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6 mai 2024

Emma B : «Je suis ouverte d’esprit» (portrait)

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Il y a un avant et après 6 juin 2020. Cette jeune femme de 20 ans est passée de l’ombre à la lumière. C’est un appel sur les réseaux sociaux qui va tout chambouler. Jusqu’à là, elle n’a jamais mis de mots sur son militantisme. Les valeurs sont présentes : l’antiracisme, le féminisme… Mais avant d’être l’égérie d’une cause, Emma demeure comme n’importe quelle jeune femme de son âge.


«Je n’avais aucune expérience du militantisme.» Celle qui est considérée comme le porte-étendard des minorités à Nice sait rester humble. Avant d’être l’amazone qui fait frémir l’extrême droite, elle reste une étudiante de 20 ans. «J’ai passé un bac ES au lycée. Par la suite, j’ai passé un BTS management. L’année prochaine[en septembre 2021], je vais commencer une double licence science politique- sociologue à l’université de Paris VIII.» Elle n’a pas choisi cette université au hasard .«C’est un peu le repère de la gauche là-bas. Vu le cursus choisi, le choix est évident.»

Une femme engagée

Son credo, c’est le féminisme intersectionelle. Sous ce nom barbare, se cache l’idée de rassembler tout le monde sans discrimination. D’une certaine façon, elle s’oppose à ces ainées des années 70 qu’on nomme le white féminisme, traduisait le féminisme blanc et bourgeois. La différence : elle se revendique anti-voile. Elle n’est pas non plus anti-Homme. «Je ne le conçois pas à titre personnel, mais je comprends.»

C’est de là qu’elle a eu l’idée de concevoir le collectif «Uni-es Nice». «Il y avait plein d’associations qui sont venus se greffer à notre collectif. Beaucoup sont venus m’aider sans mauvaises intentions, c’est là que j’ai connu Marine Vengeon pendant la manifestation. On a commencé à se voir plus souvent, car on est grave sur la même longueur d’onde.» Elle veut ainsi rassembler les gens autour d’elle. Attention pour autant. Pour elle, ambition ne rime pas avec subvention. Par conséquence, elle décline toutes les subventions de la mairie. Elle n’est pas encartée dans un parti politique. «On m’a même proposé d‘être sur une liste pour les élections régionales, mais j’ai refusé.»

Certains l’ont dépeint comme une extrémiste de gauche. Que nenni ! Emma peut discuter avec tout le monde. Il suffit juste de ne pas franchir la ligne rouge. «Je suis ouverte d’esprit tant que cela se fait dans le respect.» L’étudiante peut même aller contre vent et marée l’opinion de certaines féministes. Le concours Miss Vallauris est l’exemple parfait. «Depuis que je suis toute petite, je regarde le concours de Miss France.» Cette décision a fait couler beaucoup d’encre au sein de son cercle proche. Donc un dilemme cornélien s’est présenté devant elle, miss France ou son combat. La question a été vite répondue. Mais qu’en est-il de sa relation avec le comité Miss France ? Secret ! Ce qui se passe chez les miss reste chez les miss. «Cette aventure aurait pu être un tremplin, si j’avais continué, pour faire passer un message politique à plus grande échelle.»

Une ouverture d’esprit omniprésente

Entre deux conversations, elle peut passer du ying au yang en un claquement de doigts. Quand elle met son costume de manifestante, rien ne l’arrête. C’est une battante qui sait affronter les critiques. Au contraire, Emma les prend à la rigolade. «Ça ne m’atteint pas, ça me fait beaucoup rire.» D’une certaine manière, elle comprend qu’elle est du bon côté. À l’inverse, elle est capable de faire preuve de beaucoup d’empathie. «J’ai tendance à faire passer les besoins des autres avant les miens. À un moment, il faut savoir penser à sa gueule.»

Comme le dit le proverbe, personne n’est parfait. Emma n’échappe pas à la règle. La maîtrise du stress est un combat de tous les jours. «Être dans la lumière ne me dérange pas. Mais l’accumulation de stress me donne envie de retourner dans l’ombre.» Mais ne vous méprenez pas, elle adore ce qu’elle fait mais trop c’est trop parfois. Son remède de cheval contre la morosité est simple. Les introspections. Il faut dire que le confinement est passé sur son chemin. «J’ai pu faire une grosse introspection face à mes défauts : le stress, la procrastination, la désorganisation, mais ça, c’était avant.»

Le questionnement est une activité qu’elle pratique régulièrement. «Je suis fan de philosophie et de sociologie.» Pour arriver à se recentrer sur le plus importe, elle pratique l’ikigai. (concept japonais qui vise à trouver sa raison d’être). Comme le dit un proverbe indien : ne laisse pas les mauvaises pensées paralyser ton esprit. Apprends-leur la danse. Cela tombe bien la danse est l’une de ses passions avec le sport et la nature.

Un parcours personnel et éclectique

Emma a eu le privilège d’avoir une enfance sans trop de soucis. Elle est née à Ambilly en Haute-Savoie, mais elle a grandi à Nice. «J’adore ma ville surtout pour le climat». Du côté de la scolarité, on est plus proche de l’effet papillon que l’élève modèle. «J’étais une élève avec des notes moyennes voire bonnes en, primaire.» L’entrée au collège jusqu’au lycée est élément perturbateur. À cette époque, il ne faut pas se fier à sa petite bouille d’ange. C’était une teigneuse qui ne fallait pas trop chercher. «Après, quand je suis entré au collège, c’est parti en cacahuète, car j’étais une rebelle dans l’âme.»

Sa jeunesse a aussi été marquée par le racisme. «J’étais complexé un peu par ma couleur de peau et mes cheveux. Il faut dire que je suis métisse» Qu’à cela ne tienne. Elle a su en faire une force pour se créer une carapace. Mais fort heureusement, elle l’a peu subi directement. «J’ai surtout été témoin à travers mes amis et mon père.» Sa mère est blanche et hôtesse de l’air. Son père lui est noir. Cette différence est vraiment significative aux yeux de la jeune femme. «Un jour, il l’accompagne à l’aéroport. Au moment d’embarquer, elle s’en va et le salut. À cet instant précis, la police intervient et le sort du véhicule pour le plaquer contre le capot de la voiture. Le tout sans justification. Ma mère voit ça et revient pour essayer de comprendre. Lorsqu’elle indique que c’est son mari, ils l’ont relâché manu-militari.»

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