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29 avril 2024

Un premier débat de politique générale rythmé par la guerre israélo-palestinienne

Eloïse Esmingeaud
Eloïse Esmingeaud
Journaliste pour Nice Premium depuis mars 2023

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Cette séance de Conseil municipal du 7 novembre s’est ouvert pour la première fois par un débat de politique général réclamé par le groupe « Retrouver Nice ».

« Lorsque nous avions demandé, ce débat le monde était différent. Personne ne pouvait imaginer que nous aurions été depuis confrontés à l’horreur absolue », commence Philippe Vardon.

Réclamé et obtenu par l’élu du groupe zemmourien « Retrouver Nice« , un débat de politique générale a eu lieu en ouverture du Conseil municipal de ce 7 novembre avant de traiter des 156 dossiers à l’ordre du jour. Celui-ci voulait pouvoir faire un bilan mais surtout « une prospection » de la politique municipale à mi-mandat, 15 ans après l’élection de Christian Estrosi à la tête de la ville. Et c’est une première à Nice. Christian Estrosi a avoué ignorer l’existence de ce dispositif avant que Philippe Vardon lui en fasse la demande.

Cette disposition prévoit la possibilité pour le Conseil municipal d’organiser un débat portant sur la politique générale de la commune une fois par an, « à la demande d’un dixième au moins des membres du Conseil municipal, selon l’article L2121-19 du CGCT. Une « bizarrerie » votée par les parlementaires, pour Christian Estrosi, cependant en vigueur depuis 2020.

Le sujet du jour : le contexte international et les mesures de sécurité à déployer sur le plan local. Les présidents des groupes d’opposition Philippe Vardon de Retrouver Nice, et Juliette Chesnel-Le Roux de EELV ont d’abord pris la parole, avant que le président du groupe de la majorité « Nice Ensemble », Pierre-Paul Léonelli rebondisse, suivi du maire et de son adjoint, Richard Chemla.

La France Insoumise rebaptisée « La France islamiste » par Philippe Vardon

« Ce conflit ne nous est pas étranger », insiste Philippe Vardon évoquant le dernier bilan communiqué par le Ministère des Affaires étrangères. 39 Français ont été tués en Israël 9 sont portés disparus. « C’est un conflit de civilisations avec ses implications, ses conséquences globales, c’est-dire européennes, nationales, et même niçoises », affirme-t-il.

« Je suis scandalisé du silence ou au mieux de la timidité des imams et associations islamiques niçoises face à la situation. Nous les avons connus, en d’autres moments, beaucoup plus loquaces, beaucoup plus actifs quand il s’agissait d’évoquer la situation au Proche-Orient« , déplore-t-il. Philippe Vardon appelle les Français musulmans à condamner clairement les actes terroristes du Hamas.

Et comme une majeure partie de la classe politique française, il reproche à La France Insoumise de se refuser à employer le terme terroriste pour désigner l’organisation du Hamas. Un parti qu’il se plaît à rebaptiser  » La France indigne », « la France islamo-gauchiste », et même « la France islamiste ». Philippe Vardon parle d’« outrances et de complaisances insupportables ».

Pierre-Paul Léonelli condamne lui « les faiseurs de mesurettes et de coups politiques » et appelle à arrêter de « jouer sur les mots et de chercher la petite bête pour ne pas faire ».

16% des 18-24 ans éprouvent de la sympathie pour le Hamas

« Il existe entre l’idéologie islamiste et les passages à l’acte terroriste, ce que Gilles Kepel nomme un continuum, le djihadisme d’atmosphère », assure-t-il avant de partager, choqué, les résultats d’un sondage de l’Ifop réalisé pour le Crif qui révèle que 16% des 18-24 ans éprouvent de la sympathie pour le Hamas.

« Ce n’est pas de leur faute, c’est de la faute à l’éducation, c’est de la faute à certains qui donnent une exposition aux manipulations des images et du Hamas » commente le maire.

« Nous sommes tous ici, les élus d’une une ville deux fois martyre, ce qui nous donne la responsabilité de soutenir l’éradication du Hamas, la responsabilité aussi de soutenir l’éradication de la menace islamiste à Nice, en France et en Europe, il en va de l’avenir de notre continent et de l’avenir de nos enfants », conclut le président de Retrouver Nice.

