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4 mai 2024

Nissart Killer : L’aventure commence…

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Il est là ! Voici le premier épisode de la série policière « Nissart Killer » imaginée par Franck Viano et dont les épisodes seront publiés, chaque mercredi à 8h, sur sa page Facebook et sur Nice Premium. Un conseil pour suivre plus facilement le récit, utilisez le copier/coller sur un document word ! Bonne aventure…


nk_couv.jpg NISSART KILLER – Premier épisode

La grande salle du restaurant était vide et seuls quelques policiers en tenue contrôlaient les allées et venues des divers visiteurs. A la vue de Fred, deux le saluèrent, et le troisième s’approcha pour l’embrasser, étant un de ses amis d’enfance du Vieux-Nice avec lequel il avait fait une bonne partie de sa scolarité puis l’école de police de Paris. Fred s’avança vers les cuisines qu’il allait visiter pour la première fois, tout comme le restaurant d’ailleurs, son salaire d’inspecteur ne lui permettant certainement pas le luxe de ce genre d’endroit.

« Bonjour Monsieur l’inspecteur, suivez-moi, c’est par ici. » Un jeune enquêteur était venu à sa rencontre. Il ressemblait à un vrai rat de laboratoire avec sa blouse blanche, ses chaussons bleutés en papier et ses gants en latex translucides.

C’est au détour du grand piano central que Frédéric trouva le corps gisant sans vie à même le sol. Il s’agissait du chef et propriétaire des lieux, Bertrand Ramage. Il était allongé, dénudé et sans vie, au beau milieu des tomates, des artichauts, des poivrons verts à salade et autres cébettes.

Mais, ce qui étonna Fred plus que tout, c’était la présence de fagots d’haricots verts enfoncés dans la totalité des orifices de la victime, de la bouche aux narines en passant par les oreilles et son anus.

« Ciao Fred ! C’est bien la première fois que je vois un truc pareil en 20 ans de métier. » Samuel Bachat s’était approché de la victime pour rejoindre Fred avec qui il avait travaillé près de 5 ans à la brigade anti-criminalité.

« Je vois ça, Samy. La police scientifique a déjà fait son boulot ? » Répondit Fred. « Oui, ils viennent juste de partir et le légiste a conclu à une heure de décès aux alentours de 2h du matin. A mon avis, ça s’est passé un peu après le dernier service et avant la fermeture. Les employés disent qu’il était souvent le dernier à partir et à fermer l’établissement ».

L’arrivée de l’associé de feu le chef Ramage stoppa ce topo rapide.

« Mon dieu, c’est pas possible… Bertrand… » La voix était hésitante et ses yeux se remplissaient de larmes au fur et à mesure qu’il approchait.

« Bonjour Monsieur, Frédéric Ségur de la police criminelle. Merci de bien vouloir rester éloigné de la scène de crime car nous devons encore faire des tests et des prélèvements. » Fred connaissait, bien entendu, l’associé de Ramage car il l’avait déjà croisé à de nombreuses occasions, Philippe Randin étant l’un des adjoints au Maire de la ville en charge de la sécurité et de la coordination avec la police municipale.

« Oui, bien sûr inspecteur. C’est affreux, horrible, incompréhensible… Mais qui pouvait bien en vouloir à Bertrand pour le mettre dans cet état ? » Lâcha l’adjoint clairement déstabilisé.

« C’est une des questions que je souhaiterais vous poser Monsieur Randin, mais retournons dans la salle, nous y serons plus tranquilles pour bavarder. » répondit du tac au tac Fred en indiquant la porte de sortie de la cuisine à son interlocuteur en levant son bras gauche et en accompagnant de l’autre, l’élu.

« Samy, que personne ne touche à quoi que ce soit, je vais discuter avec Randin et je reviens dans quelques instants. » Chuchota Fred à son collègue de travail qui s’exécuta aussitôt.

« Vous voulez un café, Monsieur Randin ? » questionna Fred.

« Je veux bien » fit l’adjoint. « Pourriez-vous nous trouver deux cafés, s’il vous plaît ! » Lança Fred à deux officiers en uniforme qui se mirent immédiatement en quête des deux boissons cafeïnées.

