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4 mai 2024

Nissart Killer (Episode 4) : Dans le flou…

« Céline, Jeff… Je vois le patron ce soir, je vous appelle après l’avoir vu. » Fred avait attrapé sa veste et tout en l’enfilant avait prévenu ses deux adjoints avant de repartir sur le terrain en quête d’informations complémentaires.

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nk4_photo.jpg Il commençait à « faire faim » et Fred prit le chemin de chez Daniel dans l’idée de déguster un bon carpaccio et quelques panisses. Il se passa même de sa moto et décida de faire à pied le chemin qui le séparait du restaurant de son ami. L’occasion rêvée de passer par cette promenade du paillon sur laquelle Fred, Seb et Daniel allaient, tous jeunes, faire du skate et, un peu plus tard, promener avec leur dulcinée de l’époque. Le jardin, suspendu dans le temps et au dessus du Paillon, est revenu, aujourd’hui, à même le sol pour le plus grand bonheur de toutes et tous et, Fred pensa qu’il devrait se prendre, plus souvent, un peu de bon temps avec son pitchoun pour venir flâner, un dimanche, au milieu des jets d’eau et des effluves de la végétation locale.

« Et ben alors, deux fois en deux jours, la prochaine fois viens plus tôt et tu m’aides à faire les gnocchi. » Daniel avait plaisanté mais avait tout aussi vite senti que ce n’était pas l’humeur du jour chez son ami d’enfance.

« Viens on va se mettre derrière, Elvira, tu nous fais deux pastis mon amour. Dis-leur en cuisine qu’ils nous fassent chauffer deux morceaux de pissaladière et qu’ils fassent marcher un carpaccio et des panisses pour Fred. Merci, ma beauté divine. » Elle lui sourit, comme d’habitude, et enchaina.

« C’est dingue pour Latour, deux chefs en deux jours, à ce rythme je vais bosser avec un gilet pare-balles moi. » Le ton de la plaisanterie n’était vraiment plus de rigueur aussi dans la bouche de Daniel.

« Oui, comme tu dis Dany, c’est étrange, et je ne saurais te dire combien il faut que tu sois attentif, même si on n’est pas encore tout à fait certain qu’un timbré se ballade en ville pour dézinguer des cuisiniers. » conseilla Fred à son ami en lui agrippant le poignet.

« Voilà messieurs, deux pastis et les pissaladières arrivent. » Elvira avait posé les deux élixirs anisés sur la table et gratifié son homme d’un tendre baiser.

« Bon, c’est pas tout mais il faut que je retourne en salle, je vous laisse les garçons. » Son accent italien était un pur ravissement et Fred ne se lassait pas de l’entendre.

« Tu les connaissais toi, les deux ? » questionna Fred.

« Bof, pas trop. Pas plus que les autres chefs du coin. Tu sais, on bosse toujours aux mêmes heures. Mais, je connaissais un peu plus Latour parce qu’on avait participé à deux ou trois jurys de concours et de CAP. Il était plutôt sympa même si, avec tout le respect que je lui dois, je n’étais pas un client de son resto. Au fait tu as appelé Mme Graglia comme je te l’ai dit ? » Répondit Daniel.

« Non… ben vé ! Je vais le faire de suite. » dit Fred en sortant son portable et en appelant le numéro que son ami lui avait envoyé par SMS. « Oui, bonjour Mme Graglia, je suis l’inspecteur Ségur, l’ami de Daniel du Fran Calin, je vous apelle pour savoir si vous étiez disponible pour que je passe vous voir…. Oui, Bien entendu Mme Graglia… Ce sera fait tout de suite (il passa le bonjour à Daniel)…. Merci beaucoup Mme Graglia » Le rendez-vous était pris et Elvira arriva une nouvelle fois à la table les mains pleines de victuailles.

« Et un carpaccio pour le beau Fred » envoya Elvira en posant l’assiette devant lui.

« Merci Elvi, je suis affamé et ton homme qui me fait, en plus, boire l’apéro, faut que j’éponge ! » dit Fred avec l’eau à la bouche en regardant l’assiette.

« Allez, toi retourne un peu en cuisine car on en a une table de 12 qui vient d’arriver. » Claqua la belle transalpine à son chef de mari qui répondit par l’affirmative aux ordres de sa responsable de salle d’épouse.

« Allez baieta beu’ et passe un peu à la maison un dimanche que les petits se voient un peu. » lâcha Daniel à son ami en lui octroyant deux belles bises sonores. Le repas fut vite avalé et Fred retourna au commissariat.

