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4 mai 2024

Economie: Bras de fer entre l’UE et l’Italie . L’impossible équation italienne

Le bras de fer entre le gouvernement italien et l’exécutif européen se poursuit autour du budget pour 2019 de la péninsule. Bruxelles attendait de Rome qu’elle revoit sa copie mais les justifications apportées au budget expansionniste n’ont pas suffi à éteindre la querelle.

Sans aller jusqu’aux sanctions financières, la Commission européenne va placer l’Italie sous le coup d’une « procédure pour déficit excessif ».

Les Italiens ne se rendent pas service en accroissant sensiblement leur déficit, en suscitant l’inquiétude des marchés, en prenant le risque d’alourdir le coût de leur endettement pour distribuer des revenus que l’économie ne génère pas, pour remettre en cause la réforme des retraites et pour différer une hausse programmée de la TVA.

Une stratégie d’investissement conséquente pour rénover le système productif, remettre d’aplomb des infrastructures décrépies aurait au moins eu le mérite d’élever la croissance potentielle, rendant plus difficile pour Bruxelles de sanctionner un déficit aggravé.

Après avoir proclamé sur tous les tons son hostilité à Bruxelles fauteur d’austérité,
le gouvernement Italien a annoncé que pour financer un train de réformes comportant le revenu universel promis aux populations défavorisées du Sud, la flat tax promise aux petits entrepreneurs du Nord et une pension de retraite plus généreuse, il décidait de réviser à la hausse pour les prochaines années les perspectives de déficit (2,4% en 2019 2,2 en 2020 et 2 en 2021 contre 1,7 en 2018 et une prévision initiale de déficit pour 2019 et au-delà de 0,8% !).

Pour Rome un tel choix n’aggrave pas la situation des finances publiques dès lors que la croissance prévue (1,6 en 2019 puis 1,7%) est au rendez vous.

Une telle orientation a immédiatement suscité l’ire des marchés et de Bruxelles, rappelant à Rome qu’on ne pouvait s’affranchir impunément des engagements pris, augmenter le déficit structurel et prendre le risque de franchir la barre des 3% quand la croissance est atone (1% en S1 2018 et 1,1% en 2019 selon la Commission).

Le budget: un rapport de forces politique

Pour un pays dont la dette représente 132% du PIB, une dette dont la maturité moyenne est de 7 ans et le coût moyen aujourd’hui est de 2,8%, une hausse des taux serait mortelle. Rappelons qu’en 2011 le taux de l’obligation à 10 ans avait atteint 7% net, et qu’il était à 3,44% le 27 septembre dernier ! Plus redoutable que le pouvoir de sanction éventuelle de Bruxelles est la surveillance de fait de la politique budgétaire de Rome par les marchés.

De plus il faut prendre en compte les éléments de la macroéconomie italienne . Depuis 2006 la croissance en Allemagne a été de 18%, de 9% en Espagne et de -3% en Italie. Le PIB par salarié a augmenté de 5% en Allemagne et diminué de 4,5% en Italie. Seule la France fait plus mal depuis 2006 en matière d’exportations nettes, avec 7 points de PIB d’écart favorable à l’Italie, laquelle subit quand même 7 points de PIB d’écart défavorable par rapport à l’Allemagne. (Source Candriam). L’explication est à chercher dans l’inflation des coûts salariaux industriels, supérieurs à ceux de l’Allemagne et équivalents à ceux de la France depuis 1999 (indice 100), dans la productivité (VA/Salarié) qui chute (France Espagne Allemagne autour de 150 contre 115 pour l’Italie) et donc dans des coûts salariaux unitaires qui s’envolent depuis l’entrée dans la zone euro.

Que conclure sur la séquence politique qui vient se clore avec la présentation de l’esquisse de budget 2019 ?

  1. Chauffés à blanc par la stagnation économique, l’érosion du pouvoir d’achat et l’impuissance publique face à la vague migratoire, les Italiens ont confié aux populistes les clés du gouvernement et rien n’indique qu’ils feraient autrement aujourd’hui si l’opportunité leur était offerte.

  2. La défiance à l’égard de l’UE et plus généralement l’euroscepticisme gagnent en popularité dans un pays membre du club des fondateurs et qui s’estime mal traité.

  3. L’Euro à l’inverse gagne en adhésion et la seule perspective d’une éventuelle sortie a suscité un tollé, signe qu’il s’est installé durablement dans le paysage, mieux encore qu’il est perçu comme un garde-fou contre les dérives économiques des populistes.

  4. Les réformes structurelles que plaident les europhiles pour consolider la participation à l’Euro restent ainsi suspendues.

Le problème posé à l’Italie reste sans réponse : comment restaurer la compétitivité sans dévaluation ? Comment sortir de la non-croissance, de la panne des investissements et de l’érosion des parts de marché sans dévaluation interne ni externe ?

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