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12 mai 2024

Psychothérapeutes en colère à Nice… et ailleurs !

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© Delphine Ville
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Nice Premium : Pourquoi protestez-vous aujourd’hui ?

Fabien Berrais : Aujourd’hui l’État, à travers ses différents décrets, occulte complètement notre qualité de psychothérapeute, notamment nos formations. Que ce soit tant en théorie qu’en pratique. Face au risque d’une place dogmatique de la psychiatrie, il faut à un moment donné protéger le public et les professionnels que nous sommes.

NP : Quelles conséquences aura ce décret sur votre profession ?

FB : Il a toute une série de conséquences tant sur notre profession que sur le public. La première chose : ça va éradiquer les psychothérapeutes en France. Ce décret remet en cause le métier de psychologue. Ça va mettre en péril 15 000 professionnels déclarés en France. Ils ne pourront plus utiliser le titre de psychothérapeute, alors qu’aujourd’hui ils travaillent. Ça risque de faire fermer des écoles reconnues et déclarées auprès du rectorat et sous le contrôle pédagogique de l’enseignement supérieur. Par exemple, l’Institut Européen de Psychologie Appliquée à Saint-Laurent-du-Var a obtenu, à travers sa formation, des VES (Validation d’Études Supérieures) au sein de l’Université de Nice Sophia-Antipolis. Demain, ces écoles risquent d’être en porte-à-faux par rapport à leur rigueur et à leur travail. Ce décret va verrouiller l’accessibilité à cette formation puisqu’il faut détenir un Master I ou II pour pouvoir exercer le métier de psychothérapeute. En plus, il y a une histoire de TVA par rapport à ce décret : seuls ceux qui auront le titre de psychothérapeute ne seront pas assujettis à la TVA. Aujourd’hui, je ne suis pas assujetti à la TVA mais demain je le serai. À la fois on m’enlève le titre et en termes de charges, ça va être complètement impossible à gérer.

NP : Pourquoi ce décret remet en cause le métier de psychologue ?

FB : Dans sa voie d’application, le décret demande des formations complémentaires aux psychologues alors qu’ils sont déjà passés par l’université. Avec le décret, les psychologues doivent faire des formations complémentaires. En termes de techniques, les psychologues n’utilisent pas les mêmes outils que nous. Ça risque de mettre en porte-à-faux les psychologues par rapport aux psychiatres. Aujourd’hui, les psychologues font un soutien en terme de diagnostic dans les accompagnements et dans les institutions. Pour travailler dans une institution, avec ce décret, il faudra que le psychologue soit aussi psychothérapeute.

NP : L’objectif du gouvernement est de limiter le charlatanisme. Y voyez-vous une autre raison ?

FB : Comme dans toutes professions, il y a des dérapages. C’était fondamental qu’il y ait une loi qui encadre et qui définisse le métier mais pas à n’importe quel prix. Nous avons une grande interrogation aujourd’hui. C’est justement cette place privilégiée donnée à la psychiatrie et aux psychiatres. Aujourd’hui, un psychiatre n’est pas formé à la psychothérapie dans son cursus et il obtient le titre d’office. Donc, on se pose la question de savoir en termes de sécurité sociale, de remboursement, de médicaments. Y a-t-il des lobbies pharmaceutiques derrière ? Face à cet acharnement, on est en droit de se poser un certain nombre de questions.

NP : Que proposez-vous pour mieux encadrer cette profession ?

FB : Nous proposons qu’il y ait l’acquisition de deux techniques psychothérapeutiques différentes, une reconnaissance des pairs, une qualification à travers la supervision pour qu’il puisse y avoir une identité à travers le groupe de pairs. Tout ce qui va être aussi de réseaux de professionnels, c’est-à-dire que l’on puisse travailler nous-mêmes avec des psychiatres. Parfois et souvent, comme dans certaines dépressions, un accompagnement médicamenteux est nécessaire voire indispensable. Et justement on souhaite avoir accès à certaines institutions.

NP : Qu’attendez-vous de cette journée ?

FB : Nous voulons alerter les médias et surtout le public. Informer les gens sur les libertés qu’on va leur enlever puisqu’ils n’auront plus le droit de choisir la thérapeutique. Alerter les politiques sur notre cause. Nous souhaitons aujourd’hui réhabiliter notre identité.

NP : Pensez-vous que ça va être possible étant donné que le décret entre en vigueur aujourd’hui ?

FB : Nous avons déjà eu des contacts et des réponses de certains députés que nous allons, dès la semaine prochaine, pouvoir rencontrer. Lionel Luca, qui est député, va nous recevoir mercredi 7 juillet. Nous allons vraiment lui présenter nos propositions que nous lui avons déjà fait parvenir. Nous avons bon espoir puisqu’en terme de décret, il est toujours possible d’y rajouter des annexes. Justement, nous voulons une adaptation vis-à-vis de notre métier, notamment par l’écriture de nouvelles annexes.

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