« Monsieur Randin, qui pourraient en vouloir à M. Ramage ? Une idée, des noms ? » Fred avait posé sa question dans le même temps qu’il tendait la tasse de café à l’édile.

« Bertrand n’avait que des amis et tout le monde le respectait, dans le métier comme dans sa vie privée. Bien entendu, la réussite entraîne parfois certaines jalousies mais je ne vois personne autour de lui capable de lui faire ça. » Rétorqua l’adjoint.
« Etait-il marié ? Avait-il des enfants ? » Demanda Fred presque machinalement.

« Non, Bertrand était gay. Depuis la mort de son compagnon Albert, il y a 4 ans, je ne lui ai pas connu de relations, tout au moins sérieuses. Il ne vivait plus que pour son travail. Il passait 16 heures par jour dans sa cuisine du lundi au samedi et même parfois le dimanche quand il bossait sur de nouvelles recettes. C’est affreux… » Répondit Randin.

« M’autoriseriez-vous à perquisitionner le restaurant et à vérifier les contenus des ordinateurs ? » demanda Fred.

« Sans le moindre problème inspecteur… Je dois joindre immédiatement le frère de Bertrand qui vit au Canada pour lui annoncer cette horrible nouvelle. Je lui demanderai aussi l’autorisation pour que vous puissiez enquêter au domicile des parents de Bertrand sur la colline de Bellet. Il faut que vous retrouviez le salopard qui a fait ça inspecteur ! » La coopération et la grande peine de Randin suffisaient presque pour le rayer définitivement de la liste des suspects.

« Je ferai de mon mieux M. Randin, et merci de votre aide. Je dois à présent retourner dans la cuisine pour continuer mon travail. » Fred se leva entrainant de fait le départ de l’élu qui lui donna une franche poignée de main, les yeux emplis de larmes.

La cuisine était presque vide à présent, il ne restait que Samy et un autre policier en uniforme.

« Je pense qu’il lui a inséré les haricots quand ils étaient encore congelés sinon je ne vois pas comment il aurait pu faire. Pour la cause de la mort, il aura été asphyxié par les bottes de haricots placées dans sa bouche et dans ses narines. Les traces sur les poignets et les chevilles montrent qu’il a été attaché, je pense avec un serre-flex. J’ai remarqué quelques petites choses que je veux vérifier au labo mais rien de bien intéressant à première vue, j’en ai bien peur. Il faut attendre les résultats de l’autopsie pour en savoir plus. C’est du boulot vachement propre en tout cas. » Fred adorait les analyses de Samy et ne se faisait pas le moindre souci sur la minutie que son ami allait apporter à la recherche du moindre indice.

« Merci Samy, une idée de comment il est rentré ? » questionna Fred.

« Je dirais qu’il était dedans car pas la moindre trace d’effraction, pas de trace de lutte non plus, la cuisine venait d’être nettoyée. » répondit Samuel.

Les yeux de Fred scrutaient la grande cuisine sans vraiment s’accrocher sur quelque chose de précis et l’odeur du produit d’entretien citronné commençait franchement à l’insupporter. L’unique accès extérieur de la cuisine était fermé avec les clefs dans la serrure intérieure et la lucarne vitrée, protégée par une grille en fer forgé, était juste entrouverte.

Effectivement, personne n’avait pu sortir par ces deux issues. En passant près du grand plan de travail en inox, il remarqua les grands cercles rouges qui entouraient des empreintes digitales visibles à l’œil nu sur ce type de matériau.
Il avait à présent fait le tour de la pièce quand arriva son patron, le commissaire Vincent Rossetti.

« Frédéric, j’ai eu déjà trois fois le maire au téléphone en moins d’une heure, tu m’étonnes à trois mois des municipales, et il y a au moins 30 journalistes dehors qui font le pied de grue. Alors ? » Le commissaire regardait le corps avec l’indifférence certainement façonnée par sa grande et longue expérience.

