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8 mai 2024

Les incorruptibles d’Anticor se rassemblent dans les A-M

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Le nombre d’élus condamnés pour malversation ou trafic d’influence ne surprend plus grand monde. Mais une espèce tend à se développer en France. Signe distinctif : leur volonté de faire cesser les pratiques frauduleuses. Jean-Christophe Picard, responsable du groupe local de l’association, est un spécimen du genre.


Nice-Premiere : En quoi consiste l’association ?

Jean-Christophe Picard
Jean-Christophe Picard
Jean-Christophe Picard : A lutter contre la corruption, surtout politique. Les personnes qui adhèrent à l’association ne jouent pas aux justiciers en cape noire, mais ensemble nous constituons un groupe de réflexion qui réfléchit aux modifications à apporter au système judiciaire.

NP : Justement le 30 juin dernier à Nice, une conférence en présence du juge Eric Halphen a eu lieu sur le thème « Quelles réformes pour la justice? ». Quelles propositions ont été faites ?

J-C.P : De nombreux problèmes ont été soulevés lors de ce débat. Notamment le manque d’indépendance des juges qui sont soumis au Conseil de la Magistrature présidé par le Président de la République. Il est courant qu’un juge qui marche un peu trop en dehors des clous ne connaissent pas d’avancement lors de sa carrière. Ce qui arrivé à Eric Halphen en est la preuve. Anticor propose aussi l’inéligibilité à vie des élus condamnés pour malversation. L’inverse finit par discréditer nos élus et accrédite la thèse du « tous pourris » de J-M Le Pen. Ce qui n’est pas le cas : un élu normal est un élu honnête.

NP : A cette même conférence, le procureur Eric de Mongolfier s’est étonné que « tout un peuple se passionne pour 22 personnes qui courent derrière un ballon tandis que l’institution judiciaire intéresse si peu de monde ». Pensez-vous que le sujet touche vraiment la population?

J-C.P : Bien sûr! Aujourd’hui, les gens sont beaucoup moins tolérants qu’avant. L’amnistie de Guy Drut a été assez mal reçue par la population. Et si le groupe des A-M a été créé, c’est parce que la conférence du mois de juin a séduit beaucoup d’azuréens. Je crois qu’ils se sentent particulièrement concernés par le sujet. Le rôle de l’association est aussi de sensibiliser les citoyens et les élus à la question. On peut d’ailleurs sentir une évolution des moeurs au point que les candidats à la présidentielles ne pourront pas couper au sujet de la réforme de la justice.

NP : Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy : les candidats rajeunissent…

J-C.P : … Oui, à droite comme à gauche c’est une nouvelle génération qui est née, avec une nouvelle mentalité. Quelque soit le Président élu, les pratiques politiques devraient changer. Il faudrait commencer par arrêter de remettre en scelle les politiques corrompus. Cette manière de faire est très particulier à la France. Aux Etats-Unis, un homme politique est écarté si on lui découvre une maîtresse. Il n’y a pas longtemps, une ministre étrangère a démissionné après qu’on ait découvert qu’elle avait acheter des chocolats sur le compte de l’Etat. Et en Suède, tous les budgets sont disponibles sur internet… Les autres pays regardent la France avec de gros yeux.

NP : Vous parlez d’arrêter de recycler les hommes politiques corrompus. Vous faites allusion au retour d’Alain Juppé à la mairie de Bordeaux?

J-C.P : C’est un bon exemple pour illustrer mon propos. Après un an d’exil, il revient comme une fleur et on lui laisse la place. Eric de Mongolfier a déclaré que « la justice était forte avec le faible et faible avec le fort ». Son propos est juste dans ce cas. L’affaire Guy Drut est aussi inquiétante : le pouvoir politique en place est en train d’amnistier ses amis. Anticor se bat contre ça car la politique est un repère moral, un symbole. On finit par ne plus savoir ce qui est bien ou mal dans le comportement de nos élus.

NP : Quel est le travail du groupe dans les A-M ?

Eric Halphen, président du comité de parrainage d'Anticor
Eric Halphen, président du comité de parrainage d’Anticor
J-C.P : Nous relayons les informations au plan national pour qu’Anticor ait une bonne vision d’ensemble.

NP : Vous vous intéressez à une affaire en particulier ?

J-C.P : Je suis l’affaire des marchés publics du grand stade de Nice. Elle est entre les mains du Tribunal administratif car l’ancien préfet soutient qu’il y a eu délit de favoritisme. Elle ne relève donc pas du pénal pour le moment. Bien sûr, si on trouve des éléments pour constater des infractions pénales, on saisira immédiatement le procureur. Chaque année, l’association remet le prix de la casserole d’or à un élu pour ses pratiques frauduleuses. Le prochain prix sera attribué en Mars 2007. Il se pourrait que ce soit un élu de la région…

Contact : jeanchristophepicard@hotmail.fr

le site d’Anticor : www.anticor.org

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