A la suite d’un travail collectif de ses membres, le ME-F a approuvé un
document d’orientation qui actualise son message. Le Mouvement Européen France défend depuis 60 ans une conception fédérale de la construction européenne. Celle-ci a assuré la paix et la prospérité en Europe.
Mais les temps changent.
Les défis posés à l’Europe se multiplient : la mondialisation, le défi climatique, les risques sur la cohésion sociale, la crise financière, la montée des populismes et des nationalismes.
Au moment où un sursaut européen est plus que jamais nécessaire, les citoyens se désintéressent de l’Europe, les Etats sont tentés par des solutions nationales plutôt que communes.
L’Europe est à l’heure des choix. L’Union doit reprendre l’initiative: devenir forte et puissante pour défendre les valeurs et les intérêts des Européens dans le monde, se rapprocher des citoyens en développant une Europe politique qui permette d’élaborer démocratiquement un projet pour les Européens.
La priorité immédiate est d’enrayer les risques de désunion issus de la crise financière. La mise en péril de l’Euro serait un risque de perte du projet européen lui-même. Depuis quelques mois se révèlent les faiblesses de la gouvernance de l’Eurozone. L’urgence pour
l’Union est de consolider la solidarité au sein de la zone euro. Le ME-F demande qu’elle soit renforcée par de nouvelles compétences en matière économique, budgétaire, fiscale.
C’est une nécessité pour l’Union monétaire et pour préparer de nouvelles politiques indispensables pour assurer une prospérité économique et sociale durable.
L’Europe doit admettre sa diversité et accepter de progresser à des vitesses différentes sur plusieurs périmètres : la zone euro, une coopération structurée pour la défense, des coopérations renforcées sur des sujets particuliers, l’ensemble de l’Union. La zone euro,
renforcée, ouverte à tous les Etats membres qui souhaiteront la rejoindre, doit constituer le coeur économique et politique de l’Union. L’approfondissement des politiques et des solidarités dans la zone euro permettront d’avancer vers l’Europe fédérale.
Pour retrouver l’adhésion des citoyens, l’Europe doit proposer des solutions solidaires de sortie de crise. Elle doit donner un sens à son action : des politiques économiques, de l’énergie, industrielle, de l’environnement et de la connaissance qui lui permettent de
retrouver sa compétitivité et d’obéir aux impératifs d’un développement durable, une économie qui équilibre le rôle du marché par une politique sociale, une convergence des fiscalités et des normes de protection sociale, des politiques intelligibles pour les citoyens.
Une plus grande légitimité démocratique de l’Union est nécessaire. L’Europe politique progressera grâce au Parlement européen. Elu sur la base de programmes, portés par des partis politiques européens, sur des listes européennes, lors d’un large débat démocratique, il exercera toutes les compétences acquises par le traité de Lisbonne et
désignera la Commission, qui sera responsable devant lui. Par ses initiatives, il rétablira à son profit l’équilibre entre les deux légitimités – des citoyens et des Etats – qui fondent l’Union.
L’Europe est affaiblie par la tendance des Etats à privilégier les solutions nationales, mêmes coordonnées au sein du conseil européen. Il faut retrouver l’esprit des pères fondateurs de l’Europe en utilisant pour de nouvelles politiques la co-décision du Parlement et du Conseil avec mise en oeuvre par la Commission qui doit reprendre son rôle moteur de l’intégration européenne. Rien n’est possible sans ressources.
L’Europe ne peut pas rester un nain budgétaire. L’Europe a besoin d’un budget substantiellement augmenté pour faire face à ses nouvelles compétences et qui soit à l’échelle d’une communauté de 500 millions d’habitants. Ce budget doit être fondé sur des ressources collectées directement par l’Union pour ne plus
dépendre de marchandages entre Etats chaque année et pour chaque projet.
Face aux enjeux mondiaux, l’Union européenne développera une diplomatie, une défense commune, une politique extérieure dans tous ses domaines de compétence. Ses prises de positions dans les institutions internationales deviendront communes. L’Union européenne
doit s’affirmer comme un acteur de paix dans un monde de plus en plus conflictuel, qui obéit à des logiques de puissances. Elle agira pour une gouvernance mondiale.
Grâce à la création d’une Europe politique et à la présence d’un groupe de pays plus avancés dans l’intégration, la poursuite de l’élargissement de l’Union sera possible, sans crainte d’abandon de notre projet d’Europe fédérale. L’élargissement à de nouveaux pays devra être fondé sur l’acceptation par les nouveaux entrants du projet politique, sur la
capacité d’intégration de l’Union et se limiter, conformément aux traités, aux pays européens.
L’identité européenne des citoyens et leur sentiment d’appartenance à l’Europe sont essentiels pour notre avenir commun. Ils seront confortés par la création progressive d’une société civile européenne, la multiplication des échanges entre citoyens, le développement
de la mobilité et du multilinguisme, l’enseignement d’un socle culturel commun, le rapprochement des systèmes de protection sociale.
-Le ME-F appelle la société française et ses responsables politiques à considérer que face à l’émergence des autres continents, l’Union européenne est le projet politique indispensable à un sursaut des Européens. Tout doit être fait pour endiguer la tendance au repli individuel et nationaliste en Europe et promouvoir une Europe puissante, fédérale, solidaire et proche des citoyens.
Pour relancer le débat et initier une nouvelle phase d’intégration européenne, le Mouvement Européen-France appelle à la convocation d’un nouveau Congrès de La Haye largement ouvert à la participation des citoyens, consacré au projet des Européen.
Quels objectifs pour l’Union ? Quelles politiques nouvelles ? Quels moyens ? Avec quels pays si tous ne sont pas prêts à avancer ?
