son projet ni à son parti, mais traduit avant tout l’aspiration à éviter un nouveau 21 avril laissant aux prises extrême-droite et droite extrême.

NP : Quels autres enseignements tirez-vous de ces résultats ?

Elodie Jomat (PRG) : L’excellent score de Ségolène Royal s’explique, en partie, par la double dynamique qu’elle a réussit à impulser dès le premier tour, d’une part, en créant un rassemblement avec le Parti Radical de Gauche et le Mouvement Républicain et Citoyen et, d’autre part, en s’appuyant sur l’ensemble des citoyens grâce à la démocratie participative.

Par contre, je suis interpellée par la faiblesse du score de Jean-Marie Le Pen.
Il démontre que l’OPA lancée par Nicolas Sarkozy sur le FN a parfaitement réussi. Tous les républicains s’inquiéteront de voir que l’idéologie de l’extrême droite est désormais portée par un candidat en mesure d’accéder à la magistrature suprême.

Jean-Louis Vidal Revel (UDF) : Seul François Bayrou a eu le courage de s’opposer à un système établi en disant clairement la vérité aux Français… et toute vérité n’est pas toujours bonne à dire car il est plus facile de rêver que d’affronter la réalité. Il est regrettable que le second tour n’ait pas permis à François Bayrou d’être présent car un véritable choix se serait alors offert aux électeurs. Sarkozy/Royal, Royal/Sarkozy n’est jamais qu’une partie de chat perché entre deux représentants de concepts et d’idéologies éculés.

L’incroyable masse des indécis démontre la saturation de l’information et l’intoxication des sondages. Il est évident que tous les moyens ont été mis en œuvre pour préserver un bipartisme nocif. La captation des voix du FN en est un exemple flagrant par sa manipulation orchestrée, très bien menée par des médias complices.

Patrick Allemand (PS) : C’est le score très élevé de Nicolas SARKOZY. Franchement, j’avais des craintes sur l’O.P.A qu’il tentait sur l’électorat de LE PEN. Son discours a été tellement proche de celui du leader de l’extrême droite.

Beaucoup dans mon entourage, pensaient au contraire qu’en faisant cela, il roulait pour LE PEN. SARKOZY a pris une lourde responsabilité. Il a banalisé le discours de LE PEN et décomplexé son électorat. Son hold-up a été parfait. Dans le département, c’est encore plus caricatural. C’est très bien pour un premier tour, mais ce discours est-il de nature à rassembler les français au 2ème tour ? J’en doute !

Bruno Della Sudda : 1. A droite, l’UMP a déjà récupéré une partie importante de l’électorat du FN ; à gauche, le PS a profité à plein de la pression du « vote utile », ce qui aboutit à dissimuler la crise de la politique et de sa représentation, alors que cette crise reste très profonde. Ne l’oublions pas : comme l’indique la forte participation, phénomène très positif, cette crise n’est pas synonyme de désintérêt pour la politique.

  1. En ce qui concerne les candidatures de la gauche anti-libérale, toutes ont beaucoup souffert de la division voulue par la volonté de la LCR et du PCF de « jouer perso » plutôt que de « jouer collectif ». La candidature Bové, très tardive, a peut-être souffert davantage encore que les autres de la pression du « vote utile ». Dans la campagne de terrain que nous avons mené aux côtés de José Bové, il était très frappant, par exemple à l’Ariane et dans les quartiers populaires de Nice, de s’entendre dire, en particulier par beaucoup de jeunes : « On est avec vous, on est d’accord avec ce que dit Bové, mais on a trop peur de Sarkozy et Le Pen, alors on va « voter utile » … Mais cette campagne, profondément originale car unitaire et collective et portée par un candidat sans parti, non professionnel de la politique et issu de l’altermondialisme, est porteuse d’avenir malgré son résultat très modeste. Nous allons continuer : la gauche alternative -que la candidature Bové a permis de rassembler- sera présente non seulement dans les indispensables mobilisations citoyennes et sociales de demain, mais aussi, et si possible de manière unitaire avec les autres composantes de la gauche anti-libérale, dès les prochaines élections législatives et municipales, dans des formes que nous allons décider collectivement.

sarko-royal-3.jpg NP : Comment analysez-vous ce second tour ?

Elodie Jomat (PRG) : Il est logique que Nicolas Sarkozy récupère le reste des électeurs du Front National. Par contre, je pense qu’il va effrayer les modérés… et ceux qui n’ont pas oublié son bilan calamiteux !

Jean-Louis Vidal Revel (UDF) : 1/ Même s’il faut se réjouir de l’affaiblissement du Front National nous devons rester prudents. Cet électorat protestataire existe bien et pour longtemps. Pour lui et jusqu’à maintenant, la gauche, la droite c’était du pareil au même. Il semble en partie s’être reporté sur celui qui maniait le mieux le bâton, ou en tout cas qui l’agitait le plus. Cet électorat n’est pas encore prêt à considérer que notre premier devoir est d’apprendre à vivre ensemble, ce que François Bayrou a tenté de dire et qu’il proposait comme véritable changement.

2/ Même s’il faut se réjouir de l’affaiblissement des groupuscules d’extrême gauche nous devons rester vigilants face à leur pouvoir de nuisance. Ils n’ont fait qu’étaler largement leurs frustrations, sans idée ni projet. Certes ils ne représentent pas grand-chose mais leur ralliement immédiat à Ségolène livre celle-ci à leurs exigences. Elle ne pourra faire un score intéressant sans eux, ils ne pourront exister qu’à travers elle. Ils détiennent les clés du chantage, des manifestations et des grèves. Les compromissions passeront par eux.