« Vincent, pour le moment on a absolument rien mais Samy doit encore vérifier quelques trucs. Tu veux que je m’occupe des journalistes ? » Comme soulagé, le commissaire esquissa un sourire qui valait approbation.

« Ok j’y vais. » lâcha Fred en se dirigeant vers la grande salle en direction du salon d’entrée de l’établissement qui grouillait effectivement de journalistes, caméras et micros prêts à déclencher.

« Monsieur l’inspecteur… Inspecteur Ségur… Frédéric… » Les interpellations fusaient à présent en fonction du degré d’intimité des journalistes avec Frédéric qui stoppa son avancée à un bon mètre d’eux.

« Nous avons trouvé, ce matin, le corps sans vie du chef et propriétaire des lieux, Bernard Ramage et il ne fait quasiment aucun doute qu’il s’agit d’un homicide. Pour le moment, nous n’avons pas encore déterminé la cause du décès qui a été estimé aux alentours de 2h du matin. » Fred s’était gardé en réserve la cause de la mort et les haricots verts afin de s’en servir en temps et en heure.

Les questions commencèrent à fuser presque toutes aussi inutiles et qu’inintéressantes et Frédéric se borna, comme d’habitude, à répéter ce qu’il avait dit en préambule en n’en changeant que la formulation. Finalement, ces formations à la gestion des médias que Vincent l’envoyait faire régulièrement à sa place dans la capitale faisaient leur effet. Les flashs crépitèrent une dernière fois et les caméras descendirent des épaules des journalistes reporters d’images qui filèrent immédiatement à leurs deux roues. Des remerciements rapides aux plus proches et Fred rentra à nouveau dans l’établissement au moment même où le Maire et une partie de son cabinet arrivèrent du coin de la rue. « Vincent, ils arrivent » claironna Fred à son ami et supérieur hiérarchique.

Le maire entra dans le restaurant en s’approchant tout de suite du patron de la crim’ locale. « Vincent, on en sait plus ? » Sa voix était empreinte de tristesse et Fred le remarqua immédiatement.

« Non, Monsieur le Maire, pas plus que ce que je vous ai dit au téléphone. Je vous conseille de ne pas aller en cuisine, ce n’est beau à voir. » Mais le premier magistrat franchissait déjà les deux lourdes portes battantes retenues par des plots aimantées.

« Oh mon dieu ! » L’édile resta figé quelques secondes devant la dépouille de feu son ami et deux de ses conseillers entrèrent à ce moment là.

« Il faut que je sorte. » Le plus pâle d’entre eux n’arriva toutefois pas jusqu’aux toilettes et un énorme vase contenant un superbe zamioculca servit de réceptacle à son haut le cœur. Le Maire le regarda avec un regard lourd de désapprobation mais rapidement se tourna à nouveau vers le cadavre. « Mais qui peut bien avoir l’idée de torturer un homme de la sorte ? ».

Frédéric entra alors dans la conversation « Monsieur le Maire, si je peux me permettre, il semblerait qu’il ait été étouffé mais nos équipes sont sur le coup pour vérifier toutes les éventualités. » L’élu s’était à présent retourné vers lui et ses yeux étaient rougis par un mélange de peine et de colère.

« Merci M. Ségur, je sais que l’affaire est entre de bonnes mains » La main du Maire s’étant à présent tendue vers la sienne.
« Merci Monsieur le Maire et nous vous tiendrons au courant de l’évolution de l’enquête. » Deuxième poignée de main bien franche de la journée, pensa Fred.

Le cortège quittait à présent le restaurant accompagné du commissaire et de Samy qui suivaient le corps posé sur un brancard et recouvert d’un grand drap blanc.« Je t’appelle dès que j’ai terminé les premières analyses » cria Samy du fond de la salle en levant le poing fermé et le pouce ouvert à l’encontre de Fred. C’était un signe de ralliement, né dans les cours d’écoles, de collège, de lycée puis à l’école nationale de police.

Fred sortit lui aussi de l’établissement et sauta sur sa Guzzi California pour filer au bureau quand son téléphona vibra…

Prochain épisode, le mercredi 22 janvier à 8h…

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