Pierre-Paul Léonelli, représentant de la majorité ajoute : « À quelques mètres seulement de la Promenade des Anglais, les propos que nous tenons dans cet hémicycle, lieu de liberté et d’expression de la démocratie, ont un sens, celui de la résistance, celui d’un monde que nous voulons en paix. »

Un « hors-sujet » pour Juliette Chesnel-Le Roux

Si Philippe Vardon a bien parlé terrorisme et insécurité pendant dix minutes, Pierre-Paul Léonelli colle un « hors-sujet » à l’élu écologiste lui reprochant d’avoir traité de politique locale. Christian Estrosi, lui, reproche à la conseillère municipale de s’être défilée et « d’avoir saisi cette opportunité pour parler de tout et de rien » au lieu de se prononcer sur l’appartenance ou non du groupe écologiste niçois à la NUPES.

« En tant qu’élus et citoyens, d’une démocratie des Lumières, nous avons le devoir moral de condamner vigoureusement toutes, insiste-t-elle, les atrocités commises contre des civils. Nous n’oublions pas Gaza qui devient un cimetière pour enfants, comme l’a dit le secrétaire de l’ONU, Antonio Guterres », s’est-elle exprimée pendant son temps de parole.

Christian Estrosi rétorque : « Le cessez-le-feu, c’est une assurance-vie pour le Hamas. Si on arrête les combats, le Hamas se restructure. Un enfant qui meurt dans une guerre, ce n’est pas la même chose que de mourir égorgé. Mourir les armes à la main, ce n’est pas la même chose que de mourir exterminé. » Pour l’élue écologiste, « la douleur n’a ni frontière, ni religion ».

Juliette Chesnel-Le Roux a profité de ce débat pour avoir une pensée pour victimes des tempêtes récentes et ainsi parler environnement. Elle évoque des phénomènes violents répétitifs « qui ne devraient plus permettre à quiconque de douter de l’impact du dérèglement climatique sur nos vies, ici même ».

Nice en 2030 : Scénario catastrophe contre avancées remarquables

L’élue écologiste s’est ensuite lancée dans un récit d’anticipation. À quoi ressemblerait Nice en 2030 ? A contrario des projections optimistes qu’a confiées le maire de Nice dans les colonnes du Point, elle dresse un scénario catastrophe notamment côté finances et environnement. « Et ce ne seront pas les énièmes Nice Climat Summit sponsorisés par Total Energies qui feront changer les choses », attaque-t-elle.

Elle qualifie le maire de « maître dans l’art de la communication et de l’illusion » et l’accuse de sortir « le grand jeu quoi qu’il en coûte » pour satisfaire « une politique de la carte postale ». Les millions d’euros d’investissement pour le futur Hôtel des Polices, la Promenade du Paillon 2.0, la salle de Congrès du port pour le sommet de l’ONU sur l’Océan en 2025, le palais des Congrès à l’Arenas dérangent du côté d’EELV.

Nice en 2030 est rime alors avec une « mal nommée forêt urbaine«  agencée d’une « pelouse synthétique posée sur une dalle de béton » et « de quelques arbres plantées en 2025 qui n’auront pas survécus », mais aussi avec « un surtourisme«  à son apogée, et une « pollution aux particules fines qui n’a jamais été aussi oppressante » à cause de l’extension du terminal 2 de l’aéroport finalisée et ses « 990 00 tonnes de CO2 » ou encore de « transports en commun saturés ».

« Il n’y aura plus, en 2030, de pelouse synthétique puisque le plastique aura été supprimé à Nice depuis 2026. Les arbres auront continué à pousser parce qu’on aura choisi de belles espèces et pas seulement sur la Coulée verte. Certes, l’aéroport continuera à polluer et à nous apporter du CO2, mais beaucoup moins que prévu, il descendra en dessous des 12%. Les vols nationaux auront été supprimés, il restera seulement des vols internationaux et les prix auront augmenté de 20% pour nous aider à poursuivre notre politique environnementale », répond Richard Chemla, adjoint à l’Environnement.

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