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29 avril 2024

Quand le pot de terre bat le pot de fer à Nice

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« David contre Goliath version Promenade des Anglais, ce n’est pas une salade niçoise mais un élan collectif pour sauver un lieu de vie : un immeuble, et au-delà, un quartier voués à la démolition pour satisfaire les appétits mégalomanes de quelques politiciens, au prétexte d’un programme de rénovation dont les faits ont démontré qu’il n’avait aucune raison d’être ».


C’est avec ces mots clairs et simples que Laurent Rodriguez, président de l’association du Parc Trachel, que nous avions connu lors des marches et rassemblement durant la période du bras de fer contre l’administration municipale, commente et explique sa fatigue littéraire.

Et d’ajouter : « Ce récit est aussi celui d’une victoire du pot de terre contre le pot de fer. Plus concrètement, on pourrait le baptiser : comment faire reculer un projet de 70 millions d’euros en short et dans son salon. Et j’ajoute : paisiblement, sans haine ni colère. Simplement, avec la foi dans son combat, de la méthode et de la constance ».

Nice Premium : Maintenant, le casque de combattant mis de côté, revenons à votre livre. Comment avez-vous eu l’idée de l’écrire ?

Laurent Rodriguez : L’objet de ce livre ne se limite pas à raconter notre bataille. Il a pour vocation d’apporter un message fort : «ce que nous avons réussi, chacun peut y parvenir». Le « pot de fer » réputé invincible, les « puissants » présumés intouchables, ne tirent leur force que de la crainte qu’ils inspirent. Si la raison l’emporte sur la peur, si on privilégie l’action plutôt que le doute, si on se réfère à la légalité au lieu de céder à la politique, si la solidarité prend le pas sur le fatalisme, la victoire est à la portée de chacun d’entre nous.

Nice Premium : Cette bataille vous a projeté sur le devant de la scène et a fait de vous un personnage local…

Laurent Rodriguez : Au départ, pour être honnête, cela n’aurait dû être qu’une aventure secrète, intime, mais la vie, et surtout les médias, en ont décidé autrement. Pourquoi ? Sûrement parce que j’ai la naïveté de croire que chacun, en soi, possède un trésor qui, tôt ou tard, un jour, se révèle. Personne n’y échappe. Il suffit parfois d’un événement, d’une conjonction de situations, d’une évidence… Je l’ai fait et je sais par quel chemin je suis passé avec un maître mot, un credo : vivre l’instant présent, y croire et avancer. « L’art de ne pas se faire démolir » m’ont dit certains. Au fond peu importe la situation et avec qui j’ai gagné : j’ai nagé au milieu des requins. En gardant la foi.

Nice Premium : Que diriez-vous pour donner envie de vous lire…

Laurent Rodriguez : Pour vous motiver à me lire du début à la fin, je précise que mon histoire est vraie, sans fioriture, puisée dans le réel de mon existence qui a failli basculer. Je l’ai relatée de façon chronologique pour qu’elle soit compréhensible et, d’une certaine manière, exemplaire, je pourrais même dire universelle. Mais, ce que les lecteurs du journal, les spectateurs du JT de France 3, les auditeurs des radios, les voisins, les politiciens, les riverains, les journalistes, les ami(e)s ne savent pas encore, c’est comment nous avons fait reculer ce projet de 70 millions d’euros !

« Robin des Toits », le sauveur des parcs, le maçon du cœur d’une école, créateur d’un site d’entraides, colistier d’une liste aux municipales… Je me suis bien amusé durant cette année de combat mais au départ, tout a mal démarré, de façon tragique même, les dés étaient jetés… contre nous !

Nice Premium : Et, si vous deviez le résumer ?

Laurent Rodriguez : De quoi s’agissait-il ? D’un projet de démolition absurde, mais qui paraissait particulièrement bien ficelé au prétexte de rénover un quartier présumé dégradé. Et pourtant, finalement, aujourd’hui, il me semble que ce combat a été facile, sans forcer, sans rien attendre de mes ennemis. Ils m’ont prêté leurs armes (presse, médias, politique, opinion publique) et nous les avons battus.

Qui ? Ceux qui croient posséder le pouvoir de tout contrôler, qui pensent que tous les coups leur sont permis. Je leur ai montré qu’il existe quelque chose de plus fort que le « pouvoir public », l’uniforme, les diplômes, les discours et le « bla-bla », une chose plus forte que tout cela : le pouvoir du présent, ici et maintenant…

Nice Premium: il y a donc une sorte de morale dans tout ce qui s’est passé…

Laurent Rodriguez : J’ai appris que la force du « moi » rend invincible. Personne ne décide de notre vie à notre place. Je vais vous le raconter. Je me suis bien amusé à vrai dire, mais ce qui importe c’est ce que vous en retiendrez, pour vous. Une des leçons de ma vie que j’ai bien assimilée : « des personnes m’ont montré des problèmes, des chaos, des situations douloureuses, mais en réalité, ils sont simplement une source cachée d’un grand bienfait ».

Seul avec mon épouse, puis avec tout le monde. Nous, contre l’État, la Région, la Ville, l’issue semblait pourtant compromise. Devant le danger, la catastrophe, j’ai mis en œuvre avec tout le « village » d’un quartier, d’une ville, la loi du moindre effort. S’abandonner à l’instant présent. Il y avait un sens caché derrière cet événement que j’ai vécu au premier chef. Cet événement s’est présenté à moi, à ma famille, dans mon quartier, le 11 septembre 2012.

Nice Premium : Pourquoi ce livre ?

Laurent Rodriguez : Si je parle de moi, ce n’est pas pour la satisfaction de m’attribuer le premier rôle. Mon but est même précisément le contraire : je suis quelqu’un de parfaitement ordinaire, avec une famille ordinaire, même si je souhaite à tout le monde d’avoir la même. Avant cette histoire, je n’avais jamais songé ne serait-ce qu’un instant à me mettre en avant, à mener un combat, à militer, à « m’exhiber ». Ce sont les événements, et ceux qui les ont provoqués, qui ont décidé pour moi.

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