« Chef, on a reçu le rapport pour Latour. Il était bien drogué quand on l’a ficelé et la technique utilisée indique que le meurtrier savait bien manier la corde. Il est mort congelé, en fait, et il semblerait qu’il se soit réveillé avant de succomber car les nœuds s’étaient fortement resserrés, certainement quand il a essayé de se débattre pour défaire ses liens. Le médecin légiste a fixé le décès à quatre heures du matin, soit trois heures après la fermeture du restaurant, sur le coup d’une heure du matin, selon les employés de l’établissement. Latour était resté pour finir quelques papiers et avait un rendez-vous, selon la jeune femme du bar qui, à mon avis, doit être un peu plus que sa barmaid, à en croire son état ce matin. » Celine avait brossé un portrait complet de la situation qui n’avait malheureusement pas vraiment avancé.

« Donc, on a rien qui relie effectivement les deux meurtres, même si on est quasiment certain qu’ils sont vraisemblablement liés. Aucune trace, aucun indice probant … Merde ! » Fred perdait patience et la digestion n’arrangeait rien.

« On va rencontrer à 16h, le président de l’Union des Restaurateurs dans laquelle les deux victimes étaient membres et ensuite on passera à la Confrérie Azuréenne des Cuisiniers pour voir s’ils peuvent nous apprendre quelque chose. » enchaina Céline en enfilant son blouson mordoré.

« Ok, je fais un dernier contrôle du dossier et je file voir le match de Francesco aux Arboras. ». Juste le temps d’un dernier topo et Fred arriva juste à temps pour le coup d’envoi d’un match âpre qui tourna toutefois à l’avantage des coéquipiers de son fiston qui l’emportèrent, en fin de rencontre, face aux voisins marseillais, sur le score de 21 à 9.

Juste le temps d’embrasser et de féliciter sa progéniture et ses camarades de jeu qui allaient fêter ça, comme il le faisait aussi étant jeune, « Chez Jo » au Balico, et Fred fila en direction de la colline de Fabron sur laquelle l’ancien commissaire résidait depuis sa retraite. C’est assez marrant, car il habitait une maison qui avait été l’une des résidences d’un ancien caïd local qui la lui avait vendue à leur retraite respective. Le large portail en fer forgé arborant un aigle niçois majestueux s’ouvrit à l’arrivée de Fred et le commissaire était déjà sur le perron de la maison. « Bonsoir Fred, je vois que vous n’avez pas lâché encore les deux roues. » L’accolade fut des plus franches.

« Bonsoir patron. Et non, je crois que je ne m’y résoudrais pas avant quelques années, du moins je l’espère. » Répondit Fred.

« Venez entrez, Madeleine est en train de nous préparer l’apéritif, on va s’installer sur la terrasse. » Le commissaire ouvrit la grande baie vitrée qui les séparait de la terrasse en bois abritée sous une grande véranda. « J’ai eu des nouvelles par Vincent. Il semblerait donc qu’une piste conduise chez nous ? » La conversation était lancée et Fred fit un récit précis à son ancien supérieur.

« C’est ennuyeux et il faudra être très prudent. » La sonnerie de la porte d’entrée retentit. « Je me suis permis d’inviter un de nos frères qui est à la tête des loges de la région car nous souhaitions te parler de notre plan. » Madeleine arriva du salon avec l’invité surprise qui n’en était finalement pas un pour Fred car il avait reconnu immédiatement le PDG d’une des plus grosses sociétés du bâtiment de la région, en se faisant la réflexion que le mot maçon n’avait jamais aussi bien porté son nom dans ce cas précis.

« Bonjour Monsieur Ségur, nous nous sommes déjà croisés à quelques reprises. » Annonça l’invité.

« Enchanté, tout à fait et merci d’avoir accepté de nous aider. » Répondit Fred.

« Deux frères assassinés en quelques heures, c’est le moins que nous puissions faire mais, je dois vous demander que tout cela reste uniquement entre nous. Vous le comprendrez aisément, je suppose. » Le ton était à présent plus grave.

« Bien entendu, vous pouvez compter sur moi. » dit Fred qui entama une nouvelle fois le récit de ces deux dernières journées aidé par l’ancien commissaire qui ajoutait parfois quelques éléments.