Le score de François Bayrou est excellent en nombre de voix. Il démontre que de plus en plus de Français prennent conscience que les surenchères politiciennes sont néfastes et nous mènent à la ruine, malheureusement ils ne sont pas encore assez nombreux.

Patrick Allemand (PS) : Beaucoup plus ouvert que ne l’indique l’arithmétique. Chaque électeur va en conscience faire un choix de société. Soit la plongée vers l’ultralibéralisme, 30% le veulent et l’ont indiqué. Mais 70% au premier tour ont indiqué de diverses manières le contraire. Je pense que la démarche de Ségolène ROYAL, le pacte présidentiel, est de nature à mieux rassembler au 2ème tour. Tout se jouera sur la création d’une dynamique ou pas. Je ne suis pas en « figure imposée » lorsque je dis cela : je pense sincèrement qu’elle est en capacité de gagner. Elle a construit un projet positif. Beaucoup de candidats, notamment celui de l’UDF, ont construit leur électorat dans cette présidentielle, en se définissant contre SARKOZY. Il en est de même pour LE PEN.

Comment pourrait-il appeler ses fidèles à voter pour « le chef de la racaille politique » selon ses termes ?
Donc où est la capacité de rassemblement de Monsieur SARKOZY ? Un ou une présidente doit rassembler.

Bruno Della Sudda : Il sera difficile pour la gauche, mais la victoire est possible et il faut s’en donner les moyens. Pour cela, deux choses sont indispensables : le rassemblement de toute la gauche et la perspective claire d’en finir avec ce libéralisme qui veut nous imposer un monde de la jungle et de la mise en concurrence de tous contre tous, parfaitement incarné par Sarkozy.

C’est sur ces bases qu’une dynamique est possible, au point d’entraîner y compris une partie de l’électorat populaire qui s’est fourvoyé en ne votant pas à gauche, mais qui ne se reconnaît pas dans le système politique actuel. Si par contre Royal néglige le rassemblement à gauche et l’antilibéralisme, si sa campagne de second tour penche à droite, les cartes seront brouillées et il n’y aura pas de dynamique, la victoire serait alors compromise.

NP : Et enfin, d’après vous, qui sera le (la) prochain(e) Président(e) de la République et pourquoi ?

Elodie Jomat (PRG) : Ce sera Ségolène Royal car c’est la seule candidate authentiquement républicaine. C’est donc la seule à être en capacité de rassembler l’ensemble des Français autour de notre belle devise. La seule qui pourra, demain, créer une France plus juste.

Jean-Louis Vidal Revel (UDF) : L’élection de la représentante de la gauche ne pourrait que nous affaiblir encore plus : appauvrissement général grâce à des mesures dites ‘sociales’ complètement démesurées, distribution de la manne fiscale entraînant la fuite des capitaux, des créateurs et des entrepreneurs etc. Nous avons déjà largement donné et il n’est même pas besoin de parler du retour des éléphants : qui voudrait encore des Fabius, Aubry, Jospin et autres Montebourg…

L’élection du représentant de l’UMP sera quant à elle suivie par le retour ou le maintien des énarques. Ils peuvent se réjouir, ils n’ont pas fini leur mission nuisible.

Ce second tour est donc intéressant : selon leur choix, et s’ils se déplacent le 6 mai, ceux qui ont soutenu François Bayrou feront pencher l’élection. Pour la plupart d’entre eux Sarkozy/Royal, Royal/Sarkozy c’est du pareil au même, les modérés ne se retrouvent dans le clan ni de l’une ni de l’autre. Le dilemme va être grand.

Le simple calcul arithmétique donne un avantage à Nicolas Sarkozy. L’arithmétique n’est pas toujours probante, surtout en politique où 1+1 égale rarement 2. Le budget de la France le démontre amplement lorsque pour arriver à le boucler on ajoute un déficit abyssal à un total réel insuffisant. Il semble que c’est bien le gouvernement auquel participait Nicolas Sarkozy qui maîtrisait cette technique …

L’arithmétique, comme la politique, n’est donc pas une science exacte !

Patrick Allemand (PS) : Ségolène ROYAL. J’y crois, et je vais me battre pendant 15 jours pour cela, parce que la France a besoin d’un projet qui la rassemble, et non d’un diviseur !

Bruno Della Sudda : Ce sera Ségolène Royal, à condition de s’en donner les moyens comme indiqué dans la précédente réponse. Paradoxalement, le fait que la droite soit représentée par un personnage aussi caricatural que Sarkozy peut être un atout pour une gauche digne de ce nom. Car Sarkozy, qui fait souvent penser aux pires personnages de l’Europe des années vingt et des années trente, n’est pas seulement ivre de sa course effrénée au pouvoir, autoritaire, violent et brutal.

C’est aussi le symbole de l’argent-roi et de la réussite à n’importe quel prix, de l’arrivisme et du cynisme total , du mépris pour les plus faibles et les plus fragiles, de la soumission au patronat, aux multinationales et à l’impérialisme américain. Son projet de société, c’est encore plus d’injustices, d’inégalités, de discriminations.

Enfin, ce personnage a de grandes difficultés à dissimuler des penchants sectaires, racistes, sexistes et homophobes, dans lesquels, nous en sommes convaincus, une majorité de femmes et d’hommes de ce pays ne peut se reconnaître.

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