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6 mai 2024

L’édito du Psy : Vers un retour à la guerre froide?

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bobine-24.jpg En serions-nous revenus aux temps de la guerre froide ? L’intervention particulièrement musclée de Vladimir Poutine lors du séminaire de Munich le 10 février dernier en donne toutes les apparences. Les apparences seulement. Il a eu beau dénoncer les « actions unilatérales et illégitimes » des Etats-Unis, le « débordement de leurs frontières nationales dans tous les domaines », leur « mépris toujours plus grand du droit international », le maître du Kremlin a plus étonné ses interlocuteurs qu’il ne les a convaincus.

Et pour cause. De l’exil forcé dans la Sibérie lointaine de Mikhaïl Khodorkovsky, un magnat russe du pétrole susceptible de devenir un rival politique jusqu’à sa volonté d’influencer presque directement les prochaines élections présidentielles de 2008, la reprise en main par l’ancien officier du KGB de l’ensemble du système politique et économique de la Russie rend difficilement acceptable le fait qu’il puisse se poser en donneur de leçons démocratiques. Peut-être demeure-t-il prisonnier d’une culture politique et d’une période de l’histoire où il était de bon ton d’invectiver copieusement les Américains…tout en cherchant à imiter et à dépasser leur modèle ? S’il ne s’agit pas de retour à la guerre froide, il faut donc chercher ailleurs. En dépit de son fort taux de croissance, de ses revenus pétroliers et de son gigantisme industriel, la Russie de Poutine ne peut toujours pas rivaliser avec la puissance américaine, notamment sur le plan militaire. Ce que le chef du Kremlin a fort bien compris. Le Directeur de l’Agence de Défense antimissile des Etats-Unis n’expliquait-il pas récemment au « Monde » que les Américains « n’avaient pas besoin de sites de missiles à l’étranger pour obtenir un avantage quelconque » sur les Russes : leurs capacités étaient « suffisantes contre eux depuis des années ». Et lorsque le président russe tempête contre la progression de l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie, semblant – un comble ! – se faire l’avocat des pays européens placés autrefois sous contrôle soviétique, il oublie que ces pays en question – la Pologne et la Tchéquie par exemple qui accueilleront des éléments du futur bouclier antimissile – ont fait le choix démocratique de rejoindre l’Union européenne et le Traité de l’Atlantique Nord.

C’est justement par ce qu’il comprend les limites de ses possibilités que Vladimir Poutine a délibérément choisi une stratégie en deux volets : déclaratoire et de nuisance. Ce faisant, Le Kremlin cherche à rassembler derrière lui, un groupe particulièrement hétéroclite de puissances moyennes pour s’en prévaloir dans une logique destinée à « contenir » les avancées de l’influence américaine aux quatre coins de la planète. Etrange et ironique clin d’oeil de l’histoire puisqu’il s’agissait de la même stratégie mise en place par les USA après la IIème guerre mondiale pour « endiguer » l’expansion soviétique. C’est peut-être là qu’il convient de retrouver un reliquat de la guerre froide. En fait le Président de la Fédération de Russie endosse le rôle de rassembleur tous azimuts des oppositions à la politique américaine dans le monde. A l’image de certains leaders arabes ou perses : Saddam Hussein ou Khomeyni ont tenté, le premier avec le monde arabe, le second avec certains pays musulmans, de jouer de manière plus limitée cette partition. La Russie peut à bon droit envisager un cercle plus large de soutiens, au point d’aller « chasser » sur les terres d’influence traditionnelle américaine. Le récent déplacement de Vladimir Poutine en Arabie saoudite, alors que Moscou soutient manifestement l’Iran sur la question du nucléaire en donne une illustration.

La mise en place de cette stratégie présente pour Moscou un triple avantage: la Russie possède une authentique influence institutionnelle (puissance nucléaire, droit de veto au Conseil de sécurité, membre du G8…)qu’elle pourra ainsi mettre au service des pays demandeurs. Et avec laquelle les Etats-Unis devront compter. Ses moyens énergétiques qu’elle n’hésite pas à utiliser dans des négociations à la limite du chantage en seront encore plus valorisés. Enfin, le prochain président russe – peut-être le même ou probablement un clone formé dans les couloirs du Kremlin – tirera le bénéfice de ce monopole relationnel avec les Américains. Comme toute situation d’exclusivité, il est probable que pour ceux des pays qui, afin de faire entendre leur voix ou contrer les intérêts US souhaiteront adhérer à ce club très fermé, le ticket d’entrée en sera certainement très élevé.

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