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6 mai 2024

Une deuxième crise sanitaire se profile. Le renoncement aux soins, une bombe à retardement !

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Hervé Caël, médecin de son état, relance un sujet que l’émergence sanitaire a quelque peu mis de côté.

Et oui, on est pas malade que du coronavirus!

Le virus nous frappe directement et a des conséquences indirectes également graves. En langage technique , on appelle ça, les dégâts collatéraux.


Le sujet du renoncement aux soins représente actuellement une des préoccupations majeures des médecins hospitaliers et libéraux. Si au début de l’épidémie de Covid-19 les français étaient incités à consulter uniquement en cas d’urgence, cette période doit se terminer.

Les données statistiques médicales laissent entrevoir la gravité de cette problématique :

  • Chute de la fréquentation des cabinets médicaux de ville de 40 à 70 % selon les disciplines.
  • Baisse très significative de l’activé « non Covid » dans les services d’urgences hospitaliers.

Le confinement a entrainé une baisse logique des pathologies traumatiques (accidents du travail, de sport, de loisirs …), mais aucune explication n’apparait évidente au regard de la diminution de diagnostics de maladies cardiovasculaires, neurologiques, digestives …

Par crainte d’être contaminé par le coronavirus de nombreux patients restent chez eux et diffèrent les consultations de contrôles et de suivis. L’apparition de nouveaux symptômes se trouve négligée et ne donne pas lieu à un indispensable avis médical.

L’impact de ces attitudes sur quelques jours reste négligeable. Sur plusieurs semaines, ou sur plusieurs mois, ce renoncement aux soins risque de conduire à des situations médicales extrêmement préjudiciables : Décompensation de maladies chroniques, retard de diagnostics et de prise en charge …

Face à l’incertitude de l’évolution de l’épidémie de Covid-19 la prudence doit rester de mise. Mais aujourd’hui, et particulièrement dans notre région, les capacités médicales de ville et en établissements de santé permettent de faire face à tous les scénarios possibles. Alors que les professionnels s’organisent pour permettre un indispensable accès aux soins dans des conditions de sécurité optimales nous sommes confrontés à une nouvelle embuche, la pénurie de produits d’anesthésie.

Cette problématique devient tellement critique que les autorités viennent de décider d’un nouveau mode d’approvisionnement de ces médicaments pour les hôpitaux et cliniques : Interdiction de passer directement des commandes aux laboratoires pharmaceutiques et gestion centralisée par les ARS (Agence Régionale de Santé). Ce rationnement organisé entrainera automatiquement des restrictions majeures dans la nécessaire reprise de l’activité de blocs opératoires.

En période de crise la confiance vis-à-vis des autorités représente un élément clé de l’adhésion à des décisions et des directives souvent ressenties comme des sanctions ou des entraves aux libertés individuelles. Mais il ne peut y avoir de confiance sans transparence.

L’épisode lamentable des masques est significatif en la matière. La tentative de dissimulation d’une situation de réelle pénurie de moyens de protection (pour les professionnels de santé comme pour les acteurs essentiels à la vie de la collectivité et toute la population) a conduit à une véritable cacophonie au plus haut sommet de l’Etat avec un florilège de déclarations multiples et contradictoires. A force de piétiner le discernement des citoyens des ministres se prennent les pieds dans le tapis.

Nous attendons des autorités politiques et sanitaires un langage de vérité : la tension mondiale sur des produits d’anesthésie oblige la France à différer sine die des interventions chirurgicales médicalement nécessaires. Aujourd’hui les équipes soignantes et les établissements sont pourtant en mesure de les assurer dans des circuits sécurisés hors Covid-19, tout en préservant les capacités d’accueil en cas d’évolution défavorable de l’épidémie de Coronavirus.

Les médecins prendront une nouvelle fois toutes leurs responsabilités dans cette situation exceptionnelle. Mais ils refusent d’être comptables de décisions qui ne leur incombent en aucune manière. Nous ne portons pas ici de jugement sur une situation que nous dénonçons depuis des années, le temps du bilan viendra.

Dr Hervé CAEL
Secrétaire général du Conseil régional de l’Ordre des médecins (Sud PACA)

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