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7 mai 2024

Démocratie : Pour une République européenne !

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Qu’ils soient dirigeants politiques ou citoyens, les pragmatiques n’ont pas réussi à construire une UE prospère et pleinement démocratique. L’heure est donc aux rêveurs, qui sont aujourd’hui les vrais réalistes.

europe-25.jpg Alors que la maison Europe brûle, les chefs d’Etats et de gouvernement européens négocient à huis-clos la somme qui pourrait être allouée au dégât des eaux que provoquerait l’extinction du feu. On ne peut raisonnablement pas leur reprocher d’avoir perdu le lien avec les citoyens. Comment auraient-ils pu le perdre puisqu’ils ne l’ont jamais tissé ?
De nos jours, plus aucun Etat européen ne peut régler un problème tout seul alors même que les structures institutionnelles de l’UE empêchent les solutions collectives.

Ce que nous appelons « crise » n’est autre que le reflet de cette contradiction et ce dont nous discutons, seulement ses symptômes.

Un rêve pragmatique

Cette situation déchire l’Europe. Entre les représentants politiques – qui se voient comme des pragmatiques -, les citoyens et quelques rêveurs, un abîme est un train de se creuser.

C’est aux pragmatiques que l’on doit la crise. Car ils n’ont cherché qu’à faire ce qui était « possible ». Prenons l’exemple de la monnaie unique : son principe initial a été torpillé parce que les réticences et autres états d’âmes nationaux ont empêché la mise en place d’instruments politiques nécessaires à sa gestion supranationale.

Au lieu de cela, les problèmes qui découlent de cette contradiction sont renationalisés : les dettes sont de la faute des Etats, les Etats sont forcés de fournir un effort national. Comment voudrait-on alors que ces pragmatiques qui ont provoqué la crise, la résolvent ?

Et les rêveurs? Ils étaient, et demeurent, les vrais réalistes. On leur doit d’avoir su tirer les conséquences sensées et réalistes – qui paraissaient utopiques en leur temps – des expériences du nationalisme et de la Realpolitik européenne qui avaient réduit l’Europe en cendres.

Le premier président de la Commission européenne, Walter Hallstein, un Allemand, a dit : « L’idée européenne, c’est l’abolition de la Nation ! ». Cette phrase, ni l’actuel président de la Commission ni la chancelière allemande n’oseraient la prononcer aujourd’hui. Elle reflète pourtant la vérité.

Le choix de l’avant-garde

Si on écoutait les rêveurs, on l’aurait depuis longtemps, la solution à la crise. Le rêve, cette solution, c’est la République européenne. Les régions européennes – sans perdre leurs particularités – s’y épanouiraient librement dans un cadre de droit commun, au lieu d’être rassemblées en nations concurrentes.

L’Europe dans laquelle nous vivons n’est à terme pas viable dans ses contours politico-économiques actuels, car la démocratie nationale et l’économie transnationale s’y délitent. Nous évoluons dans un espace monétaire commun mais nous agissons comme si nos économies étaient encore nationales et en concurrence nécessaire les unes avec les autres.

C’est pourquoi l’Euroland a besoin d’une démocratie transnationale, d’une République européenne aux règles politiques, économiques et sociales identiques pour tous.

La République est le nouveau projet européen. Elle prévoit d’organiser son territoire à partir d’adhésions volontaires, de construire son unité par des traités qui garantissent une paix durable. Elle se libère de l’idée de nation et construit le premier continent postnational de l’Histoire. Les Etats-Unis, sur le modèle des Etats-Unis d’Amérique, c’est rétro. L’UE, c’est l’avant-garde.

Le Conseil Européen, et par ce biais les Etats membres, exige d’exercer une autorité sur la construction européenne qui, de fait, n’existe pas, tant on fait miroiter à l’opinion publique et aux électorats nationaux l’illusion mensongère de la défense de leur souveraineté. La souveraineté nationale est l’affliction dont souffre l’Europe.

Si l’Europe évolue au sujet de l’union bancaire et de la mutualisation de la dette, alors c’est la décision commune sur les dépenses qui devra être organisée différemment.

L’Euroland, qui constituera le noyau d’une République Européenne, aura besoin d’un parlement de la zone euro doté d’un droit d’initiative, d’un droit de vote libéré des agendas nationaux et d’un cycle budgétaire indépendant des durées des mandats législatifs tout comme de compétences (au moins partielle) en matière de politique fiscale. Des eurobonds pour combler le déficit systémique de l’euro sont la perspective.

Dans la logique d’une res publica européenne, les gains de la chaîne de création de richesses à l’échelle communautaire devraient être redistribués pour trouver un équilibre économique entre centres et périphéries. Dans cette logique, et en ces temps de récession, une assurance chômage communautaire rendrait alors la transition vers un système social européen concevable.

Une appartenance positive

L’économie, la monnaie et la politique ne vont pas les unes sans les autres, et seule une politique commune à toute l’Europe et légitimée par une démocratie supranationale parviendra à prendre le pas sur l’économie. Des balances commerciales nationales strictement basées sur l’export ne sont pas une stratégie ! Surtout quand 80% du soi-disant gain à l’export d’un pays membre proviennent précisément du marché intérieur ; c’est une arnaque de la balance commerciale européenne !

Dans toute l’histoire des idées politiques depuis Platon, la res publica est de loin la notion la plus précieuse. Elle est l’argument de promotion numéro un de l’idée européenne dans un monde globalisé, et c’est autour d’elle que peut se forger un sentiment d’appartenance au « nous » européen. Dans res publica, on retrouve l’idée d’un plébiscite positif en faveur de l’organisation politique d’une communauté dont on peut déduire comme objectifs normatifs les principes de justice sociale et de bien-être général. N’oublions pas que ces principes ne coulent pas partout de source : pas aux Etats-Unis par exemple, dans la Russie autocrato-oligarchique non plus, sans parler de la Chine pré-démocratique.

La res publica, c’est ce qui définit l’Europe de manière centrale !

Personne ne peut dire aujourd’hui à quoi ressemblera cette toute nouvelle démocratie postnationale et européenne, ce projet d’avant-garde encore jamais mis en place et qui fera date dans l’histoire mondiale.

Discuter de ce projet, avec toute la fantaisie, toute la rêverie, toute la créativité dont ce continent est capable, c’est la tâche que nous nous assignons aujourd’hui sous peine de voir le projet de paix européen et son fantôme partir hanter l’Europe !

Vive la République européenne !

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