La Promenade des Anglais s’est transformée en scène aérienne vendredi soir avec le plus grand ballet de drones jamais organisé en Europe. Mais l’événement a aussi déclenché une vive critique d’une partie de la société civile, qui dénonce un geste à rebours des enjeux environnementaux du sommet.
Ce vendredi 6 juin, en guise d’ouverture de la Conférence des Nations Unies sur l’Océan (UNOC), la ville de Nice a offert un spectacle lumineux inédit. 2025 drones ont dessiné dans le ciel nocturne des figures marines : dauphins, tortues, raies et navires se sont succédé pendant quinze minutes. La société bordelaise Dronisos était aux commandes.
Quelque 150 000 spectateurs étaient rassemblés sur le Quai des États-Unis. Pour la mairie, ce déploiement aérien représente un record à l’échelle européenne.
Mais à la suite du spectacle, un feu d’artifice traditionnel a été tiré au-dessus de la mer. Ce choix a immédiatement fait réagir. David Nakache, président de l’association Tous citoyens ! et membre du mouvement Viva !, dénonce : « la ville de Nice a fait tirer un feu d’artifice au-dessus de la mer […] Ce choix constitue une aberration écologique et un contresens majeur sur la protection de la biodiversité marine. […] L’événementiel avant l’écologie, un bien triste symbole. »
Mais il n’est pas le seul a avoir été interloqué par ces cinq dernières minutes de « show ». Sur les réseaux sociaux, les messages d’étonnement n’ont pas tardé à pleuvoir. « Le spectacle des drones était si beau, faire un feu d’artifice sur la mer est un non-sens pour une cérémonie d’ouverture d’un sommet qui doit débattre de la protection des océans. C’est à ne plus rien comprendre », pouvez-t-on lire sous un post du journaliste Hugo Clément. « Quel intérêt de faire un feu d’artifice au dessus d’une mer à protéger ? Ou comment continuer à faire exactement tout comme avant … Il est temps que la nouvelle génération prenne les choses en main pour essayer, vraiment, de changer les choses […] L’heure est à la sobriété et à la redéfinition de nos modes de vie, le spectacle en faisant partie », expliquait un internaute sur les réseaux sociaux de la ville.
Trois exigences pour un océan préservé
Le rassemblement ViVA! a profité de l’événement pour rappeler ses attentes à l’égard des États réunis à Nice. Premièrement il souhaite l’arrêt des subventions à la pêche industrielle, au profit d’une pêche artisanale, durable, et scientifiquement encadrée. En complément Viva! rappel l’importance de l’application concrète de l’objectif 30×30, soit la protection d’au moins 30 % des océans d’ici 2030, sans activités industrielles dans ces zones. Enfin, le collectif souhaite un moratoire mondial immédiat sur l’exploitation minière des fonds marins, au nom du principe de précaution.
Le collectif citoyen pointe également les contradictions locales. Il accuse la municipalité de promouvoir le surtourisme et d’agrandir l’aéroport, sans politique ambitieuse de transport durable.
Alors que la Conférence se veut un rendez-vous clé pour la protection des océans, la critique citoyenne entend peser sur les décisions.