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6 mai 2024

Géopolitique: Pourquoi la guerre du XXIe siècle sera technologique

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La Chine a choisi le terrain de l’affrontement inévitable avec les Etats-Unis : la technologie. Un choix dicté par l’analyse de l’histoire, car l’empire du Milieu avait perdu sa prééminence millénaire en ratant le virage de la révolution industrielle.

Les deux géants de la planète sont au coude-à-coude. Quatre fois plus peuplée, la Chine a désormais une puissance économique voisine de celle de l’Amérique. Depuis cinq ans , le pouvoir d’achat de l’empire du Milieu dépasse celui des Etats-Unis (PIB converti en taux de change « PPA », égalisant le pouvoir d’achat des monnaies).

Ce genre de rivalité est par nature instable. Dans la seconde moitié du XXe siècle, l’opposition entre Russie et Etats-Unis s’est traduite par la guerre froide, juste après deux effroyables conflits. Les siècles précédents ont été marqués par d’autres guerres entre empires. A quoi ressemblera l’affrontement entre les Etats-Unis et la Chine ?

Commençons par la bonne nouvelle : la guerre ne devrait pas être militaire. Après avoir échoué au Vietnam et au Proche-Orient, Washington ne veut plus imposer de force sa conception de la démocratie au reste de la planète. Même si son budget militaire est trois fois plus élevé que celui de la Chine .

De son côté, Pékin n’a jamais voulu conquérir le monde par les armes. Où aura alors lieu la bataille entre les deux grandes puissances de la première moitié du XXIe siècle ? Là où la Chine l’a décidé : dans la technologie.

Aux yeux des dirigeants chinois, c’est la technologie qui est au coeur de l’apogée, du déclin et de la renaissance chinoise. Au Moyen Age, l’empire du Milieu était à la pointe du progrès, avec toutes les grandes avancées technologiques de l’époque – boussole, poudre, papier. Marco Polo en revint tout ébloui. Mais le charbon, la machine à vapeur, les usines et l’électricité ont rebattu les cartes. Et c’est le basculement technologique qui a entraîné le déclin de la puissance économique chinoise, puis la défaite militaire au milieu du XIXe siècle. Cent ans plus tard, l’empire n’était plus qu’un nain.

Cette fois, la technologie sera le coeur du conflit. La Chine s’y prépare depuis longtemps, sur tous les registres. Education d’abord, avec la formation de millions d’ingénieurs et la sélection des meilleures universités chinoises ou étrangères, à l’origine du fameux classement de Shanghai il y a plus de quinze ans. Entreprises ensuite, avec un mélange de soutien et de liberté pour favoriser la naissance de futurs géants, en particulier dans le numérique – les fameux Gafa américains ont aujourd’hui chacun leur équivalent chinois, les BATX, pour Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi. Finance également, avec l’épanouissement du capital-risque dans un secteur pourtant très réglementé.

Le plan stratégique Made in China 2025, lancé en 2015, encadre et prolonge cette ambition. Il a aussi fait prendre conscience aux Américains de l’enjeu. D’où l’ampleur prise par l’affaire Huawei , le fabricant chinois de matériels de télécommunications soupçonné d’espionnage alors qu’il est l’un des principaux acteurs de la 5G, la prochaine génération de téléphone mobile.

La mobilisation chinoise devient de plus en plus visible. Le capital-risque chinois va bientôt brasser davantage d’argent que l’américain . On dépose deux fois plus de brevets en Chine qu’aux Etats-Unis. Deux bébés génétiquement modifiés y seraient nés fin 2018. Dans l’intelligence artificielle, les meilleurs articles académiques chinois sont en passe d’être davantage cités que les américains. L’industrie a réussi son OPA sur la production de terres rares et de panneaux solaires. Elle a racheté le champion allemand de la robotique Kuka . Elle s’attaque à l ‘automobile via la propulsion électrique et la batterie. Et ce n’est qu’un début.

La bataille sera longue, passionnante, épique. Elle opposera non seulement deux industries, mais aussi deux cultures, deux systèmes politiques, deux philosophies du monde. Aux dernières nouvelles, l’Europe n’en sera qu’une spectatrice.

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