« Bien, vous savez que nos loges sont des lieux peu accessibles, mais je puis vous assurer de notre entière collaboration. Vous pouvez m’appeler jour et nuit à ce numéro ou m’envoyer un mail à l’adresse indiquée. » Le bâtisseur tendit une carte de visite à Fred qui la rangea dans la poche de sa chemise en le remerciant.

« Je dois vous laisser Messieurs car j’ai promis à mon petit-fils que nous irions ce soir au lycée hôtelier car sa cousine fait sa première au restaurant d’application. Vous savez ce que c’est, les enfants, comme les femmes, n’attendent pas. » Fred emboita le pas à l’invité en enfilant son blouson et en empoignant son casque.

Les salutations faites, Fred regagna rapidement son chez lui où l’attendait Francesco déjà paré de rouge et noir en attendant son oncle qui l’amenait, comme d’habitude, au stade. Ce soir, c’était Lille qui venait rendre visites aux aiglons dans leur antre de l’Allianz Riviera : « Pourquoi tu ne viendrais pas avec nous papa ? Je suis certain que ça ferait plaisir à parrain… et ça me ferais plaisir aussi ! »

La requête de Francesco était des plus judicieuses. Fred brava la fatigue, tout comme la crainte de croiser des gens inopportuns, et accepta, au plus grand bonheur de son fils. Une douche rapide et les deux attendaient, dans la rue, un Sébastien qui n’en revint pas de voir son ami accompagnant son fils.

« Mais, c’est excellent ça, tu viens aussi. C’est sûr, ce soir on gagne ! » Seb avait ouvert les portes de sa jaguar pour faire monter ses deux convives. Quelques minutes plus tard, ils entraient dans le parking des officiels qui jouxtait la nouvelle enceinte niçoise. Des « Bravo Président » et des grands coups de cornes de brume accueillirent la sortie de Sébastien de son véhicule. Il est vrai que depuis sa reprise en main du club, les résultats étaient au rendez-vous, même si, cette année, entre les blessures et une inhabituelle série de défaites, c’était un peu plus compliqué.

Les trois compères entrèrent dans le club privilège et gravirent les marches qui les menaient à la loge VIP.

« Merde, j’en étais certain, il est là ! » Du premier coup d’œil, Fred avait remarqué la présence d’Olivier assis à côté du Maire.

« Papa, laisse tomber, on est là pour le match. » Francesco avait une nouvelle fois fait preuve d’une grande maturité et d’une parfaite intelligence.

« Tu as raison fils, viens on va s’assoir en haut. » Fred laissa Seb aller saluer le Maire et une partie de son cabinet et monta tout en haut de la tribune pour s’installer tranquillement avec Francesco.

La première mi-temps n’avait pas été de toute beauté et le score nul et vierge reflétait bien la teneur de la rencontre. Dans le grand salon d’honneur, Fred continua à se tenir éloigné d’Olivier qui, comme à son habitude, était collé aux basques du premier magistrat de la ville. Quelques pissaladières, pan bagnats et verre de vin de Bellet plus tard, il était temps, à présent, de rejoindre la tribune pour la seconde période.

Le Maire et sa cour avaient déjà regagné leurs places alors que Fred et Francesco empruntaient à peine l’escalier menant à la tribune. Arrivés presqu’en haut des dernières marches, Olivier se présenta devant l’entrée de la tribune pour descendre à nouveau dans le salon d’honneur.

A hauteur de Fred, il se tourna vers Francesco en lâchant un « Ben alors, on ne dit plus bonjour petit ? ». Et là, tout bascula en un quart de seconde. Francesco qui allait répondre fut surpris par la droite de son père qui s’écrasa sur le visage de celui qui n’aura jamais été son beau-père dans sa vie comme dans son cœur.

Puis, ce fut un autre crochet qui frappa de plein fouet le nez du conseiller dans un bruit sourd, synonyme d’os qui se brisent. Très vite, un attroupement s’était formé autour des deux hommes et la chemise blanche d’Olivier était à présent maculée du sang qui s’écoulait abondamment de ses deux mains qui tenaient son nez et son visage.

« Fred, viens avec moi. » Sébastien avait empoigné son ami qui regardait fixement son adversaire.

« Tu vas le regretter espèce de connard. Je vais t’en faire baver. » Eructait Olivier ensanglanté.

« Ferme ta gueule Olivier ou c’est moi qui te termine. » Seb s’était retourné vers lui et son regard avait suffit pour calmer le conseiller.

A suivre…

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